«Ça y est, c’est bon. Benflis président !». Imazighen, Ichaouiyen !». C’est par ces slogans qui fusaient de la bouche d’une dizaine de milliers de personnes que le candidat indépendant Ali Benflis a été accueilli dans la salle omnisports de Batna, située dans le quartier Bouzourane, où réside l’ex-président de la République, Liamine Zeroual.
A peine s’est-il montré que la salle s’enflamme, brandissant les portraits du candidat et de ceux de M. Zeroual, auquel la population voue un très grand respect, mais aussi de l’emblème national.
Le service d’ordre, les nerfs à fleur de peau, a eu tout le mal du monde pour éviter le déferlement des partisans de Benflis sur l’estrade où il se trouvait. Il faut dire qu’Ali Benflis évoluait en terrain conquis. Il s’agit de sa ville natale.
D’emblée, l’ex-chef du gouvernement, qui a eu certainement vent de ce qui s’est passé aujourd’hui à Bejaïa, où Sellal a été empêché de tenir son meeting et les émeutes qui s’en sont suivies, a fait dans la pédagogie, estimant qu’il fait partie des gens qui sortent de l’école de Ben Badis où il a appris que l’insulte et l’invective étaient bannies de son vocabulaire. Invitant ainsi ses partisans et sympathisants de ne pas les adopter comme discours, y compris contre ceux qui usent de ce langage. Et le candidat de lancer, à nouveau, des pics à ses adversaires, dont l’ex-Premier ministre : « Il ne viendrait jamais à l’idée de ceux qui aiment ce pays de créer la fitna et diviser le peuple algérien». Et de lancer sur un ton d’avertissement : « L’Algérie n’est pas à vendre».
Il bifurquera ensuite sur les problèmes locaux qu’il énumèrera un à un. C’est une région totalement démunie, elle est privée de l’autoroute. « Et ses habitants ne disent rien parce qu’ils sont dignes et refusent de tendre la main ». Ali Benflis jouera beaucoup sur la fibre sensible qu’est la guerre de libération que les Batnées vénèrent, ce d’autant qu’ils ont donné pour l’indépendance beaucoup de ses fils, dont Mustapha Benboulaid.
Abordant la question de la corruption, le candidat racontera une histoire qui remonte aux années 70 pour illustrer l’image qu’avait le pays dans le concert des nations.
La communauté internationale voulait trouver un moyen pour lutter contre la corruption et chercher un modèle à adapter pour élaborer une convention internationale. Et c’est vers le modèle de Sonatrach qu’elle s’est tournée. Ali Benflis raconte que du temps de Boumediene, l’entreprise ne signait aucun contrat sans avoir au préalable consulté le bilan financier du potentiel partenaire pour savoir s’il ne traînait pas derrière lui des contrats douteux. « Sonatrach était un modèle de la bonne gestion. Regardez où nous sommes arrivés aujourd’hui ! », clame l’ex-chef du gouvernement qui terminera son intervention en quémandant les voix de l’assistance.
De notre envoyée spéciale à Batna Faouzia Ababsa