Benflis, le FIS, les harkis, les frontières et le MAK

Benflis, le FIS, les harkis, les frontières et le MAK

Une campagne électorale, dans les pays où le vote à un sens, obéit à des impératifs rigoureux qui empêchent toute surenchère politique ou dérive éthique. Généralement, il y a un consensus entre les candidats pour ne pas franchir des lignes rouges qui mettraient en péril le destin du pays sans lequel il n’y a ni élection, ni démocratie, ni politique tout court.

Et si pour un homme politique l’aspiration à la magistrature suprême est légitime, les moyens d’y parvenir le doivent l’être aussi. Ce qui ne semble pas être le cas en Algérie. Mais encore plus pour le candidat Ali Benflis, visiblement prêt à toutes les compromissions et à toutes les mésalliances pour espérer devenir président de la république.

Au tout début de sa campagne, il a commencé à multiplier les appels du pied aux islamistes, toutes tendances confondues en espérant capter leur voix. Des contacts sont ainsi noués avec les cadres de l’ex Fis, notamment Ali Djeddi, Abdelkader Boukhamkham, Ahmed El Marani, El Hachemi Sahnouni et Kamel Guemazi le bras droit de Ali Belhadj. En échange d’un soutien à sa candidature, Ali Benflis a promis la réhabilitation de l’ex FIS, dans le cadre de son projet de « Constitution consensuelle », une fois élu.

Oubliant pour le coup que ce sont bien ces islamistes qui ont la responsabilité politique et morale de la crise vécue par l’Algérie pendant dix ans, avec ses 200.000 morts, ses milliers d’orphelins, ses milliards de dégâts, sans compter le profond traumatisme psychologique.

Ce bilan est à mettre au seul débit des islamo-terroristes, les algériens qui vont mettre leur bulletin dans l’urne jeudi prochain s’en souviendront et n’oublieront surtout pas de sanctionner ceux qui cherchent à ramener l’Algérie à la case départ.

Autre époque autre traumatisme, celui causé par les harkis, ces algériens qui ont pris le parti de l’Occupant en devenant des supplétifs de l’armée coloniale. Ceux là aussi ont été une redoutable machine à broyer leurs compatriotes. Benflis, là aussi veut faire main basse sur le passé alors que les blessures sont toujours béantes.

Dans sa démarche désespérée consistant à faire feu de tous bois, Benflis a voulu s’emparer d’une autre fibre aussi sensible : la réouverture des frontières avec le Maroc, pour, selon ses arguments, faire aboutir le rêve maghrébin.

Le rêve Maghrébin est naturellement partagé par tous les algériens convaincus du destin commun des deux peuples frères. Sauf que le blocage ce n’est certainement pas l’Algérie qui en est responsable. Benflis, lui-même enfant du système aujourd’hui repenti, ou le fait-il croire, connait bien la question. C’est ce qui rend d’autant plus incongrue sa proposition aux yeux de l’opinion algérienne désireuse de la réouverture de la frontière, mais certainement pas sur le dos de l’Algérie.

Dans sa vaine tentative de ratisser large, quitte à vouloir marier la carpe avec le lapin, le candidat Benflis fait également les yeux doux aux séparatistes du MAK, en leur proposant dans le cadre de son projet politique, la régionalisation, qui signifie dans l’esprit du MAK séparation.

Mais force est de constater que toutes ces propositions, ou plutôt ces surenchères sont aux antipodes des intérêts de l’Algérie que Benflis, la main sur le cœur, jure de défendre. A moins que cette cascade de dérives ne soit le signe d’une panique d’un candidat qui ne croit plus en ses chances face au champion du système dont les propositions offrent au moins la garantie de continuité et de stabilité. Ce qui n’est pas peu de chose dans un environnement régional propice aux « printemps » dévastateurs.