Bilan de l’année 2021 : les 6 “sinistres” de Hanoune

Bilan de l’année 2021 : les 6 “sinistres” de Hanoune

Louisa Hanoune, secrétaire générale du parti des travailleurs, lance son énième signal d’alarme. La trotskiste endurcie, qui a accompagné les événements marquants de l’histoire de l’Algérie indépendante, est plus que jamais inquiète pour l’avenir du pays.

Dans son rapport politique introductif présenté aujourd’hui, le 17 décembre 2021, aux travaux de la dernière session du Comité Central, Louisa Hanoune a affirmé que cette année « s’achève dans l’incertitude et l’angoisse ». L’année 2021 a été, pour la SG du PT, « l’année de tous les sinistres ».

2021, « l’année de tous les sinistres »

Pour Hanoune, l’année 2021 a été marquée par six grands sinistres. Il s’agit, selon elle, d’un « sinistre sur le plan sanitaire », lié à la pandémie, d’un « sinistre sur le plan social », traduit par une dislocation du tissu social, d’un « sinistre sur le plan économique » porté par une orientation de plus en plus « anti-sociale » du gouvernement, d’un « sinistre sur le terrain des libertés » et son lot de détenus d’opinion, d’un « sinistre universitaire », et enfin, du « sinistre des collectivités locales ».

Bien qu’elle n’a pas manqué de dresser un tableau noir sur la situation sanitaire, sur les libertés, ou sur le niveau des universités algériennes, Louisa Hanoune, comme à son habitude, a préféré s’attarder sur les dérives sociaux économiques qui menacent, dit-elle, de provoquer « un séisme de très haute magnitude porteur de tous les dangers ».

Hanoune a mis le doigt sur la plaie. Elle rappelle que depuis 2020, « les pertes d’emploi se sont poursuivies », « les prix des produits de large consommation ont flambé parfois jusqu’à 300% ». Cette situation, poursuit la SG du PT, a provoqué « l’explosion de la mendicité », « la violence urbaine », « des expressions de la décomposition sociale » et « l’explosion du drame de la Harga ».

« La faim s’installe en Algérie »

Hanoune n’hésite pas à affirmer que « 59 ans après l’indépendance, la faim s’installe en Algérie ». Elle explique que pour vivre décemment en Algérie il faut un salaire moyen de 150 000 DA. Ce constat dressé par « des experts », concerne les besoins d’une famille de 5 membres, souligne-t-elle.

« Le seuil de pauvreté pour une famille algérienne composée de 5 membres est d’environ 60 000 DA mois », affirme La secrétaire du Pari Travailliste qui va jusqu’à citer les critères de la Banque Mondiale.

Hanoune rappelle ensuite que « la majorité des salariés perçoit moins de 35 000 DA », que « le salaire moyen ne dépasse pas 42 000 DA », que « des millions de familles survivent avec moins de 20 000 DA », et que « des dizaines de milliers de salariés du filet social (AFS) surexploités dans les administrations perçoivent 5 000 DA/mois ».

Il y a pire selon Hanoune, car le taux de chômage a explosé. Elle affirme toutefois que « la Loi de Finances 2022 ne prévoit pas de création d’emploi ». Au lieu de cela, « le gouvernement s’attaque frontalement aux subventions sociales », déplore Hanoune, qui souligne qu’il s’agit d’une « véritable déclaration de guerre sociale ».

« Le gouvernement ne relancera pas l’industrie »

Alors que le premier ministre s’égosille à faire l’éloge de la relance industrielle en Algérie, Hanoune le coupe court. Elle annonce clairement que « la politique du gouvernement ne relancera pas l’industrie », mais elle va « liquider ce qu’il en reste ».

Hanoune prend pour exemple l’accord avec l’UE. Elle affirme que « le gouvernement louvoie, souffle le chaud et le froid, qu’il n’a nullement l’intention de libérer notre pays de cet accord compradore ». La SG du PT estime que « ce sont des politiques similaires qui ont provoqué sous la dictée du FMI et la BM les guerres prétendument ethniques de dislocation en Afrique ».

Hanoune a voulu toutefois terminer sur une once d’espoir, bien que toujours mélangée à des parfums de lutte. Elle souligne que « les sinistres nombreux qui ont certes accablé, meurtri, l’écrasante majorité du peuple, la répression et la descente aux enfers sur le plan social, ont en même temps aiguisé la conscience collective ».

Si au début de son rapport, elle disait que 2021 était l’année de tous les sinistres, elle termine en affirmant qu’elle a été aussi celle « des résistances et des mobilisations pour des revendications socio/économiques et démocratiques ».