Benghebrit sur la pente raide ?

Benghebrit sur la pente raide ?

Depuis sa nomination à la tête de l’Education nationale, les critiques et les calomnies fusent. Mme NouriaBenghebrit fait l’objet depuis plusieurs semaines d’attaques plus que virulentes dans ce qui est présente comme un débat qui fait de l’ombre aux questions sensibles qui interpellent le pays.

Lundi, le porte-parole du Rassemblement National démocratique (RND), Sedik Chihab, considérait que la question de l’enseignement de la langue « maternelle « arabe a été prise à la légère par la ministre de l’Education nationale, ce qui a ouvert la voie à une controverse inutile au sein de la société et de la classe politique.

« La ministre n’a pas pris le soin de soumettre un dossier consistant au gouvernement pour l’examiner « , a-t-il déclaré estimant que cette question est du ressort du gouvernement.

Le RND est parti prenante de l’alliance présidentielle dirigée par Abdelmalek Sellal.

Pendant ce temps, le Premier ministre observe le silence tout comme les membres de son cabinet à l’exception d’Amar Ghoul, qui a tiré à boulets rouges sur la ministre. Lui, au moins, est dans rôle. De là à dire que tous les ministres n’approuvent pas ses réformes, il n’y a qu’un pas. Les conservateurs font feu de tout bois et se sont tous ligués contre la ministre de l’Education.

Ils ruent dans les brancards depuis quelques jours et n’ont pas l’intention de lâcher prise, comme si leur vie en dépendait. Ils ont fait durant plus de vingt ans, un commerce juteux de la langue arabe. Jamais une ministre de la République n’a été autant ciblée par les critiques et les insultes. Tout ce boucan est provoqué par des personnes aux antipodes du débat d’idées libre et contradictoire.

La question de l’enseignement de la langue arabe est ultra-sacrée pour ses détracteurs. La tension monte, ce qui risque de mettre la présidence dans l’embarras. Le gouvernement ou le président Bouteflika la lâcheront-ils comme son ex-collègue du Commerce Amara Benyounès, sacrifié au profit du lobby des importations ?. Benyounes était la cible des islamistes et des conservateurs. Et aujourd’hui, Benghebrit essuie les commentaires les plus virulents sur les réseaux sociaux, relayés par certains médias. L’affaire Benghebrit n’est toutefois pas un cas sans précédent inédit.

Des partis politiques, sept syndicats du secteur de l’éducation et même l’association des Oulémas se sont tous mis d’accord pour ruer dans les brancards Ainsi en a été le cas quand la conférence nationale qu’elle a organisée la semaine dernière a recommandé, entre autres, l’introduction de l’arabe algérien (la Darja) dans l’enseignement primaire. Cette proposition des experts, qui n’est même pas adoptée, a soulevé un tollé dans les milieux conservateurs qui y voient une attaque frontale contre la langue arabe !Pourtant, la suggestion de Mme Benghebrit n’a rien de farfelu.

Avant elle, des experts avaient déjà recommandé l’apprentissage du dialecte, la Darija, aux élèves du primaire pour mieux assurer la transition vers l’arabe classique. Mais la ministre, sociologue de formation, en reprenant à son compte cette recommandation, s’est mis à dos les conservateurs du pays.

Ces derniers l’accusent ni plus ni moins de vouloir faire disparaître la langue arabe classique. Le principal argument de la ministre, c’est de diminuer les échecs scolaires trop fréquents dus à la difficulté de la langue arabe. Elle a beau expliquer que ce n’est qu’une recommandation et que la langue arabe est inscrite dans le marbre de la Constitution, rien n’y fait. Les détracteurs de Benghabrit font feu de tout bois et montent au créneau en exploitant les moindres déclarations.

On l’accuse même de rouler pour la France par le simple fait qu’elle s’exprime mieux dans cette langue, qu’elle utilise depuis 40 ans ! L’association nationale des parents d’élèves, a adressé un message au Premier ministre Abdelmalek Sellal, lui demandant de supprimer le français au profit de l’anglais à l’école.

Les initiateurs prétendent que leur action n’est pas dictée par des considérations idéologiques en mettant en avant le fait, d’après eux, que « le français est utilisé uniquement dans les anciennes colonies françaises, notamment en Afrique.

Et pendant ce temps Mme Benghebrit, placide, répond à ses accusateurs et aux défenseurs de l’ »arabo-baasisme » qui croient savoir qu’elle a la volonté de supprimer la langue arabe dans l’enseignement.

Elle a indiquéêtre en bonne voie pour une réforme de l’école, et qu’il n’y a rien qui puisse la distraire de cette voie vers la performance et la qualité dans les écoles algériennes.