Betchine: « Nezzar est un malade à la personnalité déséquilibrée, qui a ordonné d’ouvrir le feu sur les manifestants

Betchine: « Nezzar est un malade à la personnalité déséquilibrée, qui a ordonné d’ouvrir le feu sur les manifestants

A1-la-guerre-des-clans-mobilise-les-reservistes-c8fca-500x333.jpgL’ancien responsable des services de renseignements dans les années 1990, le général à la retraite Mohamed Betchine a réfuté les accusations de l’ancien ministre de la défense, le général à la retraite, Khaled Nezzar, selon lesquelles il serait impliqué dans les tortures infligées aux manifestants lors des événements d’octobre 1988.

Mohamed Betchine a clamé son innocence, ajoutant que Nezzar était alors son chef hiérarchique. Il dément également, dans un entretien accordé au journal Echourouk, les propos tenus par le général Nezzar qu’il traite de « malade ». Comme il innocente l’ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, accusé d’avoir ordonné de tirer sur les manifestants du FIS-dissous.

Accusé par le général Nezzar d’avoir torturé avec le gendre de Chadli Bendjedid les manifestants des événements d’octobre 1988…Betchine récuse et indique « Il est libre de dire ce qu’il veut. Sauf qu’il doit assumer pleinement ses responsabilités, parce que ses accusations portées contre moi sont infondées et il n’a aucune justification historique. De ce fait, ces propos ne m’atteignent plus. Depuis 1988, on n’a eu de cesse de m’accuser. Nezzar tient des propos contradictoires, c’est ce qui j’ai du mal à comprendre… Tantôt il dit assumer sa responsabilité, tantôt il attribue la responsabilité à autrui. »

Prié de répondre aux affirmations de Nezzar qui dit avoir ordonné l’ouverture d’une enquête sur les événements et aurait conclu que Betchine en tant que responsable de la sécurité présidentielle, était impliqué dans les tortures exercées sur les manifestants, ce dernier souligne que « Nezzar dit n’importe quoi »…Premièrement, je n’étais pas responsable de la sécurité présidentielle comme il le prétend. En effet, feu Chadli Bendjedid m’a nommé au poste d’ « adjoint » de Nezzar, alors chargé de rétablir l’ordre à Alger. Lakhel Ayat, lui, a été nommé au poste de responsable de la direction générale de prévention et de sécurité à la place de Kasdi Merbah. Il a occupé ce poste des années durant et il était un véritable responsable et non plus un responsable sur papier comme le présente Nezzar.

Ensuite, je lui ai succédé à ce poste après ces événements. C’était le 29 octobre 1988. Le département s’appelait alors « police politique ». Je leur ai demandé pourquoi avoir choisi une telle appellation. En outre, j’ai demandé à Mouloud Hamrouche, alors chef de gouvernement, de retirer les agents des services de renseignements des institutions et des ministères et c’est ce qu’il avait fait. En quittant mon poste, Nezzar a rappelé à leurs postes les agents des services de renseignements, comme il a remis la « police politique » au devant de la scène. Ce qui renseigne de sa personnalité déséquilibrée. »

Interrogé sur les résultats de l’enquête Betchine rétorque « C’est moi qui avais ordonné d’ouvrir une enquête et non pas Nezzar. J’ai été chargé de mener l’enquête et c’était moi qui avais remis les conclusions à Chadli. J’ai remis une copie originale et détaillée au Président, et une autre au général Toufik qui était, à l’époque, responsable de la sécurité présidentielle.

A propos de Nezzar qui dit détenir des preuves sur l’implication de Betchine et d’autres, dont le gendre du président Chadli, ce dernier précise en s’interrogeant « Quelle relation puis-je nouer avec le genre de Chadli qui était wali à l’époque…je n’ai entretenu aucune relation avec lui…Ce sont des accusations extrêmement graves qu’aucun sage ne puisse prononcer. « Nezzar a perdu son raisonnement!»

Concernant Hamrouche que Nezzar avait accusé d’avoir ordonné de tirer sur les manifestants du FIS, Betchine affirme que « C’était Nezzar qui avait ordonné de tirer sur les manifestants du « FIS » et non Hamrouche…Est-il possible qu’un chef de gouvernement donne des ordres d’ouvrir le feu sur des manifestants? Ce sont des accusations qu’aucun sage ne puisse croire…La décision d’ouvrir le feu ou non sur les manifestants relève des prérogatives des militaires et non des politiques. Ceux qui ont tiré sur les manifestants ont reçu des instructions directes de Nezzar. N’a-t-il pas assumé pleinement sa responsabilité? Pourquoi il se rétracte alors ? C’est un homme malade! »

Interrogé s’il accepterait l’invitation de Nezzar à un débat télévisé,  Betchine botte en touche « Je n’ai pas envie de le rencontrer…Lorsque je leur avais proposés, en 1988, de s’asseoir autour d’une même table avec le président Chadli et tous les acteurs qui étaient en vie ils ont refusé, et maintenant que la plupart des témoins de l’époque ont disparu on m’invite à un débat télévisé ».

« Nezzar et Chadli ont refusé de dire des vérités historiques sur cette époque et mettre les choses au clair…Quant à moi, je dirai tout dans mes mémoires qui seront publiées prochainement. Je confirme que je ne recevais des ordres directs que de l’ancien président Chadli Bendjedid. »

Interrogé sur  ses mémoires, l’ancien général Betchine  répond « Oui, mais je ne suis pas pressé car leur publication nécessite du temps.

Prié de dire si c’est le général Toufik qui serait derrière sa destitution à la suite de pressions exercées sur le président Liamine Zeroual en 1998, Betchine précise « J’ai démissionné à deux reprises de ma propre volonté…la première fois, en constatant les tentatives de falsifier les données qui ne reflétaient d’ailleurs pas la réalité. Malheureusement, le rapport détaillé que j’ai remis à Chadli, en ma qualité de premier responsable de la sécurité, n’a pas été pris en compte, car ce même Nezzar qui indique m’avoir chargé d’aller à la rencontre des dirigeants du FIS-dissous « Ali Benhadj et Abassi Madani » n’a pas pris au sérieux la dangerosité des faits inclus dans le rapport.

La dernière question concerne les affirmations de Nezzar qui nie avoir proposé au feu Aït Ahmed le poste de Président, Betchine persiste et signe en affirmant que « Nezzar a proposé à Aït Ahmed le poste du Président ».