En huit mois, 600 déclarations de suspicion en 2011 relatives aux opérations de blanchiment d’argent ont été établies. Selon M.Yousfi, le blanchiment d’argent est la résultante de l’informel.
La corruption, ce fléau qui gangrène plusieurs secteurs d’activités et services, semble s’installer en Algérie comme une culture difficile à déraciner. «La corruption n’est pas propre à l’Algérie, elle existe partout. La corruption, l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent et le marché informel auxquels les pouvoirs publics doivent remédier dans la mesure où ils ne concourent nullement au développement de l’entreprise créatrice de richesses et d’emplois», a affirmé Habib Yousfi sur les ondes de la Radio nationale.
Ce dernier reconnaît, en effet, qu’il y a blanchiment d’argent car, dit-il, c’est la résultante de l’informel. L’invité de la Chaîne III, président de la Confédération générale des entreprises algériennes, a insisté sur l’urgence de prendre des mesures adéquates pour assainir l’économie nationale, gangrenée par un système qualifié d’écœurant.
Plus explicite, M.Yousfi tire la sonnette d’alarme en soulignant que le phénomène de la corruption se pose avec acuité. D’où, insiste-t-il encore, la nécessité d’agir promptement.
Et d’ajouter : «La corruption inquiète et interpelle aujourd’hui les consciences de tout le monde, le politique, l’opérateur économique et le citoyen. Notre pays a besoin de comprendre que lorsqu’on veut gagner son pain, on doit le gagner grâce à son travail. Il ne faut pas attendre le gain facile et le gagner sur le dos des autres», a-t-il estimé.
S’étalant longuement sur cette problématique, Habib Yousfi regrette le fait que la corruption a atteint un niveau élevé au point qu’elle démobilise beaucoup d’opérateurs économiques, tous secteurs confondus. Étayant ses dires, le président de la CGEA a cité l’exemple de certains opérateurs qui ne payent pas leurs redevances fiscales (taxes et charges). «Le secteur du bâtiment et travaux publics (BTPH) est miné par des transactions malhonnêtes dans l’attribution des marchés qui s’élèvent à coups de milliards. Lorsqu’il y a un appel d’offres, les cahiers des charges sont établis de manière à ce que l’honnête opérateur économique ne peut, en aucun cas, soumissionner», a-t-il dénoncé. «Il faut assainir l’environnement dans lequel évolue l’entreprise algérienne. Cela commence par la lutte contre le marché informel et la corruption», a-t-il recommandé. A la question de savoir si le patronat a fait des propositions susceptibles de juguler ce mal économique qui est la corruption, Yousfi rappelé qu’il en a été question lors des différentes rencontres tripartites. «Les gens doivent prendre conscience du mal qui touche l’ensemble du pays. Tous les services de l’État sont concernés et doivent être impliqués pour éradiquer ce fléau qui est un véritable frein pour notre économie», a-t-il souligné. Par ailleurs, le président de la CGEA a abordé le code des marchés publics qui, selon lui, sera bientôt révisé. «Le code des marchés publics doit être clair en matière de passation des marchés. Le blanchiment d’argent est la résultante de la propagation de la corruption et de l’informel. Dès lors, il est temps d’imposer un contrôle absolu sur la circulation des fonds», a-t-il conclu.
Par Y. Madi