Sur les 12 ministres arrivant dans le nouveau gouvernement Sellal, nous avons choisi de décrypter le parcours de quatre ministres entrants: Nouria Benghebrit, la nouvelle ministre de l’Education nationale, Hadji Baba Ammi, le ministre issu de la communauté mozabite, Hamid Grine, l’écrivain devenu ministre de la Com et Abdelkader Khomri qui revient 20 ans après son passage dans le gouvernement de Belaïd Abdeslam en 1993. La majorité de ces ministres s’est battue pour défendre la candidature de Bouteflika pour un quatrième mandat. Retour sur des parcours parallèles.
Nouria Benghebrit, une femme de combat pour l’Education nationale
La nouvelle ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, est une femme au parcours de combattante. Elle a occupé, tout au long de sa carrière professionnelle, plusieurs postes de responsabilité dans les domaines de la recherche scientifique, le développement technologique et la connaissance outre la coordination de projets de recherche sur l’école et l’éducation. Le dernier poste qu’elle a occupé avant sa nomination, est celui de directrice du Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc).
Mme Benghebrit était membre du conseil supérieur de l’éducation, de la Commission nationale des programmes de l’éducation, présidente du conseil d’administration de l’Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche et du développement technologique (Anvredet) et vice-présidente du conseil d’administration de l’Institut africain de la gouvernance dont le siège est à Dakar (Sénégal). Elle a été aussi membre élue représentant l’Algérie au conseil associatif de l’Agence universitaire de la Francophonie (2005-2009), présidente du comité scientifique arabe du Forum de l’Unesco pour l’enseignement supérieur, la recherche et la connaissance et membre élue pour l’Afrique du Nord (Maghreb+Egypte) du comité exécutif du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesria) pour deux mandats électifs.
Hamid Grine, la consécration d’un parfait communicant
L’autre grande surprise du gouvernement Sellal III, c’est l’entrée dans le gouvernement de l’écrivain et communicant Hamid Grine. Cet ancien journaliste de Révolution africaine et Horizons était avant tout un journaliste brillant qui a su exploiter un créneau à succès: le sport. Il est l’auteur de sept livres de sport, notamment Lakhdar Belloumi, un footballeur algérien, l’un des best-sellers des éditions Enal, à l’époque, puisqu’il a été vendu à 20.000 exemplaires en 1986. Hamid Grine est un touche-à-tout: il a travaillé dans tous les secteurs des médias, la communication, la publicité et la radio.
Après une expérience dans la publicité dans une agence internationale au Maroc, il a été recruté par le premier opérateur de téléphonie mobile dès son lancement en 2001 en Algérie pour s’occuper des relations publiques et de la communication. Grâce à son savoir-faire en matière de Com, ses relations avec la presse, il a réussi à gagner la confiance des différents P-DG exigeants de l’opérateur international et devenir un cadre dirigeant de l’entreprise. En parallèle avec son métier de communicant, Hamid Grine a entamé une nouvelle carrière d’écrivain, abandonnant le sport pour le roman et la fiction. Entre 2004 et 2012, il publia plus de 11 romans et essais, décrochant au passage plusieurs prix nationaux et internationaux. Parmi ses livres connus Comme des ombres furtives, Cueille le jour avant la nuit, La dernière prière, La nuit du henné ou encore Le café de Gide».
Hamid Grine s’est aussi illustré comme un fin chroniqueur et un parfait billettiste, il s’est illustré également comme le premier communicant politique. Il publia en 2004 un essai de communication politique: Chronique d’une élection pas comme les autres qui évoque l’élection présidentielle de 2004. Son arrivée à la tête de la communication intervient dans un processus sensible: la loi sur la publicité, les sondages, mais surtout la mise en place de l’Autorité supérieure de surveillance de l’audiovisuel. Avec son expérience internationale, son savoir-faire dans les médias, le nouveau patron de la Com dans le gouvernement marquera à coup sûr, son passage dans l’Exécutif.
Le retour gagnant de Abdelkader Khomri
L’un des retours gagnants de ce gouvernement, c’est la réapparition de Abdelkader Khomri dans l’Exécutif en tant que ministre de la Jeunesse. Il a eu à diriger le ministère de la Jeunesse et des Sports sous le gouvernement Belaïd Abdeslam en 1993. Cette fois, le président a décidé de lui confier la jeunesse et laisser le secteur du sport à Tahmi pour poursuivre le travail accompli jusque-là. Homme de culture et surtout de communication, Abdelkader Khomri a été nommé en tant que P-DG de l’Anep en juillet 1999 avant d’être désigné à la tête du GPC en mars 2000, date de sa création.
En le quittant en 2004, le GPC a réalisé un chiffre d’affaires de 5,380 milliards de DA, soit une progression de 10% par rapport à 2002. Ce résultat a été atteint grâce au flux de l’Anep, de la SIE et de la SIA (imprimeries de presse de l’Est et d’Alger), entreprises les plus performantes. En 2004, Khomri est nommé au poste d’ambassadeur d’Algérie en Pologne. Son retour au gouvernement est une bonne chose pour l’Exécutif, c’est la première fois depuis l’indépendance qu’un ministère est réservé uniquement à la jeunesse. Le président Bouteflika a voulu, à travers ce nouveau poste, réserver un département entier pour les besoins et les revendications de la jeunesse algérienne. Ces exigences ont été ainsi séparées du sport qui avait toujours pris le dessus sur les revendications de 75% de la population algérienne.
Hadji Baba Ammi, le symbole de la communauté mozabite
L’un des grands faits du gouvernement de Sellal III, c’est la nomination de Hadji Baba Ammi au poste de ministre délégué auprès du ministre des Finances, chargé du Budget et de la Prospective. La nomination de ce cadre issu de la communauté mozabite, est un signe fort envoyé vers cette communauté de Ghardaïa, qui a souffert de la violence ces derniers mois. C’est la troisième fois dans l’histoire du gouvernement algérien qu’un ministre issu de la communauté mozabite fait partie de l’Exécutif.
Il y a eu dans les années 1970 le ministre des Finances Khobzi et dans les années 1990, la nomination de Slimane Cheikh (fils du poète de la Révolution, Moufdi Zakaria) au poste de ministre de la Culture.
Ce dernier fut ensuite nommé ambassadeur de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) à Genève, en Suisse. Mais Hadji Baba Ammi n’a pas volé son entrée dans le gouvernement, car c’est un pur produit du ministère des Finances. Ex-DG du Trésor public, il fut également membre du conseil d’administration du Conseil de la monnaie et du crédit.
La venue de Hadji Baba Ammi dans le département des finances est en plus d’un soutien à une communauté blessée, un renfort solide pour le ministre Mohamed Djellab qui a besoin d’un homme de confiance pour mener à bien les réformes dans le secteur financier et bancaire.