Benflis à l’occasion de la présentation de son livre blanc sur la fraude «Nous sommes dans la vacance du pouvoir»

Benflis à l’occasion de la présentation de son livre blanc sur la fraude «Nous sommes dans la vacance du pouvoir»
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Il ne comporte ni la date ni le mois d’impression et encore moins le nom de la maison qui l’a édité. Le livre blanc sur la fraude électorale du 17 avril 2014 a été présenté aujourd’hui par Ali Benflis à l’occasion d’une conférence de presse animée dans une somptueuse villa sur les hauteurs d’Alger.

Un livre blanc qu’il s’était engagé à publier dans les trois semaines qui auront suivi le point de presse qu’il avait animée un certain 23 avril 2014. Mais qui n’a finalement vu le jour que depuis une semaine, selon lui. Il en expliquera les retards par la multitude d’entraves et d’embûches qu’il a rencontrés dans la collecte des informations, des témoignages et des documents. Il en énumère cinq.



« Il y a eu d’abord le premier obstacle de la crainte compréhensible des représailles ». Car « le régime est coutumier de cette manière d’agir. (…) Cette menace pesante, harassante et dissuasive a contribué à assécher les sources de témoignages directs et nominativement assumés. » Des témoignages, selon l’ex-candidat aux présidentielles d’avril dernier, « concordants et crédibles et de rapports circonstanciés concourant tous à établir que lors des dernières élections présidentielles la fraude a atteint des sommets de par son ampleur, sa complexité et la sophistication de ses procédés. » Dès lors, les rédacteurs ne pouvaient prendre le risque d’étaler tous les faits récoltés « sans porter la lourde responsabilité de désigner les auteurs à la vindicte de l’appareil politico-administratif et de les exposer à ses châtiments les plus sévères. »

La seconde embûche à laquelle l’ex-chef du gouvernement a eu à faire face est, d’après lui, l’omerta, c’est-à-dire la loi du silence. « La fraude n’est pas un acte isolé estime Ali Benflis. Elle n’est même pas un ensemble d’actes isolés les uns des autres. Elle s’opère en système organisé. Et chaque partie de ce système est solidement tenue par cette omerta que n’oserait enfreindre ». Comme lors de sa déclaration après la proclamation des résultats du scrutin du 17 avril dernier, M. Benflis mettra en cause les institutions de l’État. « Des institutions républicaines de même que des administrations nationales et locales opèrent à l’intérieur de ce système et servent à huiler tous ses mécanismes de hautes précisions ».

LG Algérie

L’opacité qui caractérise l’ensemble des processus électoraux constituent pour l’intervenant la troisième entrave à la rédaction du livre blanc. Cela, en plus de la tâche ardue du traitement de l’acte de fraude. Celle-ci « est présentée à toutes les étapes du cheminement. Elle débute avec la prétendue actualisation du fichier électoral et s’achève avec la proclamation de faux résultats du scrutin (…). »

Le dernier obstacle, il a trait à la publication du livre blanc en lui-même. Ali Benflis dira aux journalistes présents que ce qu’ils avaient entre les mains n’était pas « un livre publié dans les règles de l’art. » Il ne se l’explique d’ailleurs pas ; « Je ne sais pas si c’est par l’autocensure ou par la pression que sa publication a été contrariée. »

L’ex-secrétaire général du FLN est arrivé à la conclusion en publiant ce livre que « la fraude en tant qu’instrument de pouvoir, est devenue un système pourvu de sa propre cohérence, de sa propre logique et de sa propre raison d’être. » Un système que le candidat malheureux appelle une « coalition pour la fraude ».

S’adonnant au jeu des questions réponses et à l’interrogation émise par L’Éconews qui voulait savoir si l’objectif de la sortie de ce livre était de dire que le président annoncé par le conseil constitutionnel était perdant et que Ali Benflis allait se proclamer président de la République, où est-ce qu’il s’agit d’un acte politique pour l’inscrire dans l’histoire politique de l’Algérie, il répondra : « j’ai déjà dit, immédiatement après la proclamation des résultats, que je ne les reconnaissais pas. Pour moi, il n’y a pas eu d’élections. Il s’agit d’un pouvoir de fait. Toutefois, je suis un homme pacifique. La publication est un acte pédagogique envers le peuple. »

D’autre part, le conférencier évoquera ce qu’il appelle la paralysie des institutions en l’absence d’activités du président de la République, qui selon lui ne tient pas plus de quatre conseils des ministres par an alors que ce conseil est hebdomadaire sous d’autres cieux. D’où « l’effritement des centres de décisions. Nous sommes passés par la décennie rouge, la décennie noire, aujourd’hui nous sommes dans la décennie de vacance du pouvoir. » La solution réside dans la prise de leurs responsabilités du conseil constitutionnel et de l’Assemblée nationale, ainsi que d’autres institutions habilitées. « Il n’est pas dans mes prérogatives de faire appliquer l’article 88 de la constitution ».

Quant au contenu du livre il reprend la genèse de tout ce qui s’est passé, avant, pendant et après les élections présidentielles, mais il rassemble également plusieurs procès-verbaux des bureaux de vote entachés d’irrégularités, mais aussi les pratiques antidémocratiques ayant présidé au trafic dans les ces mêmes bureaux.

Faouzia Ababsa