Le scénario concocté pour la Libye est-il lancé pour l’Algérie ? C’est la question qui se pose au regard d’un certain nombre de faits et de déclarations dangereuses jamais démenties.
Il y a d’abord la confidence faite à Abdeldjelil par Sarkozy (dans un an l’Algérie, dans trois l’Iran), et les frémissements dans la blogosphère dont on sait qu’elle a joué un rôle stratégique dans la déstabilisation de la Tunisie, de l’Egypte, et actuellement de la Syrie. La date est choisie, celle du 17 septembre en cours, sous l’appellation de la «journée de la colère».
Un choix applaudi par ce sombre et trouble personnage qu’est Bernard-Henri Lévy, qui, dans un entretien, publié sur un site internet, se félicite qu’elle coïncide avec l’entrée, en Algérie, de Napoléon III. L’intention est claire, avec des relents colonisateurs, quand on sait que Napoléon n’était pas venu, en Algérie, pour une visite de courtoisie.
Le journaliste Daniel R. relate, dans un article publié dans le magasine Histoire en 1991, que Napoléon III est entré en Algérie le 17 septembre 1760, et qu’il rêvait de créer un Etat juif s’étalant d’Alger à Bagdad, sous un protectorat français. Ce qui implique la disparition de la nation algérienne. Bernard-Henri Lévy avait, rappelle-t-on, fait le déplacement, il y a quelques mois, à Benghazi, pour soutenir les «insurgés» libyens contre Mouammar El Kadhafi.
Il avait, sans titre officiel ni mandat, apparu comme le conducteur de la campagne de déstabilisation qui a entraîné la chute de Kadhafi et le basculement de la Libye dans l’inconnu. On se rappelle que même le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, n’était pas briéfé. Dépassé par les événements, il avait appris par des journalistes, à Bruxelles, le degré de l’implication de son pays sur le terrain.
Il était patent alors qu’une diplomatie parallèle était en pleine manoeuvre. Les partisans libyens d’El Kadhafi avaient tenté d’utiliser le fait que Bernard-Henri Lévy soit de confession juive pour tenter de discréditer les «insurgés» libyens.
La communication de Kadhafi ne pouvait rien contre la formidable guerre médiatique lancée contre lui, par les grands médias internationaux et par les chaînes satellitaires. Bernard-Henri Levy, qui a été le porte-parole et l’ambassadeur des «insurgés», a parfaitement rempli sa mission. Et la tentative de metttre en avant sa judéité était maladroite, qaund lui-même revendique par ailleurs son statut d’agent spécial au service d’Israël.
Le philosophe Bernard-Henri Lévy souhaiterait, peut-être, venir en Algérie dans les mêmes conditions que son déplacement à Benghazi, à savoir sur un fond de conflit qui menacerait la stabilité du pays.
En tout cas, ses déclarations et son intérêt malsain pour notre pays, cette ingérence inacceptable même de la part d’un personnage qui a une sorte d’immunité induite par son statut de chargé de mission, sont préoccupants.
Pour Bernard-Henri Lévy, juif né en Algérie, à Beni Saf, le 5 novembre 1948, Ahmed El Bani, porte-parole du «ministère» de la Défense du CNT libyen, a apporté implicitement son soutien à la «journée de colère» du 17 septembre, dans une déclaration faite sur une chaîne de télévision satellitaire. Le scénario sentant clairement la manipulation est reconnu par d’autres détails, ajoutés à ce qui a précédé. En effet, des appels de «djihadistes» ont été diffusés dans des sites comme «shamikh» et «tahadi» pour le ralliement à cette journée qui se veut une «révolution» en Algérie.
Les deux sites « djihadistes» cités ont un point commun, celui d’avoir publié des messages électroniques de «djihadistes», se félicitant du double attentat suicide ayant ciblé l’académie interarmes de Cherchell et les passants, au cours du mois sacré de Ramadhan dernier. Les internautes «djihadistes»,
auteurs de cet appel sur les deux sites électroniques, sont égyptiens, tunisiens, marocains et libyens, est-il relevé. Une certaine coordination semble avoir lieu entre Bernard-Henri Lévy, qui tente de se rapprocher des auteurs de l’appel, et les «djihadistes» qui veulent que le même sort réservé à la Libye soit imposé à l’Algérie.
Par Mounir Abi