Berceau de la civilisation maya et territoire caribéen

Berceau de la civilisation maya et territoire caribéen

Mexique : Un tourisme d’histoire et de géographie

“Vous avez le plus beau désert du monde mais nous avons le seul musée des déserts au monde.” La phrase est d’un Mexicain, sympathique comme savent l’être ses concitoyens, un Mexicain qui connaît bien l’Algérie et qui adore le Sahara algérien. N’en doutons pas, ces mots expriment la fierté de cet homme dont le pays se distingue ainsi des autres, une fierté somme toute justifiée.

Mais il décline aussi et surtout un certain dépit, celui de l’amoureux des déserts : il n’y a qu’un seul musée des déserts au monde. Il est sans doute significatif que ce musée-là se trouve à Saltillo, dans la partie nord du Mexique. Non pas seulement parce que la géographie de la région la qualifie à abriter un tel édifice, mais, bien plus parce que le Mexique est un pays qui a énormément construit sur deux fondations capitales : son histoire et sa géographie.

C’est sur ces deux piliers que repose toute la réussite de son tourisme. Généreusement servi par son histoire préhispanique, comme par son passé récent, le Mexique a su faire des vestiges de la civilisation maya des atouts majeurs au service du tourisme. L’histoire maya et la civilisation du même nom, parfaitement assumées comme repères identitaires inaliénables et ne soulevant ni passions ni querelles intermexicaines, ont servi à étoffer la carte de visite du pays.

L’époque préhispanique continue, aujourd’hui encore, de susciter la curiosité du monde et d’attirer chercheurs et touristes. L’arrivée des conquistadors espagnols, tout aussi bien assumée, a également donné lieu à des faits, des événements et des métamorphoses qui ont laissé des empreintes et qui constituent d’autres références sur la carte de visite du Mexique. La situation géographique du pays, particulièrement sa qualité de territoire caribéen, la diversité des reliefs et des climats sont d’autres atouts décisifs pour le rayonnement planétaire de la destination Mexique. Mais de tels atouts n’auraient pas été d’une grande utilité s’ils n’étaient identifiés, mesurés et conjugués à une politique audacieuse et judicieuse. Le gouvernement mexicain l’a fait. Et le résultat ne s’est pas fait attendre : le tourisme représente aujourd’hui 31% de l’économie du Mexique. Reportage.

Les petites laines et les vestes que nous portions depuis le petit matin pour nous protéger du froid de Mexico, où nous nous trouvions trois heures auparavant, commençaient à nous indisposer dès notre descente d’avion à l’aéroport de Cancun. La piste d’atterrissage était encore tout humide, presque inondée par endroit, et de petites flaques d’eau subsistaient aux abords de la surface asphaltée. Ce samedi matin, 7 novembre, il avait plu à torrents, nous dit-on sur place. Il faisait pourtant franchement chaud.

Ainsi va le climat tropical, expliquera notre guide, qui nous attendait à la sortie de l’aérogare. Il annonce, dans la foulée, que les prévisions météo n’étaient pas réjouissantes pour nous. “Certains n’excluent pas un ouragan”, avertit-il. Plutôt inquiétant : les caprices du ciel allaient peut-être nous empêcher de voir ces longues plages au sable fin et blanc qu’on nous promettait au départ d’Alger ! Et ce bleu turquoise de la mer des Caraïbes, dont on dit qu’il est unique au monde ! Comme pour accroître notre désappointement, la pluie se remit à s’abattre abondamment, accompagnée de rafales de vent à tout rompre. Difficile, dans de telles conditions, d’apprécier le paysage tout au long du trajet vers l’hôtel où le groupe devait prendre ses quartiers.

D’un autre côté, cela tombait plutôt bien : on se dit, non sans quelque conviction, que cette tempête, même violente, est plutôt un bon prétexte pour s’offrir de longues heures de sommeil et reprendre quelques forces après l’éreintant périple Alger-Paris-Mexico-Cancun, quelque 11 500 kilomètres de vol avalés en trente-six heures, trois avions et deux escales. Sans compter les effets du décalage horaire. “À quelque chose malheur est bon.” Impuissants devant le diktat de la météo, les uns et les autres finissent par se convaincre du bien-fondé de l’adage.

Le lendemain, dimanche 8 novembre, le temps est tout aussi mauvais. Les plages de Cancun sont désertes et jonchées de détritus. Les palmiers qui les longent sont violemment et sans interruption secoués par le vent qui en arrache quelques branches qu’on peut voir tournoyer quelques instants dans les airs avant de s’écraser sur le sable inondé ou dans le flots d’une mer des Caraïbes en furie. Du coup, le sable n’est pas blanc et la mer est couleur sable. Toute la journée, les bars de l’hôtel sont pris d’assaut, ses salons archicombles et les ascenseurs constamment occupés.

