La ville présente lundi soir un show médiatique planétaire.
Vingt ans après la chute du Mur, le centre de Berlin est de nouveau divisé. Dressée à l’endroit exact où s’élevait le mur de la honte, une barrière de dominos sépare la capitale allemande. Hautes de 2,50 mètres, les 1000 stèles multicolores, toutes décorées de motifs différents, sont alignées le long des édifices les plus symboliques de Berlin : la porte de Brandebourg, le Mémorial de l’Holocauste et le Reichstag, où siège le Parlement allemand.
Le mur de dominos, qui s’étire sur un 1,5 km de la Potsdamer Platz jusqu’à la rivière Spree, doit s’écrouler lundi soir, symbolisant ainsi l’effondrement de la dictature communiste, l’ouverture démocratique et la liberté. L’ancien président polonais Lech Walesa renversera le premier domino. «J’ai le mandat de le faire, la Pologne a ce mandat, car c’est en 1980, à Gdansk, que le premier mur était tombé, au cours des grèves des chantiers navals qui ont donné naissance à Solidarité, le premier syndicat indépendant du bloc communiste, a-t-il souligné. Nous avons vaincu le communisme, et les gens en Allemagne de l’Est ont commencé à fuir via les ambassades d’autres pays. Le mur de Berlin est tombé grâce aux fugitifs. Je m’inquiétais que le leader soviétique Mikhaïl Gorbatchev décide de stopper la fuite des masses et détruise ainsi notre victoire. Le jeu était dangereux. Il est bon que Gorbatchev ait été un homme politique faible et que tout se soit bien passé.»
Les dominos en polystyrène ont été peints par des écoliers à travers le monde, notamment là où des murs divisent toujours des peuples, comme en Israël et dans les Territoires palestiniens ou à Chypre. Mais aussi par des personnalités symbolisant le combat pour la liberté et la réconciliation, comme le Sud-Africain Nelson Mandela ou le chef d’orchestre israélo-argentin, Daniel Barenboïm.
Des dizaines de milliers de Berlinois et de touristes étrangers, venus assister à la «fête de la liberté», se photographient le long de ce mur symbolique et admirent les fresques.
Lundi soir, les organisateurs attendent des centaines de milliers de spectateurs le long du parcours. Daniel Barenboïm, qui avait donné un concert pour les Allemands de l’Est il y a vingt ans à la Philharmonie de Berlin, dirigera l’ouverture des festivités à la tête de la Staatskapelle.
Obama absent
Entourée du ministre des Affaires étrangères de l’époque Hans-Dietrich Genscher, l’un des pères de la réunification, la chancelière Angela Merkel accueillera l’ex-numéro un soviétique Mikhaïl Gorbatchev, Nicolas Sarkozy, le premier ministre britannique, Gordon Brown, ou encore le président russe, Dmitri Medvedev, et le patron de la Commission européenne, José Barroso. Le grand absent sera le président américain Barack Obama, en déplacement en Asie, représenté par sa secrétaire d’État, Hillary Clinton.
«Le 9 novembre 1989 est le plus beau jour de l’histoire récente de l’Allemagne, a commenté samedi Angela Merkel. Ce jour a changé la vie de beaucoup de gens, et la mienne aussi», a ajouté la chancelière, qui a grandi en RDA et est entrée en politique dans le sillage de la chute du rideau de fer.