Benmeradi : “J’ai proposé l’amnistie fiscale pour les agences de voyages du Sud”

Benmeradi : “J’ai proposé l’amnistie fiscale pour les agences de voyages du Sud”

La plupart des participants au Salon international du tourisme et des voyages (Sitev), qui se déroule actuellement au Palais des expositions des Pins-Maritimes, s’accordent à dire que l’édition 2013 a raté le coche. Et pour cause : son organisateur, en l’occurrence le ministère du Tourisme et de l’Artisanat via son organe de promotion l’Office national du tourisme a adopté le slogan “Le tourisme interne, une priorité nationale”, alors que les offres mises en exergue ne concernent, à quelques exceptions près, que l’étranger en plus du hadj et de la omra.

“C’est justement l’occasion pour renverser la vapeur”, argumentera Mohamed Benmeradi, ministre en charge du secteur du Tourisme et de l’Artisanat, tout autant que Hadj Saïd, secrétaire d’État au Tourisme. Tout deux en conférence de presse qui a suivi l’inauguration de la manifestation ont défendu, bec et ongles, l’idée qu’il existe une réelle volonté de vouloir construire une destination touristique algérienne. Les agences de voyages, notamment celles de Djanet et de Tamanrasset (80 agences), ne demandent qu’à le croire sans y parvenir vraiment.



Depuis voilà plus de deux ans qu’ils se plaignent de moult difficultés sans trouver une oreille attentive. Les choses vont de mal en pis jusqu’à atteindre un seuil critique mettant à mal le seul vrai business dont vivent ces populations. En désespoir de cause de parvenir à une solution avec leur tutelle, une missive, dont nous détenons une copie, a été adressée récemment à Abdelmalek Sellal en sa qualité de Premier ministre. Interpellé sur la question, M. Benmeradi explique que “le dialogue n’a jamais été rompu avec ces agences de voyages et nous avons été sensibles à leurs doléances. Pour cela, nous préparons un moratoire de rééchelonnement de dettes qui est acquis”.

Et de révéler : “Nous avons également proposé carrément l’amnistie fiscale et qu’elle soit introduite dans la LFC 2013 et cette question sera tranchée prochainement par l’APN.” Benmeradi a assuré, à l’occasion, de sa disponibilité de travailler de concert et d’œuvrer pour la création d’emplois dans les régions du Sud pour cadrer avec les orientations du gouvernement.

Reste que la tâche du ministre est loin d’être résolue pour ce qui est de ce secteur qui a du mal à réussir son décollage. Le Sitev-2013 donne une image lugubre du tourisme algérien reflétant toute la difficulté des instances concernées à trouver la voie pour sortir de ce gouffre. “Nous ne sommes pas très agressifs en termes de communication”, reconnaîtra M. Benmeradi, relayé par le secrétaire d’État qui confie à son tour : “La sécurité ne pose aucun problème et ne constitue en aucun cas un frein à l’essor du tourisme. Nous avons un problème de communication.” La demande étant plus importante que l’offre, les tarifs restent aussi très élevés en plus des hôteliers qui ne font aucun effort à ce propos. Hormis quelques établissements à l’image du complexe des Andalouses (Oran), ou encore celui de Tipasa qui tentent quelques initiatives, l’on remarque une totale léthargie dont se distingue l’ensemble des infrastructures. Les privés agissent à leur guise vu que les prix sont libres, au grand dam des agences qui n’arrivent pas à monter un produit national cohérent. La participation au présent salon aura mis le doigt, par ailleurs, sur la difficulté d’instaurer une cohérence dans la relation qui lie les différents acteurs du tourisme. Chacun fait, indéniablement, un grand effort à son niveau mais loin d’une démarche globale dont on pourrait ressentir les effets.

Établissements touristiques : la privatisation n’est plus à l’ordre du jour

“Pas moins de 70 milliards de DA sont dégagés pour la réhabilitation de 65 hôtels”, a indiqué, hier, Mohamed Benmeradi affirmant, ainsi, que “l’option de privatisation des établissements hôteliers n’est plus à l’ordre du jour”. Le ministre, qui a reconnu un déficit flagrant en termes de capacités d’accueil, a assuré, cependant, que “la situation sera normalisée par la remise à niveau du parc hôtelier actuel et son renforcement grâce aux futures réalisations”.

Actuellement de l’ordre d’environ 90 000 lits, le parc hôtelier devra atteindre d’ici quatre ans les 150 000 lits répondant aux standards internationaux. Les 2 milliards de DA d’investissement qu’apporte le privé devront être le moyen de parvenir à mener à bien le plan de développement du secteur. Celui-ci s’articule autour de cinq axes qui seront débattus, encore une fois, en marge du Sitev. Il s’agit, entre autres, de l’introduction du chèque vacances, de booster le tourisme interne, de la classification des hôtels et la gestion des infrastructures.

N. S