Bénin-Algérie, cet après-midi à 16 H 00, Ne pas perdre et voir venir

Bénin-Algérie, cet après-midi à 16 H 00, Ne pas perdre et voir venir

Dernier test en date avant le retour aux choses sérieuses: les Verts, sans bien jouer mais en jouant juste, ont pu battre le vicechampion d’Afrique en titre, le Burkina Faso, et soigné leur moral. Ont-ils convaincu ? Oui et non.

DISSIPER LES DOUTES



Oui, parce qu’ils ont gagné et c’est ce qui leur est demandé de faire en commençant par ce tournant majeur sur la route du Brésil qu’est cette redoutable sélection béninoise qui jouera pour sa part son va-tout pour l’emporter et rester en vie en conservant ses chances de décrocher le gros lot et démentir ainsi les pronostics en coiffant au poteau le duo de favoris algéro- malien que tout le monde attend lors de la finale de septembre à Alger à l’occasion du baisser de rideau d’un groupe «H» finalement des plus équilibrés. Non, parce que l’opinion, pas du tout rassurée après les dernières sorties des camarades de Taider, craint désormais des mauvaises surprises pour la suite du parcours.

D’autant que le groupe à Halilhodzic, qui n’a pas, on le comprend aisément à quelques heures d’une dure bataille face à un outsider croyant plus que jamais en ses chances de créer l’exploit et devant se dérouler dans des conditions extrêmes (pas seulement d’ordre naturel), étalé toutes ses cartes à Tchaker, est resté en deçà des attentes lors des précédentes prestations en alternant le moyen et le franchement mauvais comme à l’occasion de son duel face au Mali en terrain neutre, où, physiquement, il a manqué de jus sur la fin et laissé échapper un succès largement à sa portée avant de perdre à l’arrivée et installer quelques doutes malgré une place de leader au bénéfice du goal-average qu’il faudra défendre chèrement en terres hostiles, où il faudra une sacrée dose de courage pour espérer éviter des désillusions. Les Fennecs ont-ils convaincu face aux Étalons burkinabés ? Oui.

D’une part parce qu’ils l’ont emporté devant un bon client appelé également à ne pas trop s’engager sur le terrain sous peine de se dévoiler à ses futurs adversaires. D’autre part, parce qu’ils ont su trouver, même si c’est, en grande partie, grâce à des cadeaux du gardien adverse auteur de bourdes monumentales, à deux reprises ce qui, pour le moral, est une bonne chose avant les deux périlleux déplacements de ce soir, et du Rwanda dans moins d’une semaine.

Non, parce que le public algérien, malgré cette victoire encourageante qui fera sûrement du bien au mental, n’a rien compris, même s’il comprend la stratégie du staff technique, à la tactique prônée dimanche dernier dans une explication loin d’être seulement amicale (elle aura servi à apporter quelques correctifs après avoir tâté le pouls de ses poulains dans un test grandeur nature, en tout cas plus révélateur qu’un match d’application) en alignant, d’entrée de jeu, trois attaquants tout en ne prenant jamais le jeu à leur compte dans la perspective du terrible combat d’aujourd’hui du résultat duquel (un revers signifierait pratiquement que les carottes seront pratiquement cuites alors qu’un petit point, et donc un nul, suffirait largement à notre bonheur) dépendra la qualification.

SE MONTRER COSTAUD…

En tout cas pour préparer au mieux le déplacement de Kigali devant un vis-à-vis rwandais certes déjà hors course et qui n’a donc plus rien à perdre ou à gagner, sinon terminer sur un baroud d’honneur en épinglant les Algériens à leur tableau de chasse et, le cas échéant, éviter donc de gâcher l’occasion de décrocher le droit de disputer cette fameuse «finale» de la rentrée contre Seydou Keita et consorts qui décidera, en principe, du nom de l’heureux élu pour le pays du roi Pelé si bien sûr et entre-temps, le Bénin ne s’invitait pas à la fête et prenait tout le monde de vitesse.

On peut donc comprendre aisément combien ce dernier doit être pris au sérieux lors d’une rencontre en mesure de changer les choses dans une «poule» où tout est désormais possible.

