Le président Barack Obama a assuré Benjamin Netanyahu, au cours de la visite que le Premier ministre israélien vient d’effectuer à la Maison-Blanche, que les Etats-Unis soutiendront sans réserve une attaque de l´Etat hébreu contre l´Iran.
Il faut voir dans la déclaration du président américain un «feu vert» clair et sans équivoque des Etats-Unis à leur meilleur allié au monde pour faire à leur place le travail qu´eux-mêmes ne peuvent pas faire en ce moment. C´est un secret de Polichinelle que la première puissance militaire de la planète, qui décide du droit à la guerre et à la paix, ne veut pas s´aliéner l´«amitié», toute relative, qu´elle croit avoir capitalisée au Moyen-Orient sur fond de «Printemps arabe».
Netanyahu a les mains libres
Israël a donc les mains libres pour mettre en œuvre son plan de bombardement des installations nucléaires iraniennes, dont les sites ont été recensés par les satellites espions des pays de l´Alliance atlantique.
Les plus optimistes des observateurs de la scène politique régionale veulent expliquer le message du président Obama par son souci de s´assurer du soutien de la puissante Aipac, l´association phare du lobby juif américain, qui fait de la sécurité d´Israël le principal axe de l´action extérieure des Etats-Unis et choisi celui qui doit être élu à la Maison-Blanche.
Ces mêmes observateurs font valoir, en outre, que Barack Obama n´est pas George Bush et qu´il continue de croire à une solution diplomatique au problème du programme nucléaire iranien.
Ce n´est là qu´une stratégie de communication qui consiste à gagner plus de temps encore, comme ce fut le cas durant les périodes préparatoires de la première puis de la seconde guerre du Golfe. La solution diplomatique prônée par les Etats-Unis et leurs alliés de l´Otan, avec l´appui des pays arabes du Golfe, adversaires jurés du régime des mollahs, comporte des conditions qui sont formulées de manière à ce qu´elles soient rejetées par leur destinataire.
Le syndrome irakien
Ce qui est demandé aux Iraniens, ce n´est ni plus ni moins qu´une capitulation par la violation de sa souveraineté avec, en plus, une forte dose d´humiliation. Les inspections d´experts espions, on le sait, commencent toujours par les sites nucléaires et finissent par la recherche des stocks. Ce fut le cas en Irak. Pourquoi n´en serait-il pas ainsi en Iran ? Pourquoi donc les fouilles ne pourraient pas se prolonger jusque dans les locaux et les résidences des dirigeants iraniens ?
L´Iran peut-il accepter que ses voisins immédiats disposent de la bombe atomique, c´est le cas du Pakistan, allié des Etats-Unis, et pas lui ? Peut-on réellement, au-delà des discours enflammés d´Ahmadinejad et des mollahs à l´heure de la prière du vendredi, croire à la thèse véhiculée par Israël que l´Iran constitue une menace au point de «rayer l´Etat hébreu de la carte géographique» ? Une formule naïve mais qui fait recette en Europe et aux Etats-Unis et qui rappelle parfaitement celle, plus ancienne, prêtée aux pays arabes de vouloir «jeter les juifs à la mer».
Le sujet tabou de la bombe israélienne
Tout le monde sait, et sait se taire, que c´est Israël, et pas, ou pas encore, l´Iran qui dispose de la bombe atomique. Les experts de l´Agence internationale de l´énergie atomique (AIEA) avancent le chiffre d´au moins 300 missiles israéliens à charge nucléaire. Les installations nucléaires du Néguev sont les plus anciennes de la région.
Depuis 1956, Israël a commencé à développer son programme d´enrichissement de l´uranium avec l´assistance technique de la France, à l´époque engagée dans la campagne d´Egypte sur fond de la guerre d´Algérie. Depuis, la France a passé la main aux Etats-Unis, notamment depuis la «guerre des six jours» de 1967.
Le Congrès américain a voté alors une loi classant «tabou» la seule évocation de la bombe israélienne par les médias libres, les hommes politiques ou les parlementaires des Etats-Unis.
A l´inverse, grâce à ses médias aux ordres, la coalition occidentale a su focaliser toute l´attention sur la bombe iranienne et les missiles intercontinentaux de 8000 fkms, «capables d´atteindre la côte des Etats-Unis», selon le porte-parole du gouvernement israélien. Bizarre quand même lorsqu´on sait que la portée maximum des missiles F-300 de l´Otan ne dépasse pas les 3000 km, mais ça passe comme une lettre à la poste en Occident.
H. A