Blida, épicentre du séisme de la passion footballistique algérienne, Chronologie d’un jour pas comme les autres

Blida, épicentre du séisme de la passion footballistique algérienne, Chronologie d’un jour pas comme les autres
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À journée exceptionnelle, mesures exceptionnelles ! Hier, jour de foot, de passion, d’hystérie, et de qualification, l’Algérie aura vécu des moments de joie intense, de parfaite communion, de transe et d’ébullition à fur et à mesure que l’heure H approchait. Pour s’être drapée de l’emblème national et s’être ainsi parée de son plus beau costume de gala, l’Algérie, de sa vitrine côtière à ses bases-arrières sablées, fêtait ses héros avant terme, faisant passer toute autre actualité non footballistique au dernier plan.

À forts décibels, jeunes et moins jeunes faisaient trembler la terre du million et demi de martyrs sous les pieds de tout un peuple épris de sa sélection nationale et unis comme jamais sous la bannière verte, rouge et blanche dans sa mission Coupe du monde. Il fallait remonter quatre années plus tôt pour voir une aussi belle osmose entre les millions d’affiliés au Club Algérie.



L’épicentre de ces festivités enclenchées, voilà maintenant quelques jours déjà, était naturellement la ville des Roses et son stade vedette Mustapha-Tchaker, le théâtre du rêve algérien. Celui-là-même dont les murs extérieurs avaient accueilli, la veille, un bon millier d’inconditionnels des Verts pour une nuit à la belle étoile.

Plusieurs centaines d’invétérés supporters de l’EN avaient, en effet, décidé de braver le froid glacial et les pluies abondantes pour s’assurer une présence dans les gradins et pouvoir, ainsi, être de l’énorme fête populaire annoncée et assister à cette rencontre historique qui allait confirmer une quatrième présence algérienne en phase finale de Coupe du monde.

Comme d’habitude en pareille circonstance à affluence record, l’enceinte blidéenne s’avérera trop exiguë pour contenir les immenses vagues humaines qui s’y sont déferlées très tôt le matin. Mustapha-Tchaker affichait ainsi déjà complet bien avant même la mi-journée, soit presque sept heures avant le coup d’envoi prévu à 19h15.

Dès l’ouverture du stade à 8h30, et en l’espace d’une heure, les supporters avaient déjà pris place et occupé la moitié des gradins, pouvait-on constaté. Mais bien avant 13h, les portes d’accès au stade avaient été fermées et seuls les officiels et personnalités y étaient encore attendues.

Pourtant, par précaution, suivant un plan préalablement étudié et établi, les organisateurs n’avaient ouvert qu’une seule porte d’accès, “afin de permettre aux éléments de forces de sécurité de passer au peigne fin les supporters avant de les autoriser à accéder aux tribunes”.

À 10h du matin déjà, environ 10 000 supporters avaient déjà occupé leur place, défiant le froid glacial et les pluies qui s’abattaient, par intermittence, sur la ville de Blida et son stade vedette Mustapha-Tchaker.

Dans une cité des Roses paralysée par l’enjeu, une grande partie des axes routiers de la wilaya, menant ou passant à côté de la dite enceinte, ont été fermés à la circulation automobile afin de “garantir le maximum de quiétude autour de la rencontre”, avaient expliqué des éléments de la Police nationale, présents en force au niveau de différentes artères de la ville.

Mais si le flux routier a pu être maîtrisé, plus on s’approchait du stade Tchaker plus la tension montait crescendo.

Les plus impatients des supporters l’ont d’ailleurs appris à leurs dépens après une bousculade à proximité de la porte d’entrée qui a engendré une soixantaine de blessés, dont les cas les plus graves ont été acheminés en urgence vers les établissements hospitaliers les plus proches. “Nous avons dénombré 40 blessés légers dans les rangs des supporteurs, dans ces bousculades”, a d’ailleurs confirmé à l’Agence nationale algérienne, le sous-lieutenant Nassim Bernaoui de la Protection civile.

À l’intérieur même de l’enceinte, les trois cents stadiers formés par la Direction générale de la Sûreté nationale, et relevant de l’organisation nationale des associations de sauvegarde de la jeunesse, assuraient, tant bien que mal, l’encadrement et l’orientation des supporters dans les gradins.

Une galerie qui a fait exploser l’applaudimètre au moment où la troupe à Halilhodzic foula l’herbe de Tchaker pour le traditionnel échauffement. Et lorsque Bougherra, le Magic capitaine des Verts, forcera la décision à la 49e minute de jeu, Tchaker prit beaucoup plus l’aspect d’un volcan populaire que d’une simple aire de jeu.

Les quarante minutes d’angoisse, de suspense et de tension qui suivirent ressemblèrent ensuite au calme prudent qui a précédé, hier soir, une tempête de festivités aux quatre coins de l’Algérie, de Maghnia à Tébessa et d’Alger à Aïn Guezzam.

Dans les grandes métropoles, comme dans les petits villages ou les contrées les plus reculées de l’Algérie profonde, la ferveur sans limite des supporters brûlait de passion.

L’embrasement festif était total, la folie générale et la communion intégrale. C’était une journée pas comme les autres. Exceptionnellement excitante.

Bonne note pour le public de Tchaker L’hymne burkinabé respecté

Les différents appels au respect de l’hymne national burkinabé ont finalement eu un effet forcément positif sur le comportement des supporters des Verts présents hier au stade Mustapha-Tchaker.

Contrairement à ses (mauvaises) habitudes, la galerie algérienne n’a, ainsi, pas sifflé l’hymne de l’adversaire des Verts, faisant montre d’une maturité et d’un fair-play à saluer. Incontestablement.

R. B