Dans la petite commune de Foughala, située à 7 km à l’ouest de Tolga, dans la wilaya de Biskra, la cueillette des dattes, fruit fétiche de toute la région, a été entamée depuis plus de deux semaines. Toute la population semble être occupée à cette pénible tâche, que pourtant les Foughalis attendent depuis déjà des mois. Selon certains producteurs de dattes, la récolte est attendue depuis la cueillette de la saison passée (sic).
Même si aussi bien les habitants que les agriculteurs reconnaissent que la récolte de l’année précédente était meilleure, n’empêche, disent-ils, que celle de cette saison est acceptable et leurs efforts ont été récompensés. L’explication donnée quant à la baisse du rendement par rapport à 2013 s’explique par la chaleur excessive, de jour comme de nuit, durant la deuxième quinzaine du mois d’août, quand bien même le palmier-dattier supporte la chaleur, mais pas de nuit, nous a expliqué Khaled Laâdjal, président de l’Association des producteurs de dattes. Et d’ajouter que d’autres facteurs viennent aussi entraver le développement de la palmeraie et de la production. Notre interlocuteur invoque la rareté des ressources hydriques, qui n’est pas un fait naturel, mais causé par l’usage abusif de la dynamite dans les stations de concassage voisines, qui nuisent aux arbres par leurs poussières et aux sources d’eau souterraines, dont certaines ont disparu.
Le président de l’association des agriculteurs producteurs de dattes est bien au courant des grands et des petits faits et de tout ce qui touche aux palmiers-dattier. Nous apprenons que dans la commune de Foughala, il y a pas moins de 16 grands producteurs exportateurs, mais qui vendent aussi à travers tout le territoire national, sachant que la production de cette année de la datte Deglet Nour à travers le territoire des trois communes (Foughala, El Hadjeb et Laghrous) est estimée à deux millions quatre cents milles quintaux, hormis les autres variétés de dattes, moins demandées par la clientèle d’une manière générale, mais leur production n’a jamais cessé, à l’exemple de Degla beida, Tantbouchte, Haloua, Ghers, etc.
Les agriculteurs rencontrés dans leurs palmeraies, qui commencent la journée de travail vers 6h du matin, n’ont pas caché leur dépit quant aux prétendues aides du ministère de l’Agriculture. Ils disent que depuis 2008, plus aucune aide ne leur a été allouée. Si, aujourd’hui, il y a une production en quantité et qualité, c’est grâce à leurs efforts et sacrifices. Cependant, nous informent nos interlocuteurs, si les relations avec la direction de l’agriculture ne sont pas des meilleures, les fellahs entretiennent de bons contacts avec d’autres partenaires, à l’exemple des différents instituts, écoles de formation et universités, puisque ces derniers envoient souvent des étudiants agronomes faire des stages pratiques à Foughala, mais aussi dépêchent leurs spécialistes et laborantins quand les fellahs leur font appel.
Présent lors de notre rencontre avec le premier responsable de l’association, Salah Salhi, un nouvau producteur de dattes, enseignant de formation, a tenu à nous renseigner et informer que la production de dattes, mais aussi l’entretien des arbres n’est pas un métier de tout repos, bien au contraire. L’agriculteur argumente en disant qu’avant la production, il y a un long travail à faire. Il explique : « C’est à partir de 5 ans que le palmier-dattier commence à porter ses fruits. Il y a tout un travail à faire pendant les quatre années qui précèdent la première récolte. Une pratique qui relève plutôt du rituel que du travail. » Et d’ajouter : « Pendant le mois de février, le jeune palmier-dattier exige de l’eau. Pendant les mois de mars, avril et mai, a lieu une opération très délicate, à savoir la pollinisation. Elle se fait à la main et trois fois de suite. Il faut grimper sur l’arbre et procéder manuellement.
Quand il y a cinq régimes par palmier et que vous posséder 100 arbres, faites le calcul vous-même… », nous dit un peu moqueur l’agriculteur. En dépit des moult difficultés, le nombre de palmiers ne cesse de grimper, et de facto, la palmeraie aussi. Le président de l’association des producteurs de dattes donne le mot de la fin, en disant que si les moyens sont plus accessibles, à l’exemple des traitements, du matériel agricole, des facilités dans les procédures d’acquisition, il est possible qu’avec l’exportation de ce produit (Deglet Nour), considéré comme le meilleur au monde, nous pourrons faire des rentrées en devises considérables et donner un coup à l’exportation, du moins dans le domaine agricole, conclut-il.