Dix-sept familles occupant des logements de fonction dans le centre spécialisé de rééducation de Birkhadem ont été expulsées hier par les services du ministère de la Solidarité sur ordre de la justice.
Ces familles s’ajoutent aux 11 autres expulsées en juin de l’année dernière du même centre.
Ces familles habitaient depuis plus de 50 ans dans le centre spécialisé de rééducation de Birkhadem. Après avoir frappé à toutes les portes dans le but de faire entendre leur voix, les 17 familles composées de plus de 150 âmes, dont des enfants en bas âge et des personnes âgées, ont organisé hier un sit-in devant le centre, au milieu d’un imposant dispositif de police déployé sur place.
Le représentant des familles, M. Amar Isli, a déclaré que «le sit-in est organisé dans le but d’attirer l’attention des hautes autorités du pays et de dénoncer le silence qui entoure le drame de ces familles».
Notre interlocuteur nous a expliqué que les faits de cette affaire remontent à 2001, quand 17 familles d’éducateurs et de hauts cadres du centre spécialisé de rééducation, rattaché au ministère de la Solidarité nationale, ont été sommées de quitter leur logement.
Il explique que c’est la sixième fois que le ministère actionne les mécanismes d’expulsion. M. Isli a indiqué que «les habitants du centre demandent qu’une enquête indépendante soit diligentée pour mettre à nu les tenants et les aboutissants de cette histoire, et que le fautif paye».
Notre interlocuteur a déclaré : «On est prêts à être relogés ailleurs, à condition que cet établissement serve à une utilité publique.» Et d’ajouter que «ces habitants n’accepteront jamais d’être expulsés d’ici pour que quelqu’un d’autre vienne s’y installer».
Selon lui, «ces expulsions viseraient à libérer le terrain pour une coopérative immobilière». Les habitants ont brandi des attestations d’attribution de ces logements délivrées par les services des Domaines datant de 1962. Un résident affirme même qu’il réside sur les lieux depuis les années 1950.
M. Isli a indiqué que les 17 familles, poursuivies en justice depuis quatre années, sont déterminées à convaincre les autorités de la légalité et de la légitimité de leur demande de cession des biens de l’Etat, conformément à la loi. Les familles affirment également qu’aucune autorité, ni le P/APC, ni le wali délégué ne sont venus s’enquérir de leur sort.
En outre, elles se disent indignées et humiliées par l’utilisation de la force lors de leur expulsion. «C’est de la hogra. Comment se fait-il qu’un ministre qui prône la solidarité nationale et la justice ose jeter des femmes et des enfants à la rue ?» s’interroge une femme sinistrée, les larmes aux yeux.
Un autre sinistré a souligné que «normalement, le P/APC doit nous défendre. Malheureusement, il ne s’en est même pas inquiété».
Slimane, un retraité du centre, a avoué qu’il aurait préféré «être mort avant pour ne pas vivre cette injustice».
De son côté, le directeur par intérim du centre spécialisé de rééducation de Birkhadem nous a affirmé qu’il ignorait tout de cette décision d’expulsion.
Mohammed Zerrouki