« Nous attendons entre 200 et 300 personnes », prévoit Alain Algudo, vice-président de Veritas. Le palais des Congrès de Béziers accueille effectivement ce samedi, à partir de 14 h, le rassemblement annuel du comité pour le rétablissement de la vérité historique sur l’Algérie française, comme annoncé dans Midi Libre du 11 août. Après Saint-Laurent-du-Var en 2014, Veritas et les nostalgiques de l’Algérie française ne pouvaient trouver meilleure terre d’accueil que Béziers pour cette édition : voilà six mois, le maire de la ville débaptisait la rue du 19-Mars-1962.
C’est en effet la revendication première de Veritas : gommer cette date officielle du cessez-le-feu. « Nous voulons faire reconnaître la responsabilité de l’État dans les massacres qui ont suivi le 19 mars 1962, je parle du 26 mars et de la fusillade de la rue d’Isly ou du massacre du 5 juillet d’Oran, explique Alain Algudo, avant de dire toute sa reconnaissance envers le premier magistrat biterrois. L’action, les discours, les positions tranchées de Robert Ménard nous redonnent de l’espoir. Il n’est pas étonnant qu’il s’implique dans ce combat. Il a connu comme nous le désastre d’un rapatriement non-préparé. »
« Qu’on nous rende justice »
Ce samedi après-midi, les discussions se renouvelleront autour de cicatrices qui, plus d’un demi-siècle plus tard, n’arrivent toujours pas à se refermer. « Nous demandons juste de vivre en paix mais qu’on nous rende justice », poursuit le vice-président de Veritas. Robert Ménard sera invité à prendre la parole lors de ce congrès, tout comme le député Élie Aboud. Le parlementaire des Républicains s’exprimera en tant que président du groupe d’étude aux rapatriés d’Algérie. Issu d’un parti fondé sur les bases du gaullisme, il aura face à lui un auditoire et des organisateurs farouches adversaires du premier président de la Ve République qu’ils qualifient « d’auteur d’ordres criminels en abandonnant à la merci d’une conjuration armée des milliers de Français qui étaient en droit d’attendre de leur partie protection et assistance. » Une contradiction qui n’émeut pas le député : « Je viens présenter les avancées du groupe d’étude. Je réponds volontiers à cette invitation comme à celles des autres associations nationales. C’est mon rôle.
Je ne partagerai pas la tribune avec Robert Ménard car une fois mon discours prononcé, je quitterai la salle.
« En revanche, on grince évidemment des dents du côté du Collectif des organisations pour garder le nom de la rue du 19- Mars-1962 : « L’association Veritas justifie les actes terroristes de l’OAS. Avec l’appui des élus, elle tente de réhabiliter un mouvement terroriste et antirépublicain. L’OAS voulait que la guerre d’Algérie s’éternise, sans fin, avec son cortège de désastres et de victimes civiles et militaires. Faut-il rappeler que les accords d’Evian du 18 mars 1962 ont été plébiscités par 90 % des Français (…) Ces personnes d’un autre siècle heureusement révolu, ne se sont pas aperçues que le temps des colonies est terminé. Les peuples aspirent à la maîtrise de leurs destins. »
Même son de cloche du côté du PCF Biterrois : « Rappelons une fois de plus que cette association (l’OAS, NDLR) s’est opposée au moyen d’attentats (y compris dans notre ville), de crimes et de tentatives insurrectionnels avortées à la décision du peuple français d’en finir avec la guerre d’Algérie », écrit Paul Barbazange.