Deux cents personnes environ, dont des représentants de la société civile, se sont rassemblées, hier, devant le nouveau siège de la daïra de Bir El-Djir pour protester et dénoncer ce qu’elles appellent la «hogra» de l’Agence foncière, qui refuse de leur délivrer leurs actes de propriété sans le paiement d’un supplément fixé selon le nouveau prix du mètre carré, alors que la date d’acquisition des lots de terrain à bâtir, dont elles ont bénéficié, remonte aux années 1989 et 1994, et même à l’année 2000.
Pour sa part, le DG de l’Agence foncière parle d’instrumentalisation de la foule par une personne que la justice a débouté.
Sur une banderole, il est inscrit «Devant le silence de nos responsables sur le dépassement de l’Agence foncière, une délégation des représentants des habitants d’Oran-Est va se déplacer à Alger». Cette action vise à revendiquer nos droits car, à Oran, nous n’avons pas trouvé une oreille attentive. On nous endort avec des promesses depuis vingt ans.
«Lorsque nous avons acquis nos lots de terrain, nous nous sommes acquittés du prix d’achat, qui nous avait été exigé et, chaque fois, qu’on réclamait nos actes de propriété, on nous laissait entendre qu’il fallait patienter. Nous avons construit nos habitations depuis plusieurs années. Aujourd’hui, on vient nous demander de payer jusqu’à vingt mille (20.000) dinars le mètre carré. C’est purement et simplement de l’injustice. Nous ne sommes pas des bourgeois. La majorité d’entre nous sont de pauvres pères de famille à la retraite», précisent l’ensemble des propriétaires.
Certains d’entre eux ont entamé une action en justice contre l’Agence foncière et ont obtenu gain de cause. «La justice a tranché en notre faveur. J’ai perçu quarante (40) millions de centimes d’astreinte de la part de l’Agence foncière et je ne suis pas le seul», affirme un attributaire de lot de terrain.
«Malheureusement, l’Agence refuse de me délivrer l’acte de propriété, donc refuse d’exécuter une décision de justice», révèle notre interlocuteur. Il est à noter qu’il y a plus de deux mille (2.000) cas dans cette situation, uniquement dans la commune de Bir El-Djir, avons-nous appris des contestataires, lesquels s’insurgent contre la politique de deux poids deux mesures à l’exemple d’un lotissement «Moustaqbal 3» régularisé sans le paiement du supplément exigé des acquéreurs, affirment-ils.
Interrogé sur ce rassemblement, le chef de la daïra de Bir EL Djir, M. Baïche Abdelhamid, nous a déclaré : «Je ne comprends pas pourquoi ces protestataires viennent ici. Ce n’est pas un problème qui relève de la daïra, mais de l’Agence foncière dont le siège est à Es-Sénia, c’est là-bas qu’ils doivent exposer leurs cas». Pour le directeur général de l’Agence foncière, M. Nourine Khellil, consulté hier, «nous ne faisons que respecter la réglementation.
Nous ne pouvons pas gérer le foncier, à partir de la pression de la rue. Force est à la loi. Nous avons établi 80 actes pour ceux sont en situation légale. Les autres se devaient d’établir des actes notariés avec ceux qui leur ont vendu en 2ème, 3ème ou 4ème main, ou aller en justice». S’agissant de l’attroupement, notre interlocuteur dira : «C’est un certain Lazreg Kouider qui est en train d’instrumentaliser la foule.
Je vous informe qu’il y a deux décisions de justice. La première, à la demande des héritiers Fellah ordonne l’expulsion de Lazreg Kouider et le met en demeure de remettre dans son état initial le terrain, c’est-à-dire démolir la maison qu’il a bâtie. La seconde met en demeure l’Agence foncière d’établir un acte aux noms des héritiers Fellah. C’est pour cela que nous n’établissons d’actes de propriétés qu’aux noms des attributaires en situation légale.
M. Lazreg n’a aucun document et aucun dossier chez nous, et encore moins, n’a pas versé d’argent». S’agissant de M. Lazreg, ce dernier était venu, le 23 février exposer son problème, à la Rédaction, en compagnie d’un groupe de personnes habitant les ilots 11 et 20, à Bir El Djir, mais n’avait pas produit de document prouvant légalement qu’il avait acheté le terrain en question.
Dans notre article intitulé «Alors que le wali a promis de régulariser leur situation, Amalgame autour des actes de propriété à Bir El-Djir», publié le 26 mars sous le numéro 3270, nous avions relaté et rapporté les points de vue de tous les protagonistes, en page 7.
A. Bekhaïtia & Hakim Djaziri