Coach Vahid et son onze, qui se disent conscients que pour espérer se rapprocher de Rio, il faudra négocier au mieux (un nul au minimum) l’étape de Porto Novo, n’ont pas oublié (voir les commentaires recueillis à chaud), au détour du test qui aura finalement beaucoup servi (un match «correct» et l’équipe «a pris un peu plus de confiance et de sérénité», selon Halilhodzic) , au moins à se refaire une petite santé sur le plan psychologique) non sans prévenir qu’aujourd’hui (au Bénin, ndlr) il faudra se montrer «très costaud.»

Bien plus, «courageux.» Et cela veut tout dire. Surtout quand le Bosnien, qui retient «le bon esprit et l’ambiance qui règnent actuellement au sein de l’équipe» n’omet pas de mettre en avant des statistiques qu’il ne juge pas «terribles à l’extérieur, avec 3 victoires seulement durant ces dernières années.»

Un sérieux paramètre à prendre en compte et que V.H, qui connaît bien son équipe et outre l’autre argument statistique, à savoir que «le Bénin est souvent intraitable chez lui, ça sera un grand test pour l’équipe d’Algérie» avec tout ce que cela suggère comme difficultés à attendre durant ces 90mn, où les hôtes promettent une partie de «semelles et de crampons», rappelle que «jamais l’Algérie n’a pu marquer dans deux matches consécutifs.»

Pour relever ce défi (et c’en est un pour le sélectionneur national qui parle d’un «grand test»,), il faudra «un peu plus de réglages» et des joueurs ayant «plus de courage» pour de telles confrontations.» À l’extérieur de surcroît. En comptant avec des aspects imprévus ou à prévoir.

Comme le jeu de coulisses ou l’arbitrage maison, nonobstant les conditions climatiques ou les provocations d’un adversaire qui prépare, selon les échos parvenus de Porto Novo, «une éclatante revanche.» Cela suppose-t-il que le plan anti-Bénin est prêt ?

…RÉPONDRE À L’ATTENTE

En jouant la «prudence» (ce qu’il réfute) face au Burkina, coach Vahid donnait en tout cas l’impression que, tactiquement, il pensait à cette sortie dont devrait dépendre dans une grande proportion l’avenir des Fennecs dans ces qualifications, la route du Brésil passant forcément par cette problématique étape.

Et les joueurs, à l’image de Djebbour, qui abonde dans le même sens que son entraîneur, en sont conscients, en estimant qu’ «il nous faut être très forts pour passer ces écueils.» En ajoutant, ou en promettant, qu’«on est parés pour cela».

Bon à savoir parce que cet écueil se jouera au mental. D’abord et avant tout, rappelle le staff technique qui doit avoir le flair d’aligner la meilleure équipe possible. Celle en mesure de répondre aux questions qu’impose le défi béninois qui nous éclairera un peu mieux sur les chances algériennes de s’assurer une place au Mondial 2014.

De rallumer la flamme d’Oum Dourman. En jouant dans le même état d’esprit. Cet aprèsmidi, les Verts savent ce qu’il leur reste à faire. Savent surtout qu’ils n’ont pas le droit à l’erreur. Que la défaite leur est interdite dans un match physique et éprouvant.

Et se préparer, par conséquent, à un match compliqué, un combat d’une grande intensité où ils laisseront beaucoup de forces.

En se montrant donc forts et répondre à l’attente qu’ils suscitent de nouveau à quelques encablures du verdict que doivent rendre les dures phases qualificatives en Afrique, où le statut de favori ne confère pas nécessairement les avantages qui devraient aller comme sous d’autres cieux où le respect de la hiérarchie tient aux aspects sportifs.

Halilhodzic, qui sait que la mission sera difficile et met en avant ses craintes de dérapages arbitraux coutumiers sur le continent, dit néanmoins qu’il est tranquille par rapport à tout ce qu’on dit sur cet obstacle.

Qu’en sera-t-il au Bénin? Interrogé,V.H rétorque qu’il a sa petite idée et qu’il travaille à protéger ses joueurs contre la pression et qu’ils sont prêts au combat, comme le promet d’ailleurs le sélectionneur français du Bénin, Amoros, qui croit savoir que «les Verts ne tiendront pas plus d’une mitemps. » Coach Vahid sait ce qu’il veut et tout dans son attitude et ses propos rassure.

Un discours qui laisse croire que les Algériens joueront pour la victoire et qu’ils ont les moyens de leur ambition. On peut le croire. Obligés de le croire.

A.A.