La Suisse a décidé mercredi 19 janvier de bloquer d’éventuels fonds illégaux appartenant à l’ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali et de son entourage dans la Confédération, a indiqué la présidente helvétique, Micheline Calmy-Rey. Par ailleurs, une plainte est en cours de dépôt en France contre la famille de l’ex-président pour « recel et blanchiment de détournement de fonds publics ». Ben Ali est soupçonné d’être à la tête d’une fortune estimée en 2008 à 5 milliards de dollars.
« La Suisse a décidé de bloquer avec effet immédiat d’éventuels fonds en Suisse de l’ex-président tunisien Ben Ali et son entourage », a expliqué à l’AFP lors d’une conférence de presse Micheline Calmy-Rey qui occupe également le poste de ministre des Affaires étrangères.
Le gouvernement helvétique a par ailleurs décidé « de bloquer les biens de ces personnes en Suisse », a-t-elle ajouté, expliquant que « par ces mesures nous désirons éviter tout risque de détournements de ces fonds avant que leur origine soit clairement déterminé. »
Au pouvoir depuis novembre 1987, Ben Ali a fui la Tunisie le 14 janvier 2011 après un moi s de révoltes populaires qui ont précipité la chute de son régime. Au cours de ses 23 ans de règne, Ben Ali et son entourage ont fait main basse sur des pans entiers de l’économie tunisienne au point où les diplomates américains les qualifient de « quasi-mafia »
Agé de 74 ans, issu d’une famille pauvre de onze enfants, Ben Ali est soupçonné d’avoir accumulé une fortune qui s’élevait en 2008 à 5 milliard de dollars selon le magazine américaine Forbes. Sa femme, Leila Trabelsi Ben Ali, a quitté la Tunisie avec 1500 lingots d’or lingots d’or (l’équivalent de 45 millions d’euros) dans les soutes d’un avion qu’elle a déposés à Dubaï où elle possède des biens.
La famille posséderait, selon Le Figaro, des biens immobiliers en Argentine, aux Emirats et en Suisse. En France, elle disposerait de plusieurs millions d’euros sur plusieurs comptes bancaires, ainsi que d’appartements dans les beaux quartiers parisiens, de propriétés en Ile-de-France d’un chalet à Courchevel et de villas sur la Côte d’Azur.
Les associations Sherpa et Transparence Internationale France spécialisées dans la dénonciation de la délinquance économique s’apprêtent à déposer, mercredi 19 janvier, une plainte devant le procureur de la République de Paris visant les délits de « recel et blanchiment de détournement de fonds publics ».
Cette démarche à laquelle s’est associée la Commission arabe des droits humains, vise à obtenir l’ouverture d’une information judiciaire aboutissant au gel des avoirs éventuellement détournés par la famille Ben Ali et situés en France, ainsi que leur restitution, « une demande urgente exprimée par le peuple tunisien », selon Me William Bourdon, président de Sherpa.
La plainte, selon Le Monde, demande que soit entrepris « un recensement exhaustif des biens (mobiliers et immobiliers) appartenant aux membres des familles Ben Ali et Trabelsi », y compris « par l’intermédiaire de prête-noms ». Les plaignants citent les informations de la presse estimant à 5 milliards de dollars la fortune des Ben Ali qui « ne serait pas le fruit des seuls salaires et émoluments perçus (…) en qualité de président de la Tunisie ».
Ayant fui la Tunisie vendredi 14 janvier, Ben Ali et une partie de sa famille sont aujourd’hui installés dans un palais à Djeddah où ils ne devraient pas y rester longtemps. Selon la radio RTL, l’ex-président déchu pourrait se voir garantir le refuge en Libye.