Benghabrit, violemment prise à partie, nie l’existence d’un projet d’enseignement en Darja

Benghabrit, violemment prise à partie, nie l’existence d’un projet d’enseignement en Darja

Nouria Benghabrit se retrouve – malgré elle ?- dans une nouvelle tempête au sujet d’un projet d’enseignement de la Darja (langue parlée) au niveau du primaire à partir de la prochaine rentrée scolaire.

Alors que des députés islamistes et des membres de l’association des oulémas et des intellectuels arabophones sont montés au créneau pour dénoncer le projet, la ministre de l’éducation a publié un tweet apportant un démenti catégorique.

« Les rumeurs relatives à l’enseignement en langue parlée (3amiya) tout comme celles se rapportant à la suppression de certaines matière dans l’examen du baccalauréat parues dans certains journaux nationaux sont toutes fausses »

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Explosif

S’agit-il d’une simple rumeur comme l’affirme la ministre de l’éducation ou d’une reculade en rase campagne après la levée de bouclier contre le projet ? Car, la « rumeur » en question a commencé par des déclarations imputées à Messeguem Nedjadi, inspecteur général au ministère de l’Éducation nationale et rapportées dans le journal El Khabar, le 27 juillet 2015.

Le journal indiquait que l’inspecteur a annoncé de nouvelles mesures qui seront appliquées au cours de la prochaine rentrée scolaires 2015-2016 et notamment l’enseignement de la darja (langue parlée) au primaire et l’utilisation des différents parler locaux.

Selon la déclaration rapportée par El Khabar l’inspecteur a expliqué qu’il s’agit d’enseigner l’arabe standard (ou classique) de manière graduelle afin de « ne pas choquer l’élève au début de son parcours scolaire ».

« Beaucoup d’élèves ne maîtrisent que le langage appris à la maison » aurait-il déclaré. Il revient à l’éducation nationale de prendre en compte ces données afin d’enseigner la langue arabe standard (classique) de manière graduelle.

« Il faut une complémentarité entre la langue maternelle et la langue standard (fosha)… et il faut donc que l’enseignement durant la première période soit fait dans les « langues algériennes ».

Des propos aussi inattendus qu’explosifs qui ont provoqué une vague de protestation et de dénonciation contre la ministre de l’éducation dont le départ « immédiat » est exigé. Les islamistes regroupés au sein de l’Alliance Verte, le FJD de Djaballah et des députés mouvement El Binaa, ont fustigé une « mesure » grave et dangereuse.

L’association des oulémas, en général assez réservée, a réagi en dénonçant une tentative de ramener le pays à « l’ère coloniale où l’on enseignait la darja ». Ce serait, a déclaré Amar Talbi, vice-président de l’association, une remise en cause d’un long combat entamé par Ben Badis? Il a appelé les parlementaires et les élites algériennes à s’y opposer vigoureusement.

L’association des oulémas a demandé au ministère de l’éducation de revenir sur sa « décision » et a promis de saisir la justice si celle-ci est maintenue. Ahmed Ben Naamane, un membre de l’association de défense de la langue arabe, a dénoncé un projet qui vise à créer « les Etats Algériens non-unis ».

Benghabrit est une « menace réelle  » contre l’éducation et l’identité nationale et les valeurs du peuple algérien et une « agression caractérisée » contre la Constitution, affirme de son côté le député MSP, Nasser Hamdadouche.

Au cœur de la tempête

Nedjadi Megguessem qui se trouve au cœur de la tempête a multiplié les déclarations niant les propos qui lui ont été imputés par le journal El Khabar. Il n’existe pas de projet d’enseigner la darja, ce sont des « rumeurs sans fondement.

« La langue d’enseignement officiel est la langue arabe depuis le préparatoire avec ses règles et sa grammaires ». Selon lui, ceux qui propagent ces « rumeurs » veulent porter atteinte au secteur de l’éducation et « rapetisser l’école algérienne ».

Que s’est-il passé ? L’article d’El Khabar est-il totalement faux comme l’affirme Nedjadi Megguessem qui s’est cependant abstenu de citer nommément le journal ? Ou bien s’agit-il d’une reculade après une levée de bouclier qui était aisément prévisible sur un thème très clivant et donc très polémique?