Benkhalfa défend « l’inclusion financière » des fonds gris : « l’argent, c’est comme le sang, il doit circuler »

Benkhalfa défend « l’inclusion financière » des fonds gris : « l’argent, c’est comme le sang, il doit circuler »

Riches d’Algérie, commerçants, grossistes, mandataires et autres acteurs de la sphère économique informelle, cessez de vous angoissez pour ces grandes sommes d’argent que vous mettez dangereusement dans des matelas au risque de les voir se brûler dans un incendie ou, pire, d’être volé…

Le gouvernement vous offre une voie de sortie sure, il vous promet la sécurité. Les banques sont tenues par le secret bancaire, mettez y vos sous si vous n’avez aucun problème avec le fisc.

Réglez vos problèmes avec le fisc si vous craignez un redressement fiscal, « purifiez » (Zekiou) votre fric pour la modique taxe de 7% et devenez un citoyen respectable dont l’argent deviendra légal et au-dessus de tout soupçon.

Tout sera simplifié à partir du 15 aout prochain. La banque peut prendre en charge vos sous en une journée, la taxe forfaitaire de 7% transmise à qui de droit et le fisc vous enverra, illico-presto, un « papier » pour vous informer que vous êtes « clean ».

Que vous pouvez dormir, enfin, tranquille après tant d’années d’angoisse à surveiller le magot contre tout le monde, aussi bien contre vos enfants, les voleurs et, bien entendu, l’administration fiscale.

Au lieu de moisir, avec de grands risques, dans les matelas ou des caisses, votre argent judicieusement placé dans une des banques d’Algérie – qui ne sont peut-être lourdes à la détente mais qui sont parmi les plus sûres dans le pourtour méditerranéen – vous fera entrer dans la « sphère de la sécurité et de la confiance »!

Ne dites pas « amnistie fiscale » mais « inclusion financière »

Vous y gagnerez à tous les plans et l’économie de l’Algérie, enfin reconnaissante à l’égard de ces algériens qui réussissent, y gagnera aussi. Allez donc, sortez ces sachets de fric que nous ne saurions voir mais que nous voudrions voir le contenu déversé dans les banques.

Voilà en résumé décodé du message d’Abderrahmane Benkhalfa, ministre des finances, dans un entretien vidéo à l’agence APS. A défaut de faire la « révolution » dans la politique économique du gouvernement, M.Benkhalfa fait dans la pédagogie en direction de « l’argent gris » des riches d’Algérie.

Dans un pays où quelques irréductibles du « d’où tiens-tu cela » soupçonnent une vaste opération de blanchiment de l’argent « mal acquis », on ne parle pas « d’amnistie fiscale », trop connotée avec « impunité », on préfère la formule moins abrupte « d’inclusion financière ».

Cette « inclusion financière » qui est selon lui cohérente avec l’introduction, début juillet de l’obligation de recours au chèque pour les transactions de 1 million de dinars et plus, a été validée par la loi de finances complémentaire 2015.

Elle s’adresse, explique-t-il, aux Algériens qui ont gagné de l’argent sans le mettre dans une banque pour des raisons diverses, « peur du chèque, des dossiers. Elle vise à «sécuriser » et à donner du « confort » aux Algériens qui ont de « l’argent et qui passent leurs nuits à « faire attention »

L’objectif ambitieux d’une démarche qui s’adresse aux « acteurs de la sphère réelle » pour qu’ils puissent travailler en « toute sécurité » est d’avoir en 2018 une seule économie et non une officielle et une autre informelle. Le but est également d’avoir une économie plus diversifiée.

« En 2018, nous allons sortir d’une économie moins diversifiée à une économie diversifiée mais surtout faire en sorte que les acteurs de la sphère réelle soient des acteurs qui travaillent en toute sécurité…».

« Les algériens ne doivent pas cacher leur argent, plus ils s’enrichissent plus l’Algérie s’enrichit. Les banques algériennes sont fortes au plan des capitaux. Il n’y a pas de honte à ce qu’un algérien travaille et gagne de l’argent. Ces fonds ne doivent pas rester cachées, l’argent c’est comme le sang dans le corps, il doit circuler. On doit aller l’économie intégrée. »

1000 à 1200 milliards de dinars dans l’informel

Promesse est faite. A partir du 15 aout, ceux qui ont de l’agent pourront aller vers les banques où ils seront accueillis dans un « cadre convivial ». Ils ont le choix entre un simple dépôt ou une régularisation de la situation fiscale.

L’argent, explique Benkhalfa, entrera « dans les banques, il sort ainsi de la sphère du doute, de la non-confiance et entre dans l’économie où il y a de la place pour tous ». Le ministre des finances était plutôt dubitatif à profit du chiffre haut de 3700 milliards de dinars dans l’informel qui avait été avancé par Abdelmalek Sellal.

« La banque d’Algérie parle de 1000 à 1200 milliards. C’est déjà important « explique-t-il en soulignant que l’Algérie n’est pas la seule à mettre en œuvre ce type de politique, des « dizaines de pays ont mené ce type d’opération ».

Il a indiqué que les banques, dont les responsables ont rencontré le Premier Ministre, vont mener des actions de proximité en allant « vers les commerçants et les opérateurs » et en installant des guichets dans des sphères d’activité commerciale. Les pouvoirs publics et le fisc vont également mener une communication auprès de ces détenteurs de fonds « gris ».

Il y a de la marge d’action pour l’économie algérienne, explique Benkhalfa, qui souligne que le choix qui est fait est celui de la rigueur et non de l’austérité. L’une de ces marges est d’inciter l’argent qui se trouve dans le circuit informel à se régulariser.

L’air du temps est clair : riches d’Algérie, le gouvernement vous aime et vous propose la reconnaissance légale et la sécurité qui va avec.

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