Fait remarquable, du moins pour nous autres Algériens, pas une seule coupure d’électricité. Les touristes, des Américains pour la plupart, les Européens sont attendus pour les fêtes de fin d’année, n’en finissent pas de siroter leur tequila. Grâce à une qualité de service irréprochable, assurée par un personnel complètement dévoué au confort des clients, on résistait bien à l’enfermement, on l’oubliait même, et l’on ne s’ennuyait pas.

Il s’installe même, paradoxalement, une ambiance bon enfant, idéale pour sceller de nouvelles amitiés. Car, à croire que la chaleur légendaire du peuple mexicain est contagieuse, tous les touristes, quel que soit leur pays d’origine, font preuve de spontanéité et de sympathie à l’égard de l’autre. Il faut dire que dans les hôtels d’Isla Cancun, tout est fait pour mettre de la gaieté dans l’air. La tequila y est sûrement pour quelque chose, mais l’animation artistique et les spectacles de chant et de danse donnés au quotidien n’y sont pas étrangers.

Mais beaucoup ne savent rien du cataclysme qui approche. Ils sont, en effet, nombreux à adopter l’attitude du parfait touriste, celui qui, pour profiter pleinement de son jour, n’allume pas sa télé et ne lit pas les journaux. Le deuxième jour d’enfermement fut donc vécu sans trop de souci. Du moins jusqu’en fin d’après-midi. Pas plus tard, car c’est alors que la nouvelle nous parvient : l’ouragan Ida, annoncé au conditionnel par notre guide, qui avait pris le soin de ne pas le nommer pour ne pas nous effrayer, venait bel et bien de frapper. Durement. Pas à Cancun mais non loin de là. Au Salvador.

Cancun, après l’ouragan…

C’est le soir venu que le bilan provisoire de la catastrophe est décliné : quelque 50 morts et 7 000 sans abris au Salvador, 13 000 sinistrés, un millier de maisons détruites et quelque 6 000 hectares de cultures ravagées au Nicaragua. Tout n’est pas fini pour autant : les services météo du Mexique annoncent des pluies de 250 millimètres et un vent continu de 160 kilomètres/heure pour le lendemain. Du coup, le gouvernement mexicain décrète l’alerte rouge et évacue quelque 2 300 personnes des îles Holbox et Punta Allen, proches de Cancun.

Et pour cause, l’ouragan progresse vers les champs pétroliers du pays, dans le Golfe du Mexique. À ce rythme, et à en juger par sa vitesse de progression, il devrait atteindre la célèbre station balnéaire de Cancun dans les prochaines heures, avant de gagner, les jours suivants, les uns après les autres, les états américains de la Louisiane, du Mississipi, de l’Alabama et de la Floride.

Des nouvelles à emplir de désespoir les plus optimistes quant à la suite de leur séjour mexicain. Pour beaucoup, elles décrètent la fin des vacances, alors que pour les plus sensibles ou les moins courageux, elles annoncent un drame imminent. Pour tous, la nuit blanche est inévitable. Éveillé pour éveillé, autant noyer son chagrin, ou lutter contre la peur, c’est selon. Pour ce faire, rien de tel que la tequila.

Du coup, les bars mirent bien du temps à se désemplir ce soir-là. Normal : si Ida devait arriver, il vaut mieux ne pas être seul dans sa chambre. Miracle, pourtant. Plus de peur que de mal, l’ouragan tant redouté, qui fera plus de 140 morts au Salvador, selon le bilan définitif, va finalement épargner Cancun, en passant à 60 kilomètres de là.

Contrairement à celui de 1970 qui l’avait complètement dévastée, la réduisant à une île sablonneuse par ici, marécageuse par là, habitée par une tribu maya d’à peine deux ou trois centaines d’individus, réduits à vivre de pêche et de récolte de chile. Après ce terrible coup du sort, la réaction du gouvernement d’alors n’avait pas consisté en un plan Orsec ordinaire, juste bon pour reloger les sinistrés ou encore indemniser les victimes “économiques” du désastre, pêcheurs ou agriculteurs.

Décision fut prise de faire de Cancun, qui sortait d’un anonymat millénaire suite à cette catastrophe, une station touristique de standing international.

