Une scène anodine en apparence, mais aux résonances diplomatiques lourdes, s’est jouée ce mardi à New York, dans la salle feutrée du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU). Alors que le représentant permanent de l’Algérie, Amar Bendjama, prononçait comme à son habitude son intervention en français, il a, à la surprise générale, poursuivi son allocution dans un anglais impeccable.
Un changement de cap linguistique qui n’a pas manqué de provoquer un moment de flottement du côté de la délégation française, sous l’œil attentif des caméras. La séquence a fait le tour des réseaux sociaux, notamment sur X.
Sur les images, on aperçoit Jean-Noël Barrot, ministre français des AE délégué chargé de l’Europe, visiblement déconcerté. Sourcils froncés, bras croisés et regards nerveux échangés avec ses conseillers…
La gestuelle du ministre n’a échappé ni aux analystes du langage corporel, ni aux internautes, qui ont rapidement interprété cette posture comme une marque de désapprobation. Mais derrière cette réaction, que dit vraiment ce court instant de diplomatie non verbale ?
Amar Bendjama s’exprime en anglais au CSNU : la réaction de la délégation française ne passe pas inaperçue
Pour beaucoup d’observateurs, ce passage soudain du français à l’anglais par Amar Bendjama n’avait rien d’improvisé. Il portait un message, celui d’une Algérie qui s’adresse à la communauté internationale dans une langue universelle.
En effet, ce « décrochage » linguistique a été perçu, côté français, comme une provocation subtile. Voire comme un acte de rupture symbolique. Sur les réseaux sociaux, les commentaires ont fusé, entre moquerie des expressions figées de Jean-Noël Barrot et salve d’analyses géopolitiques.
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Certains y ont vu « une gifle diplomatique ». D’autres saluent « une manœuvre brillante et mûrement pensée », soulignant que ce virage vers l’anglais ne relève pas de l’accidentel, mais de la stratégie assumée.

Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires Étrangères
Un épisode qui s’inscrit dans un contexte plus large de tensions franco-algériennes
Si l’incident paraît anecdotique, il intervient dans un climat de relations bilatérales tendu. Paris a multiplié les provocations à l’égard d’Alger, et ce, depuis plusieurs mois. D’un point de vue économique, la France reste néanmoins l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Algérie. Notamment dans le secteur de l’énergie.
Mais cette crispation pourrait affecter les mécanismes de coopération, y compris sur des sujets stratégiques comme la sécurité au Sahel. Une région instable, où Alger joue un rôle de pivot.
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En somme, cet épisode est, pour certains, un simple détail. Pour d’autres, ce changement de langue au beau milieu d’un discours s’inscrit, à l’échelle symbolique, dans une longue histoire de redéfinition des rapports postcoloniaux.
Et si Jean-Noël Barrot a réagi avec crispation, c’est peut-être parce que, dans ces quelques phrases prononcées en anglais, s’est exprimée une revendication silencieuse, mais puissante, celle d’un repositionnement.