«Le pouvoir condamne le pays à l’instabilité et entretient les antagonismes, les divisions et les déchirements», estime Benflis.
Le président du parti Talaiou El Houriyet (sur la voie d’être agréé), Ali Benflis, a répondu aux accusations portées contre l’opposition par le pouvoir et les partis qui y gravitent. Benflis s’exprimait en marge de l’installation de la commission de préparation du congrès constitutif de son parti, prévu durant la première quinzaine du mois de juin. «La crise d’une extrême gravité que traverse le régime a occasionné des ravages politiques, économiques et sociaux», a-t-il déclaré d’emblée. Mais pas seulement, «cette crise a notamment causé une dégradation des moeurs politiques, un affaissement des comportements civilisés et la perte de l’élémentaire sens civique».
Suivez mon regard: «Jamais nos gouvernants n’ont eu un comportement aussi arrogant, aussi méprisant et aussi a-moral». Ils usent, estime-t-il, d’un langage «aussi agressif, bas et vulgaire». Et jamais des gouvernants n’ont «semé autant de discorde, de division et de diabolisation dans notre paysage politique». L’ex-chef du gouvernement, ne compte pas concurrencer ses détracteurs sur ce terrain: «Ce terrain est le leur, laissons les jouer à ce jeu-là car ce n’est pas notre jeu favori.» Pour Benflis, «on peut toujours formuler des critiques de manière sévère mais civilisée et responsable, apporter la contradiction en étant ferme mais respectueux et courtois, et faire face à l’adversaire politique sans faiblesse et sans concession, mais sans le heurter et le blesser». En outre, «on n’ a pas besoin de l’injure et de l’insulte ni des atteintes et des agressions verbales contre les autres».
Au yeux du coordinateur du Pôle des forces de changement, «l’exercice de la politique qui n’est pas une affaire de violence et de dérapages verbaux ou d’excès langagiers, exige un sens élevé de la morale, de nobles convictions et des positions honorables». Cela, ajoute-t-il «ne s’accommode pas des bassesses, la force de notre projet politique ne s’imposera pas par des outrances verbales ni par les manquements à l’éthique politique(…) il ne s’agit en l’espèce que d’un combat politique, un combat où nous n’avons pas d’ennemi mais seulement des adversaires politiques». Par ailleurs, il a dénoncé la gestion du dossier du gaz de schiste par les pouvoirs publics. Cette gestion est qualifiée «d’irresponsable, désinvolte et obstinée».

Dans ce dossier, comme dans bien d’autres, «le régime politique en place révèle qu’il a perdu prise sur les événements, que la gestion des affaires les plus sensibles de la Nation lui échappe», a-t-il indiqué. «Non seulement, il ne règle plus les problèmes du pays mais il en crée de nouveaux», a-t-il souligné. «Le pouvoir entretient l’impasse et ferme toute perspective pour le peuple et il est à court de vision, d’ambition et de projet pour le pays qu’il condamne à l’instabilité et il entretient les antagonismes, les divisions et les déchirements», a-t-il encore asséné.
«C’est du Grand Sud qu’est partie la marche de la reconquête de la citoyenneté, d’où s’élève la revendication du respect de la volonté du peuple souverain. Cette cause est une cause juste et légitime. Elle est la cause de tous les Algériens», a-t-il conclu. Enfin, Benflis qui considère que le compte à rebours a commencé pour le processus de constitution de son parti, est certain qu’ «on lui mettra des bâtons dans les roues et sans doute, le parcours sera semé d’embûches et maints obstacles».