Objet de foisonnantes spéculations depuis le 15 avril 2011, date à laquelle le président Bouteflika avait annoncé des “réformes politiques profondes”, le projet de révision de la Constitution commence à prendre forme concrètement. À ce propos, cette semaine aura été décisive, à la faveur du deuxième Conseil restreint au cours duquel le projet a été définitivement acté et validé.
En attendant que la copie du projet définitif soit portée à la connaissance du public et que le Conseil constitutionnel donne son avis sur la voie qui sera choisie pour son adoption, on en connaît déjà les grandes lignes. Il s’agira, notamment, de la consolidation de l’unité nationale, à travers le renforcement des composantes de l’identité nationale, de la protection des droits et libertés des citoyens, et le renforcement de l’indépendance de la justice, l’approfondissement de la séparation et de la complémentarité des pouvoirs, le renforcement du rôle parlementaire de l’opposition et une réponse favorable à son immuable revendication de mise en place d’une commission indépendante pour le suivi et le contrôle des futures consultations électorales.
Des têtes de chapitre qui, à première vue, sont porteuses de belles promesses qui s’inscrivent dans la perspective d’une plus grande démocratisation du pays. À en croire ainsi le texte du Conseil des ministres, l’année 2016 vivra un grand tournant sur le plan politique et institutionnel avec une batterie de projets de lois tous azimuts qui seront à la fois l’expression et la traduction de l’ambition portée par la nouvelle Constitution. Et tout en accordant au pouvoir le crédit de la bonne foi, en pensant notamment qu’il n’a plus l’obsession de sa propre survie, la question est de savoir alors jusqu’où il ira dans ses velléités de réformes, sachant que la mise en place d’un État de droit, tel qu’il est affirmé dans le communiqué de la Présidence, ne s’accommode guère de demi-mesures. Où on est un État de droit ou on ne l’est pas. Car aujourd’hui la problématique se pose dans ces termes.