L’accès au foncier facilité, les plans d’urbanisme finalisés et étudiés dans la perspective d’un développement continu dans la région, les investisseurs privés se sont lancés dans la concrétisation d’un projet généreux dont ils étaient convaincus des retombées futures. Pour la petite histoire, un Algérien ayant émigré au Mexique dans les années 1960 est au nombre des entrepreneurs qui avaient alors cru en l’avenir de Cancun.

Il gère, aujourd’hui, à côté d’autres affaires à travers le pays, un grand hôtel de luxe. C’est ainsi que moins de 40 ans ont suffi pour transformer le rêve en réalité : en si peu de temps, cette station balnéaire a été non seulement construite mais a aussi inscrit son nom parmi les sites les plus visités du monde. Ils sont quelque 200 000 à s’y rendre chaque année.

La presqu’île, située au nord est de la péninsule de Yucatan sur la mer des Caraïbes, est divisée en deux parties : le centre-ville, où vivent quelque 100 000 habitants, avec une bonne centaine d’hôtels une étoile, ainsi classés non pas parce que les prestations y sont médiocres, mais seulement en raison de leur éloignement des plages, et la zone hôtelière, appelée Isla Cancun, bordée de plages, aux larges avenues, où les grandes marques internationales de vêtements, de parfums et autres, comme les grandes banques ou sociétés d’assurances ont pignon sur rue.

On y dénombre 99 hôtels rivalisant de luxe et de qualité de service ainsi que des maisons privées, tout aussi luxueuses. Toutes les grandes chaînes hôtelières du monde y sont présentes. Pour autant, Cancun n’a pas fini de grandir

Il suffit de sortir et de s’éloigner un peu de cette zone hôtelière pour se rendre compte que Cancun sort à peine du néant. Longeant des routes planes et rectilignes, les forêts y sont, de part et d’autre, interminables, conférant à l’endroit un décor de jungle inexplorée.

Par endroits, des engins de travaux publics sont à l’œuvre : ouverture de routes, construction d’hôtels, de restaurants, d’habitations ou de buildings destinés à recevoir les futurs sièges de sociétés internationales sont en cours. Il n’est pas rare, dès les

premiers kilomètres hors de la zone urbanisée, d’apercevoir des pancartes annonçant la mise en vente de terrains, d’immeubles ou de bâtisses. C’est le signe que Cancun va grandir.

Musées et aquariums à ciel ouvert

Cancun, c’est certes ses avenues, ses hôtels de luxe et ses longues plages de sable blanc, mais tout cela n’aurait pas suffi à faire sa renommée, à en faire une destination d’exception pour les touristes du monde entier. Sa proximité d’une multitude de sites naturels et archéologiques plaide en sa faveur. Et elle sait en tirer profit.

C’est ainsi qu’à Cancun, quel que soit l’hôtel où vous séjournez, l’on vous proposera sur place, moyennant un tarif variable en fonction du programme choisi, de faire une virée à Xcaret ou à Xel-Ha, à moins d’une centaine de kilomètres de là, ou Isla Mujeres, une île noyée dans les Caraïbes, accessible après près d’une heure de traversée.

Les trois sites sont tout à la fois des véritables musées archéologiques, des aquariums à ciel ouvert et des lieux de détente ou d’aventure pour ceux qui adorent les sports aquatiques. Ce lundi 9 novembre, le beau temps est de retour. Une armée d’agents d’entretien, à pied d’œuvre depuis le petit matin, s’affaire à nettoyer la plage de l’hôtel. Elle n’y est pas tout à fait que déjà des serviettes de baigneurs sont étalées sur le sable qui, déserté enfin par les eaux écumeuses, commence à reprendre sa couleur blanchâtre. Mais pour nous, la plage peut attendre. Après un “blocus” de 48 heures, mieux vaut se rendre dans l’un de ses endroits à cheval entre terre et mer. Ce sera Xel-Ha pour commencer.

L’omniprésence maya

À peine quelques bornes après le départ, on se rend compte qu’on est en région maya. Notre guide n’a pas besoin de nous le dire, les enseignes le disent déjà bien : Centro Maya pour un centre commercial, Casa Maya pour un grand magasin d’articles d’artisanat, Café Maya pour un bar, Ocean Maya pour une boutique d’articles de plage ou encore Mayacar pour un concessionnaire auto. Partout, la référence aux mayas est omniprésente. Il faut savoir que le Yucatan est l’un des cinq États du Mexique, avec Campeche, Tabasco, Chiapas et Quintana Roo, où l’on parle encore maya, cette langue étant aussi usitée en dehors du Mexique, notamment au Salvador, au Guatemala, au Belize et au Honduras.

