Benchikha raconte son histoire en photos (Deuxième partie) : «Mon but à Médéa a provoqué des blessés»

Benchikha raconte son histoire en photos (Deuxième partie) : «Mon but à Médéa a provoqué des blessés»

Dans cette deuxième partie de notre entrevue, le sélectionneur national, Abdelhak Benchikha, nous raconte son parcours de footballeur en s’appuyant sur des photos qu’on vous propose pour la première fois.

Benchikha qualifie son passage à la JS El Biar d’exceptionnel où il a joué aux côtés de joueurs considérés parmi les meilleurs en Algérie, à savoir El Hadi Larbi, Nacer Bouiche, Abdeslam Bousri. Il ne manquera pas aussi de nous dire qu’il a été incarcéré à deux reprises. Une fois, c’était lors des douloureux événements du 5 octobre 88.

«Mon but à Médéa a provoqué des blessés»

«On a réalisé avec le Mouloudia un parcours exceptionnel lors de la saison 1985-1986 en D2. Avec la présence de Boukhari, je ne jouais pas régulièrement, mais j’ai gardé de bons souvenirs avec une accession au bout. Lors de la dernière rencontre à Médéa, la mission n’était pas facile. Le MCA était l’équipe à battre. Le stade était plein à craquer.

LG Algérie

Médéa menait au score et on se dirigeait vers notre première défaite de la saison. Dans les dernières minutes, j’ai marqué un but qui a permis au MCA de terminer la saison sans la moindre défaite. Mais ce but a provoqué des actes de violence et des victimes du côté du Mouloudia, parmis elles un militaire de Bouzaréah. Deux saisons, après j’ai décidé de rejoindre Bacha à El Biar.»

«J’ai joué avec les sélections juniors, Espoirs, universitaire et l’EN B»

«Je n’ai pas eu la chance de jouer avec l’EN A, mais j’ai eu l’honneur de porter les couleurs nationales en catégories jeunes. En juniors avec l’entraîneur Noureddine Saâdi, on a été éliminés par la Tunisie lors des éliminatoires de la Coupe du monde. J’ai joué avec les Espoirs sous la coupe de Bouzid Lyès et l’équipe B qui a été créée en 1985. J’étais proche de Boulahdjilet et Rachid Aït Mohamed avec qui j’étais à l’ISTS. Bentayeb était aussi un ami. «Bibiche» était un buteur, il a d’ailleurs marqué un doublé contre la Tunisie au stade d’El Menzah contre El Ouaâr, Tlemçani et El Mahdjoubi, comme le montre cette photo. C’était un match qui s’est joué après l’agression dont a été victime Belloumi en Libye et qui a défrayé la chronique à l’époque.»

«J’ai joué à El Biar avec le meilleur milieu défensif en Algérie»

«J’ai passé des moments exceptionnels à El Biar. C’était une expérience extraordinaire pour moi, car j’ai joué aux côtés d’un groupe de joueurs exceptionnels. Vous pouvez les voir sur cette photo. Il y a le gardien international El Hadi Larbi, Athmane Ibrir, Abdeslam Bousri, Ouguenoun, Chafaï, Djebbar, Bouraï, avant que Bouiche Nacer nous rejoigne. Sans oublier Djefdjaf que je considère, à l’instar de Kaci-Saïd, comme le meilleur milieu défensif en Algérie. Il a réalisé une saison exceptionnelle, alors qu’il était en fin de carrière. Djefdjaf n’est pas n’importe quel joueur, il a d’ailleurs mis son son aile le grand Platini lors du match amical Algérie-Juventus. El Biar avait beaucoup de moyens à l’époque. Je dois préciser, par ailleurs, que je n’ai pas bénéficié d’un magasin qui me revenait de droit au Centre commercial d’El Biar. J’ai en ma possession la décision d’octroi, mais… Vous savez, ce ne sont pas que les privilèges financiers qui comptaient, on était comme une famille.»

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«Laroum refusait toujours de se faire prendre en photo»

«Cette photo avec Farid Bengana, l’ex-défenseur de l’USMA, a été prise aux EAU. On s’est déplacés avec Serrar, Laroum et les autres avec la sélection universitaire dans les années 80, pour participer au tournoi de Dubaï où on a été sacrés champions. Boualem (Laroum) a refusé de se faire prendre en photo avec nous. Comme tout le monde le sait, il était déjà barbu. Il était à cheval sur la religion depuis longtemps et il restera un très bon ami, comme Bengana d’ailleurs qui est, en plus d’être un enfant du quartier et de l’USMA, un cousin à moi.»

«On était vraiment fiers de notre victoire contre l’Entente qui a battu Al Ahly du Caire»

«C’est une photo de la rencontre JSEB-USMB, en D2. C’était en 1988 et je portais le brassard de capitaine d’équipe et on voit aussi le capitaine de Blida, Hakim Zane. On a gagné ce match, mais notre victoire, une semaine auparavant, face à l’armada sétifienne, nous avait comblé de bonheur. On leur a marqué deux buts avant leur déplacement au Caire pour affronter Al Ahly en demi-finale de la Coupe d’Afrique des clubs champions. Cette victoire était considérée comme un exploit pour nous. Je garde toujours le contact avec El Biar au point où certains me prennent pour un enfant de ce quartier.»

«J’ai été enfermé en «prison» à cause de Kaci-Saïd»

«Là, j’étais sous les drapeaux à l’EAT (Ecole d’Application de Transmission) de Koléa à l’époque où je jouais à la JSEB. J’étais au service des sports sous les ordres du colonel Abdellaoui. J’ai disputé deux finales de Coupe d’Algérie militaire. On a perdu la première aux tirs au but. On a joué en ouverture du match de Coupe d’Algérie USMA-CRB remporté par les Usmistes.

J’ai reçu ma médaille des mains du président Chadli Bendjedid, en présence de grandes personnalités de l’Etat, comme Kasdi Merbah, Messaâdia, Taleb El Ibrahimi. Là, c’est mon camarade Tebbal, le gardien du RCK. C’est une photo très importante pour moi, car ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre le président de la République. J’ai eu le privilège de rencontrer par la suite le président Bouteflika à plusieurs reprises. J’ai joué une deuxième finale la saison d’après qu’on a gagnée avec le défunt entraîneur Benfeddah.

Kaci-Saïd était avec moi et je suis rentré en prison à cause de lui. Je lui ai asséné un coup au visage au cours d’un match d’entraînement et il avait perdu quelques dents. On était sous pression puisqu’on nous a refusé la sortie de la caserne, alors que j’étais habitué à me fuir avec ma BMW que je garais non loin de la caserne. Je suis resté 24 heures au cachot avant que le colonel ne me relâche, du moment que l’équipe avait besoin de mes services. On a gagné la coupe avec au bout la quille. Je suis, jusqu’à ce jour, en contact avec le colonel Abdellaoui qui est toujours fier de ce qu’on a réalisé ensemble.»