Benghebrit face aux détracteurs de la réforme scolaire: La « guerre » de cinq ans

Benghebrit face aux détracteurs de la réforme scolaire: La « guerre » de cinq ans

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La ministre a les encouragements de pans entiers de la société, le soutien de la présidence de la République et l’énergie de celle qui fait de son travail une mission quasi sacrée.

L’épidémie du choléra, la réforme du baccalauréat, l’obligation de l’élévation du niveau des apprenants comme ceux des enseignants, le climat social au sein de l’institution éducative et les charges des milieux conservateurs visant à torpiller le travail de réforme, constitue le cocktail de la prochaine rentrée scolaire. Nouria Benghebrit est d’ores et déjà prévenue. La dernière année du quinquennat ne sera visiblement pas de tout repos. Beaucoup a certes été réalisé dans le parcours réformateur engagé au lendemain de sa nomination au poste de ministre de l’Education nationale, mais énormément reste encore à réaliser. Nouria Benghebrit engage dès aujourd’hui un sprint final où elle est appelée à rendre irréversible un maximum de mesures initié depuis qu’elle est à la tête du secteur.

Il ne lui sera pas aisé de vaincre les pesanteurs qui freinent toujours l’élan réformateur, mais la ministre la plus critiquée par les islamistes a les encouragements de pans entiers de la société, le soutien politique de la présidence de la République et l’énergie de celle qui fait de son travail une mission quasi sacrée. Benghebrit est dans cet état d’esprit. Ceux qui l’ont approchée, travaillé à ses côtés, ou affrontée dans les luttes faussement syndicales et véritablement idéologiques, savent que cette femme ne compte pas les jours et les heures, ne connaît pas la définition du mot «abdiquer» et refusera toujours de céder sur l’essentiel.

Des compromis, elle en a fait durant les quatre années passées à la tête du secteur, mais dans toutes les batailles qu’elle a menées, qu’elle ait gagnées ou perdues, son premier souci était de combattre les islamo-conservateurs. Non pas qu’elle se considère du bord opposé à ces derniers, mais son objectif premier a toujours été de donner le savoir aux enfants, débarrassé de toute influence idéologique. La seule idéologie qui vaille est celle du combat libérateur des Algériens contre l’oppression coloniale.

Cette lutte, Benghebrit la mène sur le terrain de l’éducation et non pas sur celui de la politique politicienne. A aucun moment, on a vu la ministre brandir des arguments idéologiques. Sa grande et authentique arme a toujours été la pédagogie. De toutes les initiatives prises par le département de l’Education nationale, de la révision des contenus des manuels scolaires, jusqu’à l’algérianisation des écrits littéraires dans les livres, en passant par les très nombreuses sessions de formation des enseignants et des inspecteurs de l’éducation, de l’obligation du concours pour le passage de grade ou encore pour l’accès au poste d’enseignant, aucune ne comporte la moindre charge idéologique. Mais sur toutes ces initiatives, les critiques islamistes, sous couvert de problèmes socioprofessionnels, n’ont pas manqué.

Le parcours de la ministre de l’Education n’aurait jamais pu être lisse. La hargne des «ennemis du secteur» comme elle les a qualifiés, hier, était prévisible, mais l’ampleur autrement difficile à imaginer. Jamais on n’avait vu une convergence aussi importante des forces islamistes, comme on le constate dans leur «guerre» contre les réformes de l’Education nationale.

La prochaine rentrée scolaire ne fera pas exception et la «guerre» reprendra de plus belle. Le projet de réforme du baccalauréat, le programme axé sur l’amélioration du niveau des élèves et l’harmonisation des horaires d’étude sur toute l’année scolaire sont sur la table de la ministre de l’Education nationale. Dit comme cela, on pourrait imaginer une saison 2018-2019 apaisée, mais ce ne sera pas le cas. A partir du 5 septembre, reprendront, en même temps que la nouvelle année scolaire, les attaques contre Nouria Benghebrit. On l’attendra certainement sur la gestion de l’épidémie du choléra. Même si elle a désamorcé une probable «grenade», en instruisant les chefs d’établissement pour prendre des mesures d’hygiène et en réunissant avant-hier les directeurs de l’éducation des wilayas ayant enregistré des cas de choléra, il n’est pas dit que la reprise ne se fasse pas sans anicroche sur la question de l’épidémie. Une polémique est vite créée.