Le premier tour de cette phase finale de la Coupe d’Afrique des nations, édition 2010, tire à sa fin. Hier, c’était les derniers matches du groupe A, où figurent l’Algérie et le pays organisateur, l’Angola.
D’ici ce soir, tous les quarts finalistes seront connus. A partir de là, il ne restera que huit matches (quarts de finale, demi-finales, troisième place et finale). Une première halte sur le déroulement de cette CAN s’impose. Au-delà des résultats sportifs, cette édition a démontré encore une fois que certains pays africains ont toujours des difficultés à organiser un événement d’une telle envergure. L’Angola, pourtant pays
substantiellement riche, a rencontré moult difficultés pour l’organisation de cette CAN, quoique le pays présente un contraste assez impressionnant. La chose politique étant toujours un invité mal aimé dans le sport, l’attaque du bus togolais par des séparatistes du Cabinda, une province angolaise du Nord, se trouvant à l’intérieur du territoire du RD Congo, qui s’est soldée par la mort de deux membres de la délégation et le retrait du Togo de la compétition, a «déstabilisé», c’est le moins que l’on puisse dire, cette édition.
Il aura fallu l’intervention du président de la Confédération africaine de football (CAF), Issa Hayatou lui-même, et des politiques pour que les autres équipes du groupe B, qui évoluent à Cabinda, en l’occurrence le Burkina Faso, le Ghana et la Côte d’Ivoire, ne se retirent pas. Certains médias internationaux sont même allés jusqu’à rappeler leurs envoyés spéciaux sur place. C’était un coup dur pour un début de compétition. Il faut dire que le gouvernement angolais a fourni énormément d’efforts pour réussir cette compétition. Le nouveau stade du 11 Novembre de Luanda, qui peut accueillir jusqu’à cinquante mille supporters, a été traité par plus d’un de chef-d’œuvre architectural. Ce n’est pas pour rien qu’il est appelé le «Nid d’oiseau africain», allusion faite au stade de Pékin qui avait accueilli les jeux Olympiques 2008.
La mauvaise pelouse du «nid d’oiseau africain»
Mais cela peut-il suffire ? A peine une semaine passée que certaines lacunes ont commencé à voir le jour. Au-delà des problèmes qu’ont rencontrés les médias dans l’exercice de leurs missions, allant de l’indisponibilité de l’outil informatique jusqu’à la difficulté de se déplacer entre les lieux d’entraînement des équipes par exemple, il y a lieu de citer certains aspects liés à la compétition en elle-même. En premier lieu, il y a l’état de la pelouse de ce stade qui fait polémique. On peut citer dans ce cas le sélectionneur algérien des Fennecs, Rabah Saadane, ou bien le joueur malien Mahmadou Diarra, qui l’ont, tous deux,critiqué.
D’ailleurs, même si aucune partie ne s’est officiellement prononcée sur la question, il paraît que plusieurs joueurs ont connu des blessures dues principalement à l’état de la pelouse. Certains observateurs se demandent même comment des matches du second tour, à savoir une rencontre des quarts de finale, une autre des demi-finales et la finale, vont avoir lieu sur ce terrain. D’ici l’ultime journée de la compétition, ça deviendra impraticable, nous dit-on. Il y a également d’autres problèmes liés à l’organisation et à la programmation. «Vous savez, l’Angola revient de loin. Le gouvernement a mobilisé énormément de moyens pour réussir cet événement. Mais, on a connu quelques retards dans l’exécution de certaines tâches. Seulement, cela ne semble pas affecter le bon déroulement de la compétition», nous a déclaré un membre du COCAN.
Le Mali rate une séance d’entraînement
Au lendemain de la rencontre entre l’Algérie et le Mali, qui s’est jouée le 14 janvier dernier, la bande à Stephen Keshi s’est présentée au stade Coqueiros, où s’entraînent également les Verts, pour une séance de «récupération». Les Maliens avaient un vol à prendre le lendemain, en direction de Cabinda, où ils allaient affronter le Malawi. A leur grande surprise, à leur arrivée au stade, vers 17 h 15, les Algériens occupaient toujours les lieux. Ils ont attendu un peu plus d’une heure, dans le bus, avant que le staff ne décide d’annuler la séance et de repartir à l’hôtel.
En d’autres circonstances, un tel «incident» se transformerait en «scandale». Tout cela renseigne sur le fait que le comité d’organisation angolais de la CAN n’était pas tout à fait «prêt» pour l’événement. Bien évidemment, il y a d’autres détails qui corroborent cette conclusion. Des travaux non encore achevés -les parkings par exemple- à l’extérieur du stade du 11 Novembre, le centre de presse de Futungo II, «aménagé» au fur et à mesure que la compétition se déroule, etc. Bien évidemment, il ne faut pas perdre de vue que le gouvernement angolais a fourni énormément d’efforts et a mobilisé beaucoup de moyens pour la réussite de cette CAN.
Mais le fait est que ce genre d’événement nécessite une organisation quasi parfaite d’autant plus que, depuis quelques années, la Coupe d’Afrique des nations est un événement planétaire, couvert par la majorité des médias du monde. La Confédération africaine de football (CAF) devrait, dans ce cas-là, être intransigeante sur le respect du cahier des charges attribué à l’organisateur. Il est vrai par ailleurs que bon nombre de pays africains sont dans l’incapacité de satisfaire ce cahier des charges. En tout état de cause, si l’on prend en considération les particularités de l’Angola, qui est sorti il y a seulement huit ans d’une guerre civile, qui avait duré une vingtaine d’années, on peut dire que cette CAN est une totale réussite. Le pays a pu, en l’espace de quelques années seulement, sortir de l’isolement.
Mais peut-on tenir compte de ces paramètres dans l’organisation de tels événements ? En tout cas, même si les pays africains font de plus en plus d’efforts pour réussir ce genre d’événements, il n’en demeure pas moins que la situation, au-delà d’un certain seuil, devient «difficile», pour ne pas dire «insupportable» pour certains qui estiment qu’il ne faut pas faire dans «l’équilibrisme» régional en termes d’attribution d’une édition de la CAN. Si l’Angola a réussi certains aspects dans l’organisation, il y a quand même beaucoup de «failles» qui ne devraient surtout pas devenir une «habitude» en Afrique…
Abdelghani Aïchoun