Moncef Wafi

Invité au forum d’El Moudjahid, l’ancien chef du gouvernement s’est exprimé, hier, sur la situation actuelle du pays appelant à trouver une issue urgente à la vacance de la présidence pour empêcher les forces extraconstitutionnelles de casser l’Etat national et d’infiltrer la Révolution populaire. A la question de comment gérer l’après-Bouteflika, Ali Benflis a estimé que la meilleure chose à faire est de donner la parole au peuple pour choisir ou disqualifier ses dirigeants à travers des élections libres et honnêtes.
Se disant d’accord avec la décision de la rue de rejeter l’article 102 tel qu’il est formulé aujourd’hui, il indique que ce dernier ne peut pas apporter la solution à la crise politique actuelle. «L’article 102 ne peut que régler la question du départ du président», explique-t-il, ajoutant que pour le reste, «il faut aller à l’article 7, 8 et 28» avec l’application des demandes du peuple «qui veut le départ d’un système politique éculé et absolutiste». Pour lui, et comme solution à l’impasse, il existe autre chose que l’article 102 pour assurer la transition jusqu’à l’élection d’un nouveau président de la République. «Trois institutions ne peuvent aucunement, en l’état actuel des choses, régler les problèmes de cette succession intérimaire», affirme l’intervenant.
Benflis précise que les présidents du Sénat et du Conseil constitutionnel ainsi que le chef du gouvernement sont disqualifiés et rejetés par la population leur reprochant «à juste titre» leur proximité avec le pouvoir et leur défense acharnée pour un cinquième mandat. «Le Premier ministre est l’artisan du code électoral qui a permis la fraude aux législatives et aux locales passées alors qu’il s’apprêtait à mettre en place une fraude programmée pour le cinquième mandat», souligne-t-il encore.
Benflis suggère aussi que cette présidence désigne un gouvernement de compétences «formé de 15 à 20 personnes» pour diriger cette transition, préparer un code électoral ainsi qu’une commission indépendante chargée d’organiser les élections présidentielles. «Il faut lui donner le droit de légiférer par ordonnance en écoutant toutes les parties pour la rédaction et la confection du code électoral et la commission indépendante», explique-t-il. Quant à sa relation avec le général major Athmane Tartag qui a été démis de ses fonctions de la coordination des services de sécurité, Benflis a révélé qu’il avait été harcelé par le chef du service des renseignements à travers sa mise sous surveillance, soulignant qu’il était un homme non démocratique.