Jean-Pierre Raffarin, le « Monsieur Algérie » dépêché par le président français Sarkozy pour contribuer à la concrétisation de projets économiques est reparti avec la conviction d’avoir accompli la moitié de sa mission. La dizaine de dossiers en cours d’examen et de finalisation ne sont pas de même nature et demandent du temps, comme c’est le cas du projet avec Total. Jean Pierre Raffarin doit revenir le 30 mai prochain, et, les principaux dossiers devraient être finalisés d’ici à juillet 2011.
Il faut savoir que les chantiers économiques en cours de réalisation sont à inscrire dans un accord cadre signé en 2007 par les présidents de la République des deux pays. Cet accord cadre expire en juillet 2011, mais rien n’interdit qu’il puisse y avoir une rallonge comme on semble, d’ores et déjà, le pressentir pour le dossier Total. Ce n’est pas une mince affaire car il s’agit d’un investissement d’environ 5 milliards d’euros.
Ce projet structurant consiste en la construction et l’exploitation d’un vapocraqueur par Total et la compagnie algérienne Sonatrach. Interrogé sur la question de savoir s’il ne se posait pas un problème juridique compte tenu notamment de la règle 51%49 applicable au partenaire étranger, le ministre de l’Industrie M.Benmeradi, interface algérien de l’envoyé spécial français, a été catégorique : il n’y a pas de problème. Alger étant disposé, comme dans le cas de la joint venture avec Alsthom (49%) à céder le management au partenaire étranger.
Sur aucun dossier en cours de traitement en ateliers, les deux parties n’ont montré de divergences. Pour Lafarge, qui n’est pas un groupe indésirable en Algérie contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’extension des capacités de production des cimenteries existantes et la création d’une nouvelle usine sont à l’étude. On a compris que la partie algérienne a couplé ce dossier avec celui du groupe cimentier public GICA et ses 16 filiales, pour des objectifs qui n’ont pas filtré des salles de réunions. A priori, les besoins en ciment sont tels que chacun devrait y trouver son compte pour peu que les modalités mutuellement avantageuses soient dégagées.
Paroles et engagements officiels
Pour le métro d’Alger, un contentieux relatif à des factures a été réglé en partie. Un médiateur a été désigné. Les chefs des deux délégations, M.M.Raffarin et Benmeradi sont très optimistes. Il sera opérationnel d’ici la fin 2011
Dans le domaine pharmaceutique, une convention signée avec l’Andi (Agence nationale de développement des investissements), va permettre à Sanofi-Aventis Algérie de renforcer son implantation dans le pays avec une troisième unité de production de médicaments et un centre de stockage dans la ville nouvelle de Sidi-Abdallah. Cet investissement est considéré comme une extension d’activité, le laboratoire pharmaceutique peut être propriétaire à 100%, comme pour ses deux autres unités de production. Le projet d’usine de montage de véhicules Renault qui a fait couler beaucoup d’encre serait en passe d’aboutir. Le ton et l’assurance de M.Benmeradi, devant son partenaire M.Raffarin, augure d’un certain progrès dans les négociations. De nombreuses entreprises nationales de sous-traitance sont capables de participer à la fabrication de véhicules en Algérie dans le cadre de projets de partenariat comme celui du groupe français Renault, a affirmé le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, Mohamed Benmeradi. « Nous avons des possibilités dans le verre, le pneumatique, la plasturgie et dans beaucoup d’autre domaines ». Pour le projet Renault, le ministre table sur un taux d’intégration de 50% pour une production de 100 000 véhicules, de gammes diverses. Les discussions avancent bien, a dit M.Benmeradi, lors d’un point de presse commun avec l’envoyé spécial français, M. Jean-Pierre Raffarin. En même temps, M.Benmeradi n’a pas exclut que l’Algérie puisse développer un autre projet automobile avec un autre partenaire, qu’il n’a pas cité mais dont on peut deviner qu’il pourrait s’agir de l’allemand Volkswagen.
2,28 millions d’euros pour la filière « lait »
Les discussions ont été beaucoup plus concluantes dans la filière « lait » puisqu’un accord de coopération pour développer cette filière a été signé à Alger entre l’institut technique d’élevage (ITE) et le groupe français « Bretagne international ». Cet accord d’un montant de 2,28 millions d’euros, qui intervient à l’occasion de cette seconde visite de l’envoyé spécial du président Sarkozy, porte notamment sur la formation des intervenants dans le processus de production de lait, en particulier les éleveurs. Étalé sur trois ans, l’accord consiste dans une première phase à former des éleveurs dans trois wilayas (Blida, Relizane et Souk Ahras) sur les techniques d’élevage et de production de lait. Dans une seconde phase, il s’agira de nouer des partenariats entre des entreprises spécialisées françaises et algériennes.
L’Algérie ne produit que 1,3 milliard de litres pour une consommation plus de 3,3 milliards de litres de lait par an.
Sur l’ensemble de ces dossiers économiques, l’objectif stratégique est de parvenir à la création de plus de 20.000 emplois. Toutefois, un dossier ne semble pas progresser, celui de la reprise de l’usine de verre Alver d’Oran par Saint Gobain. Les deux parties sont muettes sur le sujet. Le désaccord porterait toujours sur le prix de cession de cette usine, prix jugé trop bas par le partenaire social de cette usine.
Coté français, on ne sait pas s’il y a eu une nouvelle proposition. En tous cas, on ne semble pas prêt à renoncer à ce projet. Tous les ateliers concernés par ces dossiers ont encore devant eux environ un trimestre pour parvenir à des résultats. Le point culminant de ces échanges sera, le 31 mai prochain, un grand forum des PME. Autrement dit, de nouvelles perspectives bilatérales pourront être encore dégagées.