Benchikha ne voulait pas démissionner

Benchikha ne voulait pas démissionner
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Abdelhak Benchikha n’a pas survécu au cuisant 4-0 de Marrakech. Le départ du sélectionneur a été entériné dès le coup de sifflet final de l’arbitre par la FAF qui pondait sur son site Internet un communiqué à 3h00 du matin dans lequel était annoncée la démission de Benchikha. Si cette information n’a pas surpris le public, elle a sonné résolument controversée dans la tête de ses proches.

Ceux-ci s’attendaient à une certaine réserve du coach qui, quelques minutes auparavant, avait informé qu’il se donnait quelque deux à trois jours avant de se prononcer sur son avenir. A ce moment-là, Abdelhak Benchikha n’a pas voulu réagir à chaud. Bien qu’au fond de lui-même, il se savait partant, preuve en est, il l’avait annoncé quelques minutes auparavant aux joueurs, il a pensé bon de temporiser au lendemain tout au moins pour en informer le président de la fédération de sa décision et, si besoin est, lui rédiger sa démission dans la foulée. Emotif qu’il est, logiquement, Benchikha n’aurait pas attendu. Pourquoi alors avoir déclaré en conférence de presse qu’il décidera de son avenir une fois rentré au pays pour, ensuite, l’officialiser quelques instants après ? Retour sur un départ forcé.

Soutenu par le vestiaire

Nous rapportions sur ces mêmes colonnes une déclaration de Benchikha qu’il avait faite en toute spontanéité en conférence de presse : «Ou je gagne, ou je pars.» Cette déclaration avait échappé au sélectionneur au beau milieu d’un discours qui tournait autour des modalités de son contrat avec la FAF. Le pensait-il alors ? Au fond de lui sans aucun doute, même s’il était loin d’imaginer que son avenir s’arrêterait là, dans le «temple» de Marrakech en cette douce soirée de samedi. Le cuisant quatre à zéro ne laissait plus de place au doute. Dans le chemin menant aux vestiaires, Benchikha avait déjà pris sa décision. «Je m’en vais. J’assume mes responsabilités», a-t-il annoncé aux joueurs dans les vestiaires, «remerciant tout le monde au passage pour les beaux moments passés ensemble», nous confiait une source sûre. Coup de théâtre ! Des joueurs s’y sont opposés. Ziani et Djebbour en tant que cadres se sont levés pour dire à leur coach que c’était à eux les joueurs d’assumer la responsabilité de cet échec. D’autres voix se joindront à celles de Ziani et Djebbour et Benchikha rentre à l’hôtel conforté par le soutien du vestiaire. Tous ces événements se sont déroulés avant la conférence de presse. Abdelhak Benchikha, qui s’était présenté quelques minutes plus tard devant les journalistes, avait encore les idées confuses. Partira ? Partira pas ? Lui-même ne le savait pas encore pour contenter ceux qui le lui demandaient par une réponse du genre «Je m’en vais !» A défaut de ça, il a juste déclaré qu’il se donnait deux jours pour trancher, comme la plupart des organes de presse présents sur place l’ont rapporté le lendemain. Seulement, entre ce moment et celui où le communiqué de la FAF a été décidé, des choses se sont produites.

LG Algérie

La visite de Mohamed Raouraoua

Le président de la fédération est allé voir le sélectionneur dans sa chambre pour lui demander de rédiger sa démission. Il lui a expliqué, ajoute notre source, que le pays bouillonne et qu’il fallait qu’il s’en aille histoire de calmer un peu les esprits. Du moins momentanément. Car le président de la fédération, rapporte la même source, n’a pas signifié à Benchikha son départ définitif de la sélection. «Tu peux continuer avec nous du moment qu’il sera difficile de trouver un sélectionneur en ce moment», lui a-t-il expliqué. Abdelhak Benchikha était dans son droit de dire non. D’attendre, au pire, qu’on le vire non sans lui signer un beau chèque en guise de dédommagement. Mais il a accepté. La lettre de démission rédigée, la FAF l’entérine dans la foulée, un communiqué est diffusé, une page est tournée.

Un cas Saâdane bis

Les circonstances du départ de Benchikha nous rappellent curieusement la façon avec laquelle son prédécesseur a été débarqué. Tout comme Benchikha, Saâdane n’a pas voulu démissionner après le match nul face à la Tanzanie à Blida. Mais il finira par changer d’avis au sortir d’un face-à-face avec le président de la FAF. C’est à croire que l’histoire s’est répétée mais avec un casting légèrement remanié, du moins à un élément près !

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«Je prends tout sur moi»

Abdelhak Benchikha n’était pas descendu de l’avion qui ramenait hier au pays une partie de la délégation des Verts. Le désormais ex-sélectionneur a préféré s’envoler vers Paris afin de se faire oublier un peu, sachant qu’il lui sera impossible d’aspirer à un peu de tranquillité au pays en ces temps qui courent. Accompagné par Abdelhafid Tasfaout, le «Général» déchu a atterri dans le sud de la France hier en début de soirée. Avant d’embarquer, nous l’avons accosté dans le hall de l’aéroport de Casablanca. La mine défaite, le regard vide, il a très peu dormi, c’est certain. Il a dû ressasser interminablement ce Maroc-Algérie qui a vu ses espoirs s’évaporer. «Je présente mes excuses au peuple, je sais qu’il a été déçu. Je prends tout sur moi», a déclaré le désormais ex-sélectionneur national qui n’arrivait pas encore à s’expliquer cette bérézina.

«J’ai voulu une équipe comme celle des premières minutes»

Ce que le sélectionneur regrette en premier, c’est le fait que son équipe n’ait pas tenu jusqu’au bout. «Nous avons bien débuté. On a été quasiment parfaits sur les 20 premières minutes. C’était le scénario que je voulais. J’avais préparé mon équipe à jouer comme ça. A presser haut, à ne rien lâcher, mais on s’est effondrés après la demi-heure de jeu», a regretté Benchikha.

«Je ne peux digérer cela du jour au lendemain»

Abdelhak Benchikha aura besoin de temps avant de pouvoir tourner la page. «Je suis abattu. Je peux toujours comprendre la déception du peuple, mais la mienne est encore plus grande. Je ne m’explique pas encore ce qui s’est passé ici. C’est clair, il me faudra du temps pour tout digérer», a confié Benchikha qui s’est envolé, comme nous le disions, à destination de Marseille pour oublier un peu.