Blida : des garderies sans normes

Blida : des garderies sans normes

L’ouverture de nouvelles crèches pour enfants est en vogue ces dernières années. Leur nombre, au niveau de Blida, est en nette croissance. En effet, de 33 crèches agréées au niveau de la wilaya l’année 2008, le nombre de ces structures a quadruplé.

Ecoles préscolaires, maternelles, crèches ce sont autant d’appellations attribuées à ces garderies sur les enseignes placardées au niveaux des étages de villas et d’appartements au niveau de certaines cités à forte concentration d’habitations. Ces établissements ont proliféré face à la forte demandes de familles dont le couple travaille et ayant pour souci premier de trouver une garderie pour leurs progénitures.

La réglementation en vigueur pour la création de telles structures stipule clairement que les locaux doivent répondre à des normes éducatives et pédagogiques pour une prise en charge de l’enfant, de même que l’agrément doit être attribué uniquement aux médecins, psychologues, psychopédagogues, sages-femmes, infirmiers, assistantes sociales, enseignants ou éducateurs qualifiés. Qu’en est-il sur le terrain de la réalité ? De prime abord du point de vue matériel et de visu, certains locaux sont loin de répondre aux critères énumérés par les textes réglementaires.

Des appartements exigus sont érigés en crèches au niveau d’immeubles dépourvus de la quiétude voulue et dans un cadre ne permettant point un épanouissement approprié. Pire encore, des garages font office de garderies où l’état des lieux est tout simplement déplorable.

Les parents d’enfants qui se sont fiés à l’affichage et la publicité se trouvent leurrés par de fausses informations « on nous a eus par une publicité erronée qui ne reflète pas la réalité, car entre l’aspect extérieur et l’intérieur de l’établissement c’est une vaste différence dans le sens négatif », explique désolée cette dame ayant confié son enfant de bas âge à une crèche au niveau du centre-ville. Une autre renchérit et mettant en exergue la mauvaise qualité de la literie, la surcharge et l’aspect désagréable des locaux. En revanche, certains parents sont peu regardants sur la qualité du cadre inadéquat dans lequel leurs enfants évoluent plus de 7 heures par jours.

Cette insouciance est due, selon un cadre de la Direction de l’action sociale, par rapport au tarif pratiqué par ces crèches puisque les prix varient d’une crèche à une autre oscillant entre 800 DA à 4000 DA /mois. Quelques crèches appliquant un barème bas ne font en pratique que détenir pour une durée déterminée l’enfant de plus avec des méthodes archaïques pour ne pas dire anti pédagogiques, autrement dit une maternité au rabais.

S’agissant de pédagogie et d’enseignement préscolaire proprement dits, c’est une autre paire de manches, bien qu’une majorité de crèches et maternités sont impeccablement implantées au niveau de villas et dans un cadre sain. Dans ce contexte, bien que la loi comme, cité ci-dessus, énumère les professionnels aptes à diriger ces «écoles», certaines personnes, ne disposant d’aucun de ces diplômes, lient un «partenariat» avec des associations à caractère culturel, pour détourner la loi en vigueur en vue d’ouvrir des crèches.

De surcroit, ses gestionnaires recrutent des éducatrices loin de disposer du niveau ou du profil requis pour n’être que faiblement rémunérées. Une manière d’agir qui se répercute inévitablement sur la prise en charge de ces bambins. Car, rationnellement, l’épanouissement de ces derniers ne devient effectif qu’avec l’apport d’un encadrement de pédagogues qualifiés et un programme bien étudié, dans le cas contraire ce n’est que pur bricolage. Le témoignage des parents illustre, dans ce sens, concrètement le niveau de ces établissements « s’agissant de l’enseignement préscolaire ou d’apprentissage, mon enfant n’a pas appris grand-chose, si ce n’est quelques bribes de chansons ou des dessins sans intérêt pédagogique», affirme un père déçu.

« Ces structures ne sont en fait que de simples garderies dépourvues d’outils pédagogiques et du personnel qualifié, autant laisser mon petit chez la voisine et à un prix plus raisonnable», s’insurge cette mère qui débourse 3 400 DA mensuellement sans aucune contrepartie ou amélioration en matière éducative.

D’autres parents évoquent, également, un chapelet d’irrégularités, de désagréments et de mauvaise qualité de la nutrition, de l’hygiène et du traitement de leurs progénitures.

Il est donc temps que les autorités concernées, la Direction de l’action sociale (DAS) qui chapeaute ses établissements en premier lieu, d’assainir un secteur qui prolifère par ces crèches qui exercent au détriment de la stabilité psychologique de l’enfant.

Mohamed Refsi