Benchikha «Le Mouloudia ne serait pas descendu si j’avais continué ma mission»

Benchikha  «Le Mouloudia ne serait  pas descendu si j’avais  continué ma mission»

Dans cette quatrième et dernière partie de son parcours, Abdelhak Benchikha nous relate ses différentes expériences avec les clubs algériens qu’il a eu à entraîner. Il affirme que le Mouloudia d’Alger ne serait pas relégué en seconde division si les responsables l’avaient laissé continuer sa mission tranquillement, alors que l’USMH avait toutes les chances de retrouver l’élite si elle n’avait pas été victime de règlements de comptes en louant au passage la saison qu’il a passée avec Zoubir Ghanem à Bel Abbès. Le sélectionneur national regrette en parallèle d’avoir pris en main l’équipe du CABBA, avant d’évoquer son aventure avec le Club Africain, qu’il qualifie de déterminante dans sa carrière d’entraîneur.

«Je voulais rendre service à Bordj Bou Arréridj, mais j’ai commis la plus grosse erreur de ma vie»

«Mon expérience avec le CABBA, je la résumerais en deux mots : c’était la plus grosse erreur que j’ai commise dans ma carrière d’entraîneur, ou de ma vie. Lorsqu’on m’a contacté, je ne voyais pas d’inconvénient et je souhaitais réussir dans le club de la ville qui m’a adopté et où j’ai grandi. Bordj est ma ville et je voulais lui rendre service. Malheureusement, ce n’était pas le cas. Alors que toutes les autres équipes ont achevé leur préparation, le CABBA était sans président. J’ai rejoint l’équipe à dix jours du début du championnat. Nous nous sommes préparés pendant dix jours seulement, et j’ai expliqué aux dirigeants que les premières rencontres de la saison nous serviront de matches de préparation et que l’équipe avait besoin de temps pour trouver ses repères. Mais je me suis retrouvé à la croisée des chemins, et je regrette complètement mon expérience avec ce club que je considère comme le point noir dans ma carrière. En parallèle, mon expérience avec le président Zoubir Ghanem à Bel Abbès était positive. La preuve, on a joué l’accession avec le Mouloudia.»

«Madjer m’a proposé à Oum Salal avec qui j’ai réalisé une accession historique»

«Après l’équipe Espoirs, je suis parti au Qatar où j’ai entraîné Oum Salal, un club de deuxième division à qui m’a proposé Madjer. Je suis resté une saison où j’ai réussi de bons résultats avec une historique accession à la clef et une coupe de deuxième division. On a participé à la Coupe du Golfe des clubs à la place d’Al Khor qui a duré 15 jours au Koweït avec la présence de clubs comme Al Wasl (EAU) et Al Refaâ (Bahreïn). Après une belle saison, j’ai décidé de partir, après avoir lu une déclaration du vice-président du club qui affirmait que son équipe engagera un entraîneur étranger de renom. C’est un complexe d’infériorité dont souffrent beaucoup de clubs dans le monde arabe et qui préfèrent toujours un entraîneur étranger. Le président du club, Cheikh Djasem

Al Tani, a essayé de me convaincre de rester, mais j’ai refusé et je suis parti en Tunisie.»

«Le Club Africain a été un virage décisif dans ma carrière d’entraîneur»

«Le Club Africain a été un virage déterminant dans ma carrière d’entraîneur. Cette expérience de deux ans a été une occasion pour moi de montrer ce que je valais. J’ai offert le titre à l’équipe après 12 ans d’attente. Et on a gagné le titre de champion de l’UNAF des clubs champions dans sa première édition. On a atteint les demi-finales de la Coupe de la CAF, et on a battu plusieurs records. J’ai réussi également au niveau des matches locaux. En quatre confrontations contre l’Espérance de Tunis, j’ai gagné trois matches et concédé un nul. J’ai été aussi le premier entraîneur à avoir permis au Club Africain de gagner en aller et retour contre l’EST après 29 ans.»

«On a formé une équipe d’avenir à El Harrach, mais on ne nous a pas laissés travailler»

«Celle-là a été prise avec l’USMH, une expérience que je regrette aussi. Certains ne m’ont pas laissé travailler tranquillement afin de réaliser l’objectif tracé avec l’ancien président, Manaâ. Figurez-vous qu’on était premiers tout au long de la phase aller, alors que certains se permettaient de m’insulter. Je ne les considère pas comme des supporters, mais des opposants qui n’aimaient pas Manaâ et voulaient régler des comptes. Je faisais un énorme travail, j’étais en train de préparer une équipe d’avenir avec des jeunes que j’ai lancés, comme Harkat, Guessoum entre autres. Après avoir perdu contre l’OMR, j’ai été contraint de quitter le club. Manaâ a essayé de me faire changer d’avis en m’affichant son soutien, en vain.»

«J’ai trouvé le Mouloudia avec deux points et je l’ai quitté à sept journées de la fin de saison»

«C’est une photo qui date de l’époque où j’entraînais le Mouloudia. J’ai quitté le Chabab suite à des problèmes survenus à l’issue de la rencontre de la Coupe d’Afrique contre le club angolais, Petro Atlético. Personne n’a demandé après moi, et c’est là que j’ai reçu une demande du MCA. Je l’ai trouvé avec deux points seulement après sept journées de championnat. On a terminé la phase aller à la quatrième place et les supporters ont commencé à parler du titre. On a réalisé de belles victoires, à l’image de celle contre le CRB, la première depuis sept ans, celle contre le RCK avec neuf joueurs, contre le MCO et le point du nul arraché à Tizi Ouzou dans des conditions sécuritaires très difficiles.

Les coups bas ont commencé juste après. A sept journées de la fin de la saison, alors qu’on était à Blida pour affronter l’USMB, un ami s’est approché de moi pour m’apprendre que Harouni, que Dieu ait son âme, se trouve dans la tribune, à la demande des dirigeants. On a perdu le match dans des conditions pas du tout normales, suite à quoi on m’a limogé. Ils l’ont payé cher. Aujourd’hui, je dirais que le Mouloudia ne serait pas relégué s’ils m’avaient laissé continuer de travailler tranquillement. Je n’aurais jamais laissé les joueurs quitter le terrain à Batna. La défalcation d’un point leur a coûté la relégation. Cela dit, je ne regrette pas cette expérience où j’ai ressenti des sensations exceptionnelles.»

«Zemmamouche, Metref et les autres se sont illustrés en Espoirs, Benattia et Boussefiane m’ont déçu»

«En 2004, j’ai pris en main l’équipe nationale Espoirs avec laquelle on a participé au tournoi de l’Amitié au Qatar. On a battu le Japon et la Biélorussie. On a fait match nul avec le Qatar avant de perdre contre la Corée du Sud en demi-finale. Une équipe coréenne dont les joueurs ont joué en Europe par la suite. On s’est illustrés également dans les jeux Islamiques.

Le plus important, c’est d’avoir contribué à l’épanouissement de certains jeunes joueurs que je mettais en position de force vis-à-vis de leurs clubs. A l’image de Zemmamouche qui était troisième gardien de but à l’USMA. Son rendement avec la sélection a poussé ses dirigeants à compter sur lui. Idem pour Metref et des autres qui sont devenus des joueurs titulaires dans leurs clubs. Certains ont continué leur ascension alors que d’autres m’ont déçu, comme Benattia qui était un joueur exceptionnel. J’ai même parlé à Robert Waseige pour qu’il l’intègre en équipe première. Malheureusement, son parcours ne reflète pas mes attentes. Idem pour Boussefiane, qui avait la possibilité de progresser, mais ce n’était pas le cas.»