Une heure a suffi pour atteindre Xel-Ha. En maya, xel signifie sel et ha eau.

L’endroit tire son nom du fait qu’il constitue le point de jonction entre l’eau douce de la rivière maya et le sel de l’eau de mer. Ici, comme à Isla Mujeres ou à Xcaret, les dauphins sont de vrais pop stars. Les grandes curiosités que sont le requin ou le jaguar rivalisent à peine avec eux. Il est permis aux visiteurs, par groupe, de jouer avec eux, sous la conduite et l’œil vigilant d’un entraîneur qualifié dont les instructions sont exécutées à la lettre par ces mastodontes marins de 250 kg. Xcaret n’est pas en reste. Dès l’entrée au parking, l’on devine que l’on se trouve dans un parc naturel. Vaste et ombragé, on aurait cru un jardin, n’étaient les bus et les voitures qui y sont stationnés.

D’une superficie de 14 kilomètres carrés, le parc naturel de Xcaret est le plus visité du Mexique, après Acapulco, avec environ 2 000 000 de visiteurs par an. On y dénombre quelque 140 espèces protégées, dont des oiseaux, des papillons et des chauves-souris.

Ici, quelque 1 600 employés sont à pied d’œuvre, chaque jour, dès 6 heures du matin et jusqu’à 22 heures. Sans compter les 50 autres personnes qui travaillent pour le compte du site, dans la zone hôtelière de Cancun, et dont la mission consiste à convaincre les touristes de se rendre à Xcaret. Le résultat est là : le parc grouille de monde. Pour autant, la calme règne. Il est vrai que l’endroit invite à la contemplation. Promenade en forêt, baignade en mer ou en rivière souterraine ou, tout simplement, quelques moments de détente, dans un silence absolu, sur quelque esplanade ou terrasse de café-bar, ne sont que quelques-unes des attractions de Xcaret. Mais la règle par ici est que la journée du touriste commence par un spectacle maya, d’environ 15 minutes, en guise d’accueil, et s’achève par un autre, long de plus de deux heures. Entre les deux, d’un endroit à un autre, des hommes et des femmes à l’accoutrement préhispanique, équipés d’objets ou d’armes d’époque, sont l’autre spectacle envoûtant.

Permanent qui plus est. En tout, ce sont quelque 300 artistes constamment en scène. Mais ici, le meilleur est pour la fin : le spectacle désigné par “la rencontre de deux mondes”. Il consiste en une représentation de l’histoire du Mexique, depuis l’ère maya jusqu’aux temps modernes, en passant par la conquête du pays par les Espagnols. Le tout reconstitué par le jeu, la danse et le chant. Un genre d’opérette, brillant de beauté et d’authenticité, exécutée sur une arène semblable à celles où était pratiqué le jeu de balle maya, le pok ta pok (la vie après la vie), à l’époque préhispanique. C’est d’ailleurs par une partie de pok ta pok que le spectacle commence.

Mais le jeu, au lieu de connaître un dénouement sanglant comme à l’époque maya (voir encadré), va laisser place à un vrai régal : une fête réunissant la diversité des couleurs, des chants et des danses de toutes les régions du Mexique.

Isla Mujeres, l’île-refuge de tous les temps

Mercredi 11 novembre : l’embarcation partie depuis Cancun a mis moins d’une heure pour accoster. À peine le temps de prendre un petit-déjeuner à bord et “l’île aux femmes” n’est déjà plus qu’à un jet de pierre. Les passagers s’empressent de gagner le pont du bateau pour admirer l’île depuis la mer. L’ambiance à bord est tellement agréable qu’on aurait voulu une traversée plus longue. Les historiens présentent Isla Mujeres comme un ancien repaire des pirates des Caraïbes et un refuge pour les persécutés. Les temps modernes en ont fait une destination prisée des grands de ce monde qui aiment bien la discrétion de l’endroit, qu’ils soient des politiques comme Tony Blair, des stars de la musique comme Maria Carey ou encore des émirs du Golfe et autres milliardaires de toute la planète. Autre temps, mœurs inchangées : île refuge hier, Isla Mujeres l’est encore aujourd’hui…

La découverte de cette île est plutôt récente. Elle remonte à cinq siècles. C’est d’ici que la conquête du Mexique par les Espagnols a commencé. C’est le navigateur Francisco Hernandez qui la nomma “l’île aux femmes” après y avoir découvert des figurines féminines en poterie. D’une superficie de près de 40 kilomètres carrés, elle dispose d’infrastructures hôtelières pour toutes les bourses, de une à cinq étoiles, de restaurants aux menus composés de spécialités mexicaines ou internationales.

