Fin juillet dernier, un projet de loi a été soumis au conseil des ministres dans le but de simplifier la restitution des biens culturels à leurs pays d’origine. Ces objets avaient été pilés pendant la période coloniale. Aujourd’hui, plus de 90% des biens culturels africains sont concernés hors du continent.
Le gouvernement français a présenté mercredi 30 juillet dernier un projet de loi cadre, très attendu, visant à répondre aux demandes des pays réclamant le retour de leurs biens culturels. Ces objets ont été acquis par la force ou la coercition entre 1815 et 1972.
Si ce texte est adopté, il concrétisera une promesse faite par Emmanuel Macron à Ouagadougou en 2017. Il vise à faciliter le retrait des biens coloniaux des collections françaises. Pour rappel, le projet de loi a été présenté le 30 juillet devant le conseil des ministres.
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La France veut faciliter la restitution des biens culturels aux pays africains
Depuis le discours d’Emmanuel Macron en 2017 et la publication du rapport Felwine Sarr, la France a procédé à la restitution des œuvres d’art et de biens culturels spoliés durant la période coloniale de manière très limitée. En effet, chaque restitution nécessite l’adoption d’une loi spécifique pour que l’objet puisse sortir de la collection publique.
À ce jour, seuls 30 objets ont été restitués, dont 26 au Bénin en 2021. Cela contraste fortement avec les demandes de restitution portant sur des milliers d’objets, formulées par une dizaine de pays, dont l’Algérie. Ce projet de loi concerne les objets culturels qui auraient été acquis par le vol, le pillage, la contrainte ou encore par l’appropriation illégale.
Au Sénat français, l’attente est forte concernant la mise en place d’une méthode rigoureuse pour l’examen de ces demandes. L’objectif est d’éviter toute erreur ou controverse dans ce processus délicat.
Ces objets que l’Algérie réclame à la France
L’Algérie a soumis en mai 2024 à la France une liste « ouverte, mais déjà exhaustive » de plus d’une centaine de biens historiques et symboliques du XIXe siècle, actuellement conservés dans plusieurs institutions françaises.
Cette liste comprend majoritairement des biens appartenant à l’Émir Abdelkader. Parmi les objets réclamés figure sa tente de commandement, son sabre, son fusil, son Coran, son pistolet, sa bague et son chapelet. Cette collection est répartie entre le Musée de l’Armée aux Invalides et le Musée Condé à Chantilly.
Par ailleurs, les demandes algériennes incluent des traités et des ouvrages cruciaux pour l’histoire de la résistance algérienne face à la France coloniale. Alger réclame spécifiquement les livres de compte et l’inventaire de l’armée de l’Émir Abdelkader, le règlement imposé à ses troupes, le traité de la Tafna 1837…
La question des restes humains
Dans son dernier livre, « Le Pain des Français« , publié en avril 2025, Xavier LeClerc, écrivain fils d’immigrés, revient sur les derniers tabous de l’histoire commune entre la France et l’Algérie et évoque des restes humains conservés au sous-sol du Musée de l’Homme.
L’auteur revient sur un souvenir douloureux de son enfance, le souvenir d’une phrase lancée au seuil d’une boulangerie : « Ici, on ne vend pas le pain des Français aux bougnoules« . Dans ce roman, l’écrivain donne un visage, un nom et une voix à Zohra, une petite fille kabyle décapitée par l’armée française en 1845, et dont le crâne est toujours conservé au Musée de l’Homme.
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