L’affaire Michelin, une affaire d’Etat! Le ministre de l’Industrie Amara Benyounès, a encore une fois affirmé la détermination du gouvernement d’user de son droit de préemption dans cette affaire.
En effet, en marge du forum d’affaires algéro-italien organisé à Alger, Amara Benyounès a estimé que l’entreprise française a outrepassé ses droits en bradant l’usine de pneumatiques. «Dans cette affaire, Michelin a non seulement vendu l’usine en-deçà de son prix réel, mais l’entreprise a aussi cessé l’activité et mis les travailleurs au chômage», a affirmé avec colère le ministre de l’Industrie. Cette nouvelle sortie de Amar Benyounès vient ainsi conforter la position du gouvernement dans le bradage de cette usine qui a mis des centaines de travailleurs au chômage. Le gouvernement ne reculera pas! M.Benyounès a également profité de ce forum pour réfuter les arguments donnés par l’acquéreur, à savoir le groupe Cevital, qui a pris possession de 67% des parts de Michelin pour 1,7 milliard de dinars. «Il n’est pas concerné par le recours au droit de préemption, puisque dans ce genre d’affaires, c’est le vendeur et non l’acheteur qui est mis en cause», a fait remarquer M.Benyounès. «Nous n’avons rien contre Rebrab», a-t-il tenu à souligner. «Ce que nous voulons, c’est faire annuler une transaction non conforme à la réglementation et faire respecter la légitimité du recours de l’Etat algérien au droit de préemption», a t-il expliqué de façon claire et nette. Il faut savoir que l’exercice par l’Etat du droit de préemption a été introduit en 2009 par la loi de finances complémentaire (LFC 2009), qui prévoit que l’Etat ainsi que les entreprises publiques économiques disposent d’un droit de préemption sur toutes les cessions de participation des actionnaires étrangers ou au profit d’actionnaires étrangers. Par ailleurs, Amara Benyounès a tenu à préciser que l’Etat algérien «renonce à user de son droit de préemption lorsque les transactions opérées par les investisseurs étrangers ne menacent pas la pérennité de l’activité et ne se font pas en-deçà de la valeur des entreprises vendues.» Une façon voilée de dire que cette transaction était une grande arnaque! Il faut dire que cette acquisition a été un choc pour les travailleurs de cette usine qui sont menacés de se retrouver au chômage à cause de la cession d’activité décidée par le repreneur. Mécontents et se sentant trahis, les travailleurs de Michelin s’étaient remis au Premier magistrat du pays auquel ils ont adressé une missive où ils expliquent le «deal» entre Cevital et Michelin. Les travailleurs affirment qu’en s’associant avec Cevital, Michelin voulait trouver une issue de sortie sans de trop grands dégâts.Pour les travailleurs, le deal est donc clair: «Michelin a trouvé en Cevital une caution idéale pour la fermeture de son usine.» Mais pour quelle contrepartie? Les travailleurs assurent que Cevital rachètera le site de Bachdjarrah dont la superficie dépasse 28 hectares. «Issaâd Rebrab saute sur cette affaire du siècle, en rachetant le site Michelin Algérie à un prix plus que dérisoire, en contrepartie, Cevital s’engagera à l’aider à quitter l’Algérie avec l’aval des autorités.» «Si Michelin veulent quitter l’Algérie, qu’ils la quittent (…) et si leur intention est de trouver un partenaire, qu’ils trouvent un autre que Rebrab qui veut prendre le terrain pour en faire un dépôt pour la distribution de ses sucreries…», réclamaient les travailleurs. «Voilà donc que la grande affaire » encore une fois imaginée par Rebrab, ne passera pas cette fois…L’Etat est là pour le torpiller et préservé cette usine et surtout les emplois des travailleurs…»