Bensaoula «On a sacrifié Saâdane»

Bensaoula «On a sacrifié Saâdane»
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> «Et les responsables de notre football continueront-ils à commettre des erreurs sans qu’on leur demande des comptes ?»

– Tout d’abord, votre absence de la scène footballistique ces dernières années à quoi est-elle liée ?

– D’abord, je dirais bonjour à tous les sportifs d’Algérie en général, et aux footballeurs en particulier. Néanmoins, dans le football, il faut savoir prendre du recul parfois, réfléchir, faire des analyses et se remettre en question, sinon, entre-temps, j’ai une activité en France qui m’oblige à rester loin de ma famille, parfois jusqu’à un mois, et, récemment, j’ai pris les destinées techniques du CRT. Actuellement, on est en pleine période de préparation. Et comme on est un peu en retard, on essaye de multiplier les matches amicaux afin d’élever le niveau physique de nos joueurs.

– Entrons dans le vif du sujet, l’actualité ces derniers jours a été marquée par le retrait de Rabah Saâdane. De loin, quelle lecture faites-vous de ces événements qui ont secoué l’EN ?

– Pour ce qui de la démission de Rabah Saâdane, une question se pose : est-elle venue au bon moment ou intervient-elle un peu en retard ? Dans tout ça, il faut voir ce qu’il y a derrière Rabah Saâdane, les gens qui sont derrière lui doivent faire leur autocritique.

Saâdane n’est pas à blâmer. Franchement, je déplore les incidents qui ont émaillé le match face à la Tanzanie et par respect à sa personne, il n’y avait pas lieu de faire tout ce tintamarre, on aurait pu facilement éviter ces événements malheureux et déplorables.

– Mais la colère du public est justifiée par l’attitude de Saâdane qui s’accrochait à son poste alors que le changement était devenu inéluctable ?

– Le principal problème de l’EN réside dans l’absence d’un créateur de jeu. Par ailleurs, le jeu que développe notre sélection n’est pas assez fluide, sinon, je ne vois pas l’utilité de ramener des joueurs professionnels qui ne sont pas titulaires dans leurs clubs.

A leur place, on mettrait éventuellement des éléments du cru, nous avons des clubs qui représentent dignement l’Algérie dans les compétitions internationales, tels que la JSK, l’ESS ou le CRB, ce qui fait qu’on peut puiser de ces clubs des éléments qui méritent de figurer en sélection nationale.

– Le débat actuellement en Algérie tourne sur la non-utilisation des joueurs locaux en sélection. Ce phénomène, comment vous l’interprétez ?

– Quand on valorise un joueur à un ou deux milliards près et qu’il n’est pas en sélection, soit ce dernier est surévalué, soit le dirigeant n’est pas compétent en la matière, et il y a du louche, automatiquement on s’interroge sur les raisons de la marginalisation du joueur du cru.

– Y a-t-il des joueurs locaux qui mériteraient d’être en sélection nationale ?

– A mon avis oui, prétendre qu’il n’existe pas en Algérie des joueurs sélectionnables ce serait rendre négative la politique de travail dans les clubs, à moins qu’il n’ait pas de ….politique en ce qui concerne notre sport en général et notre football en particulier.

Pour être plus explicite, à travers la politique actuelle de notre football, on ne choisit que des joueurs venus d’ailleurs, cela veut dire qu’on a des entraîneurs chez nous qui sont tous incompétents, ça veut dire aussi qu’on n’a des clubs dignes de ce nom. En quelque sorte, on est tombés dans le négativisme, et le constat est grave.

– Quand Saâdane déclarait avant la Coupe du monde : «Je n’ai pas le temps pour faire apprendre le football aux joueurs locaux», n’assimilez-vous pas cette déclaration à une insulte contre le produit local ?

– C’est une insulte, et en outre, une contradiction. Arriver à évoluer en première division, je pense qu’on n’a rien à apprendre au joueur algérien. Cependant, sur le plan tactique, oui il y a beaucoup de choses à apprendre et peut-être sur le mental aussi, mais de là à dire que le joueur local est nul, franchement, je trouve que c’est un peu maladroit que de le dire, car ce dernier mérite un peu plus de considération, rien que pour le métier qu’il exerce.

– Tedj, selon vous, quel doit être le profil du nouvel entraîneur national ?

– Maintenant c’est un choix qu’il faut opérer dans les plus brefs délais (il marque un temps d’arrêt puis reprend). Je pense qu’on a des entraîneurs ici en Algérie auxquels il faut faire confiance, c’est une question de sensibilité et de feeling, mais je tiens à ajouter une chose importante…

– Allez- y…

– Il nous faut des dirigeants qui ne doivent pas se tromper, parce qu’ils se sont trompés quand même en recrutant trois ou quatre entraîneurs étrangers dans un passé récent, qui n’ont rien apporté à l’EN.

Donc, ces gens-là ont fait de mauvais choix et par conséquent, si cela se répéterait, ils doivent payer. Pourquoi ? Car, c’est facile pour eux de sacrifier un entraîneur alors qu’ils continuent à faire des erreurs sans qu’on leur demande des comptes. Il faut associer la responsabilité des uns et des autres.

– Sachant que vous avez toujours fait partie du staff de Rabah Madjer, alors qu’il ne cesse de crier haut et fort sa volonté de reprendre les destinées techniques de l’EN, on se rend compte au fil du temps que les portes se sont refermées pour lui ?

– Pour Rabah Madjer c’est clair, en Algérie il y a des personnes qui ne l’aiment pas et cela par jalousie, parce qu’il a réussi dans sa vie et puis, un constat s’impose : toute la génération de 1982 est marginalisée.

A ces personnes, je dirais qu’elles ne peuvent malheureusement pas effacer l’histoire et à l’actuelle ou future génération de faire comme nous si ce n’est mieux.

– Votre génération a gagné des matches en… Coupe du monde ?

– Ce n’est pas donné entre nous, il faut le faire le fait de gagner un match en Coupe du monde, et pour le faire, il faut avoir beaucoup de talent.

– Etes-vous toujours en contact avec Madjer ?

– On n’a jamais rompu le contact. Avant le début du mois de Ramadhan, il a passé quelques jours à Alger et de temps en temps on s’appelait, chacun de nous est au courant des activités de l’autre.

– …Et puis quoi encore ?

– On attend avec impatience de voir les décisions qui seront prises concernant l’EN d’ici là.

– Récemment, on a prétendu que durant les années 1980, les internationaux se dopaient, conséquence de cela, la plupart d’entre eux ont eu des enfants malades, c’est vrai ?

– El Hamdoulilah, j’ai des enfants sains de corps et d’esprit, j’ai même un petit qui joue au football et la petite qui fait de la gymnastique. Toute ma famille est en bonne santé, le cas ne se pose pas, d’ailleurs, je prends l’engagement personnel que jamais, au grand jamais pendant la période où j’étais en équipe nationale on a pris des produits dopants.

– C’était une équipe talentueuse et c’est tout…

– Absolument. Cette rumeur est propagée dans le but de discréditer notre génération qui inscrivit en lettres d’or l’histoire de notre football n’en déplaise à certains jaloux.