Atomisation des voix, Assemblée efficiente ?
La campagne électorale s’est clôturée comme elle s’est ouverte sur fond de désaffection d’une grande partie de l’électorat à l’égard des législatives 2012. À l’heure d’un premier bilan, quelles leçons tirer de cette nouvelle course pour remporter des sièges de la future assemblée ?
Première leçon : l’état d’impréparation des partis politiques s’est révélé important au regard du timing très courts entre l’agrément des partis et le démarrage de la campagne. Au point que même les grands partis ont présenté des programmes peu consistants. Dans la quasi-totalité des cas, les formations politiques ont affiché des discours peu convaincants, du moins les thérapies proposées face aux préoccupations de la population comme l’emploi, le logement et le pouvoir d’achat demeurent en deçà des attentes. Elles sont, en un mot, guère globales.
Dans beaucoup de meetings, les propositions se résument à des promesses irréalistes. Elles sont dans leur globalité trop générales, pas adossées à des échéances, des recettes pour financer leurs solutions.
Deuxième leçon : un marketing maladroit des législatives de 2012.
En effet, les pouvoirs publics ont appelé la population à voter avec des arguments également peu convaincants. Alors que sur le terrain, l’état est absent. Insensible à la flambée des prix à la veille des élections, bureaucratie stressante, administration indifférente aux difficultés d’accès à l’emploi, au logement, au crédit bancaire, aux problèmes de mobilité dans les grandes villes (embouteillages, routes défoncées…) marginalisation des électeurs dans la gestion des collectivités locales, autant de griefs qui risquent de conduire à un taux de participation très faible. Dans un contexte de grave crise de confiance, la fonction de député a perdu l’essentiel de sa valeur aux yeux du citoyen. En effet, le parlement est perçu, aujourd’hui, à l’évidence beaucoup plus comme un applaudimètre plutôt qu’un instrument efficace de contrôle de l’action de l’Exécutif.
Troisième leçon : l’affairisme est entré en force dans cette course aux sièges de l’APN. Ce phénomène risque de transformer le parlement en relais de puissants lobbies. Dans un tel scénario, adieu, alors, aux réformes qui vont ouvrir davantage notre économie, à l’initiative privée, et encourager davantage l’entreprise de production. En tout état de cause, l’atomisation des voix résultant de cette multitude de partis pourrait ne pas favoriser l’émergence d’un parlement efficient.
Enfin, l’absence de débats contradictoires, la marginalisation des experts et des économistes dans cette confrontation d’idées, la multiplicité des messages née d’une pléthore de partis ont ancré le flou et l’image d’une parodie d’élections chez de nombreux électeurs. Beaucoup de citoyens ne sont pas dupes : le système en place, en encourageant ces dérives politiques, ne semble pas vouloir en finir avec cette logique rentière qui paralyse le pays depuis des décennies.
K. R.
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