Face à la défaite et à la défection des pouvoirs publics, l’activité informelle est venue en quelque sorte à l’appui du modèle légal (formel). L’informel, de ce fait, menace à plus d’un titre les économies mondiales.
En Algérie, les données ne différent pas trop. Le commerce informel est devenu par la force des choses « un mal récurrent.».
Preuve en est. Récemment, invité par la Radio nationale, Salah Djenouhat, secrétaire national à l’Union générale des travailleurs algériens, citant les travaux d’un expert, a déclaré qu’un million d’opérateurs ne déclarent pas leurs activités d’une manière ou d’une autre. Pas que ça.
Deborah Harrold, professeur au Bryn Mawr Collège (Colombia), a pour sa part, estimé qu’en Algérie, l’économie informelle représente les 50 % de la taille de l’économie nationale. Messaoud Abda, expert en lutte contre la fraude, quant à lui, estime que les économies informelles sont très exposées au phénomène du blanchiment d’argent, du fait de l’utilisation intensive du cash dans les transactions financières.
Lors d’une conférence sur la lutte contre le blanchiment d’argent, organisée mercredi dernier, par l’Institut des hautes études financières, ce même expert a précisé dans ce contexte qu’il ne faut pas réprimer dans une économie informelle mais plutôt intégrer cette sphère dans l’économie formelle avec des moyens incitatifs.
Aussi, il préconise pour les pays touchés par ce phénomène l’adhésion aux conventions internationales, qui leur donne le droit de poursuivre les criminels en cas de transfert des capitaux vers l’étranger. Messaoud Abda a considéré essentiel de bonifier le niveau de vie des agents des services de répression à travers une prime d’intéressement sur chaque opération de blanchiment découverte.
Pour l’Algérie, il ressort, des observations qui ont étés faites par cet expert et les financiers présents à cette conférence, qu’elle contient tous les ingrédients pour que ce phénomène prenne de l’ampleur sauf si des moyens de répression seront rigoureusement appliqués.
Il a été cité dans ce sens notamment l’utilisation pratiquement du cash dans presque toutes les transactions financières en dehors du secteur public, la circulation et la production de faux billets, ainsi que le renchérissement dans le secteur immobilier.
« L’Algérie doit s’inspirer des expériences des autres pays, qui ont connu ce fléau pour ne pas commettre les mêmes erreurs », a insisté cet expert, qui recommande de prendre ce phénomène à temps pour ne pas être gangrené comme cela a été le cas pour d’autres pays, tels que le Mexique ou la Colombie
« Le match n’est pas perdu pour l’Algérie tant qu’on sait ce qui va nous arriver, car nous avons le temps de se préparer, a-t-il soutenu. À ses dires, le blanchiment d’argent consiste à intégrer dans des circuits financiers et bancaires des sommes d’argent, dont la provenance est illégale (drogue, vente d’armes, pots de vin) pour les retirer ensuite après leur avoir donné l’apparence d’une origine licite.
Les techniques de blanchiment prennent plusieurs formes allant des plus courantes comme les spéculations immobilières, les paradis fiscaux ou les prête-noms jusqu’à la valse des transferts bancaires, qui consiste à transférer de l’argent d’une banque à une autre banque des plus renommées et chaque banque se couvre dans « la respectabilité de la banque précédente », a-t-il dit.
Les fraudeurs peuvent aussi acheter en espèces dans les commerces de détail des biens de grandes valeurs (bijoux et accessoires de marque) qu’il revendent après, presque à moitié prix, dans d’autres points de vente. L’objectif pour ces blanchisseurs n’est pas de réaliser des gains mais plutôt de blanchir leur argent, selon Messaoud Abda.
Les coûts des opérations de blanchiment, faudrait-il le noter, sont souvent compensés par la production de faux billets, qui seront introduits dans le circuit financier.