L’année 2012 sera porteuse de multiples dangers, comme elle peut être aussi porteuse de tous les espoirs liés au dynamisme d’un pan de la société civile.
Risque économique lié à la récession mondiale et notamment à la crise de la zone euro, et ses retombées inéluctables sur notre pays, risques politiques liés à la montée de l’islamisme politique et de sa contagion régionale, risque des échéances électorales sur fond de calculs politiciens, risque d’aggravation du fossé entre les gouvernants et les gouvernés, risque de gel des institutions publiques dans une situation de mise en parenthèse de la vie politique et associative, risque d’amplification de la corruption, l’année 2012 sera porteuse de tous ces dangers, comme elle peut être aussi porteuse de tous les espoirs grâce au génie de son peuple.
Nul doute que ces interrogations hantent aussi bien les esprits de l’opinion publique de la classe politique et des observateurs les plus avertis. Les faits saillants de l’année qui s’achève auront été essentiellement imprégnés par deux événements majeurs : les bouleversements internationaux et régionaux, avec l’avènement de ce qu’il est désormais convenu de qualifier de “Printemps arabe” et la récession financière et économique structurelle qui frappe les pays occidentaux. En second lieu, les enjeux politico-économiques internes, liés aux réformes engagées, aux échéances électorales et aux luttes du sérail pour la succession et autour de la rente pétrolière. À ces deux faits marquants, il faudra ajouter l’opacité du mode de gouvernance ainsi que les dérives de gestion et d’utilisation des dépenses publiques, sur fond de scandales politico-financiers et de problèmes de corruption, révélés au grand jour par la presse nationale, et enfin, le gel quasi général des institutions, avec comme corollaire, l’instauration d’un climat délétère qui accentue la rupture entre l’État et la société. Dans ce contexte global, lourd d’interrogations et de doutes sur la conduite à tenir à court et moyen terme —– face aux défis de la mondialisation ainsi que des menaces d’ingérence extérieures de plus en plus affichées par les puissances occidentales, comme solutions à leurs crises internes —, pour répondre aux attentes sociales et booster la croissance hors hydrocarbures, en mobilisant toutes les capacités nationales sans exclusive et notamment celles du secteur privé national productif et créateur d’emplois et de richesses, tout en limitant le recours excessif à la dépense publique comme seul moteur du développement économique, l’improvisation de nos gouvernants n’incite aucunement à la sérénité et nourrit un réel sentiment de “navigation à vue”. Ainsi l’année 2012 ne semble pas se présenter sous de bons auspices notamment en termes de perspectives économiques.
En effet, selon de nombreux experts, notamment ceux qui ont animé la quatrième session du Forum d’Alger, organisé conjointement par le quotidien Liberté et le cabinet Emergy le 19 novembre dernier, il y a des risques de retournements de conjonctures dans le domaine pétrolier, couplés à un climat économique mondial empreint d’incertitudes, qui finiront fatalement par peser sur notre pays. Et de prédire “que les années 2012- 2013, marqueront le début de la fin du système économique et financier mondial actuel et l’effondrement global du système bancaire comme corollaire, qui entraînerait le plus grand choc économique que le monde ait jamais connu à ce jour”. Ces mêmes experts considèrent que “l’Algérie, bien que disposant d’importants atouts tels qu’un PIB de 160 milliards de dollars, des réserves de change de 175 milliards de dollars, d’une population jeune etc. sera inéluctablement impactée par le risque d’effondrement du prix du baril de pétrole et de l’inflation importée, liée au renchérissement des prix des produits importés de l’UE, zone avec laquelle nous réalisons l’essentiel de nos échanges”.
En vérité, près de cinquante ans après l’indépendance, l’Algérie, avec toutes les réalisations économiques et sociales qu’il faut tout de même noter et que beaucoup de pays lui envient, vit toujours sous l’emprise de la corruption. Pis encore, ce “fléau économique et financier” qui ronge en profondeur la société et les institutions étatiques, n’en finit pas de s’amplifier au fil des ans. En outre, le manque de vision stratégique dans les politiques économiques menées par le pouvoir jusqu’à présent n’ont pas permis l’émergence d’une économie hors hydrocarbures basée sur un secteur industriel générateur de valeur ajoutée et créateur d’emplois.
Ce scepticisme ambiant est-il pour autant, une fatalité que nous devons nous résigner à subir ? La société algérienne est pleine de ressorts qu’elle a eu à démontrer tout au long de son histoire.
La vitalité dont fait preuve ces dernières années la société civile à travers les revendications des syndicats autonomes, les organisations patronales, les jeunes, les journalistes, les hommes de culture… font que les lignes bougent et que le pouvoir est contraint de les prendre en considération. C’est en cela que l’année 2012 peut être aussi porteuse d’espoirs.
A. H.