Diverses attractions y sont proposées H24 et tout au long de l’année, encadrées par un personnel fort de 320 personnes. Ici aussi, la possibilité de nager avec les dauphins est offerte et l’on peut visiter un élevage de tortues. Comme Xcaret ou Xel-Ha, l’île est aussi un aquarium à ciel ouvert, donnant même aux visiteurs la possibilité de voir des requins dormeurs dans leur grotte. À Isla Mujeres, les touristes venus de Cancun pour une journée n’ont rien à regretter : le sable de Playa Norte est tout aussi blanc et tout aussi fin et n’a rien à envier à celui des plages de Cancun.

Notre guide, William, nous suit depuis trois jours.

Il connaît bien son boulot. Tout comme ses cheveux blonds et son teint clair, son prénom n’est pas très mexicain. Marié et papa de trois enfants, il est issu d’un couple mixte : père anglais, mère mexicaine. Si, au Mexique, les guides touristiques sont presque “des prophètes en leur pays”, grâce à une formation solide, William est une vraie encyclopédie du Mexique. Très bien formé comme ses pairs, exerçant en free lance, pratiquant huit langues dont le français, appris en “trois mois, trois cassettes et un livre”, il s’attaque à présent à l’apprentissage du chinois. Connaisseur du Mexique, doublé d’un vrai pédagogue, il sait d’avance ce qui peut intéresser le visiteur, en jugeant son profil et son pays d’origine. Pour l’heure, il nous recommande de nous rendre à l’extrême sud de l’île, le point le plus à l’est du territoire mexicain.

Il faut lui faire confiance. C’est ici qu’était célébré le culte rendu à Ixchel, la déesse maya de la fertilité, avant l’arrivée des conquistadors. C’est à cet endroit aussi, qu’à l’initiative d’un sculpteur mexicain, a été créé un véritable musée d’art à ciel ouvert : parquées à même le sol, quelque 25 grandes sculptures, œuvres d’artistes de différentes origines de par le monde (Mexique, Bulgarie, Allemagne, États-unis, Espagne, Égypte, etc.) côtoient le temple de la déesse de la fertilité. “Ici, c’est l’endroit du Mexique le plus proche… de l’Algérie”, plaisante William.

Ce qui ne manque pas de me suggérer une petite blague. “Pour autant, je ne pense pas que nos harragas se risqueront à faire 12 000 kilomètres en mer depuis les côtes oranaises.” L’évocation de l’Algérie signifie qu’il est temps d’achever la première partie du périple mexicain.

Vendredi 13, quoi de plus normal, est la date de nos adieux à cette belle région de Cancun. Mais le séjour dans le Yucatan va encore durer un jour de plus, le temps d’une virée à Valladolid, une ville coloniale de quelque 20 000 habitants, remarquable de propreté. Le coup est calculé : c’est de là que nous irons voir Chichen Itza, l’un des sites archéologiques les plus remarquables de tout le Mexique, à quelque 200 kilomètres de Cancun. Depuis 2007, le site est classé parmi les Sept nouvelles merveilles du monde. Capitale de la civilisation maya, Chichen Itza est déclaré patrimoine de l’Humanité depuis 1988. Ce véritable complexe architectural est composé de nombreux édifices, dont la pyramide de Kukulcan qui constitue l’image emblématique de cette cité antique.

Le choix de l’endroit pour la construction d’un tel édifice n’est pas fortuit. Chaque année, entre le 20 et le 22 mars, période dite de l’équinoxe, les rayons de soleil projettent sur la pyramide la silhouette lumineuse d’un énorme serpent qui se termine, au bas des gradins, par une grosse tête de reptile en pierre pour compléter l’image. Ce spectacle à lui seul attire des milliers de visiteurs. Tout comme l’Observatoire érigé non de la, la pyramide de Chichen Itza témoigne des connaissances scientifiques, et notamment astronomiques, des Mayas.

Plus que la taille de la pyramide, c’est sa position étonnamment précise par rapport au soleil et à la lune qui, semble-t-il, a plaidé en sa faveur lors de l’élection des Sept nouvelles merveilles du monde. Ici, on peut voir un terrain de jeu de balle en grandeur nature.

De bout en bout dans la péninsule du Yucatan, la civilisation maya reste présente, dopant un tourisme florissant qui le lui rend bien : elle revit plus que jamais, malgré le déclin qu’elle a connu.

Saïd Chekri