La flambée des prix de l’or pousse les gens à se rabattre sur les bijoux en argent. Ces derniers sont en passe de devenir un « phénomène de mode ». Les femmes raffolent des bijoux en argent surtout avec la hausse des prix de l’or.
Nous importons ces bijoux de Turquie ou de Thaïlande, qui sont nettement moins chers que ceux de l’Italie », indique Mohamed S., un revendeur de bijoux en argent à Alger. Il explique que cet engouement est lié au prix de ces produits qu’il qualifie d’abordable et accessible. Sertis en corail, bois noble, ivoire et autres matières semi-précieuses importées d’Iran, les colliers, bracelets, bagues et pendentifs sont les plus demandés, surtout que les prix sont à la portée de toutes les bourses. Charmés par la qualité, de nombreux visiteurs, en particulier les femmes, ont exprimé leur satisfaction concernant les prix des produits proposés. Un grand nombre d’entre elles ne lésinent pas sur les moyens, estimant que l’occasion est plus que jamais propice.
Reda, la trentaine, un revendeur au nivau d’un marché informel, estime que « l’argent est un métal extrêmement intéressant qui, en plus d’être un métal précieux, est aussi un remarquable métal industriel, dont les propriétés sont absolument uniques ». Les bijoux en argent dits modernes, c’est-à-dire, selon Mimo, un vendeur dans l’Algérois, ceux portés par les actrices, font la vedette ces dernières années en raison de l’influence de l’image sur les citoyens. A ce sujet, beaucoup déplorent que le changement intervenu dans le style des bijoux en argent à la faveur de l’invasion des modèles « fashion », a fait que les plus jeunes ne s’intéressent plus à l’ancienne « fadha » (modèle des bijoux en argent), qui a inexorablement subi, au fil du temps et des modes, des transformations dans la découpe ou les colories. Dans le même sillage, l’ancienne « fadha » n’intéresse presque plus les jeunes clients, d’après un adepte de ce genre de bijoux, Mohand Akli Yahia, un retraité, qui admet garder dans son armoire d’anciens bijoux de sa maman, en souvenir du temps béni où ce véritable patrimoine régnait en maître absolu, au même titre que le haïk (voile blanc), le burnous ou le turban. Comme beaucoup d’autres, il préconise la réhabilitation de ce legs, encore capable de rivaliser avec les produits modernes. Par ailleurs, ces bijoux, tous genres et styles confondus, sont les plus vendus des produits achalandés, constate-t-on. A signaler que le gramme est cédé à 250 DA au marché parallèle, alors que chez Agenor (Agence nationale pour la distribution et la transformation de l’or et autre métal précieux), le prix du bijou en argent est fixé à 130.000 DA le kilo.
Contacté par nos soins, Youcef Nemchi, artisan de bijoux en argent, fera savoir que le produit local est « sérieusement » menacé par la tendance actuelle des bijoux en argent importé. « Ce n’est pas nouveau, chez nous, on a tendance à favoriser le produit étranger », lance-t-il dépité.
Partageant son avis, M. Ogal, un artisan exerçant à Riad El Feth, se dit navré quant à la situation actuelle du bijou en argent local. « Aujourd’hui, les gens n’achètent plus nos produits. Cela est dû à la cherté et la rareté de la matière première. Je cite à titre d’exemple le prix du bracelet qui valait l’an dernier de 10.000 DA, alors qu’il est cédé cette année à 30.000 DA. Ce qui nous oblige à ne travailler que sur commandes ».
ENGOUEMENT POUR LES BAGUES DE FIANÇAILLES EN ARGENT
Plus prisée que jamais, la bague de fiançailles en argent, alliant classicisme et modernité, attire beaucoup. « Je suis étudiante et malheureusement pour moi, mon père n’a pas la fortune de Crésus. Comme je célèbre bientôt mes noces, je n’ai pas vraiment choix. J’opte pour le bijou en argent. En plus, on croirait presque une bague en or blanc », témoigne Radia, venue avec ses deux sœurs acquérir une bague de fiançailles, avant d’ajouter : « Peu importe la matière, le modèle, la courbe et le design que l’on choisit, car l’union est sacrée ». En effet, l’argent importé concurrence le produit local. Néanmoins, il occupe une place prépondérante en Algérie.
Samira Sidhoum