Abdelhak Benchikha n’a pas été gâté par les écrits de la presse, ni par la furia des supporters des Verts qui ont fait le déplacement au Luxembourg, eux qui croyaient qu’ils allaient assister à la renaissance de la sélection de leur pays.
Tout ce beau monde a tenu à faire passer son propre message,……chacun à sa façon, pour crier son désarroi vis-à-vis de la situation dans laquelle s’est retrouvée l’EN quelques mois seulement après avoir pris part à la plus prestigieuse des compétitions au monde, la Coupe du monde.
«Help me !» C’est le message que passaient des cadavres à une jeune fille travaillant dans une morgue pour qu’elle les sauve, elle qui revit les journées, dans une série TV américaine bien sûr, non pas dans la réalité.
«Aidez-moi !», c’est-à-dire le même message, est aussi utilisé par les entraîneurs de la sélection algérienne depuis quelque temps, quand ils se sentent dos au mur. Ainsi, après Rabah Saâdane qui a appelé tous les amoureux de son équipe à rester derrière lui avant le Mondial et éviter de casser ce qui a été construit, c’est au tour de l’actuel driver de l’EN d’utiliser cette carte.
Pas facile de se sentir seul au monde !
Hier, à l’aéroport et au moment où l’équipe s’apprêtait à embarquer en direction d’Alger, on s’est rapprochés de Benchikha pour lui chiper quelques mots. Visiblement touché par plusieurs choses, dont les vives critiques qu’il a essuyées au lendemain du nul face aux amateurs luxembourgeois, le Général ne s’est pas montré bavard.
Il s’est refusé à toute déclaration, mais il a tenu à lancer un message au peuple algérien à travers les envoyés spéciaux de Compétition : «Aidez-moi !» Deux mots qui en disent long sur la situation dans laquelle se retrouve l’ancien driver du Club Africain, lui qui nourrissait des espoirs à travers ce stage pour remobiliser ses troupes et gagner la confiance qui fuit cette pauvre équipe depuis les déboires enregistrés dès la fin du Mondial, et qui se retrouve carrément au point de départ.
C’est la raison pour laquelle on vous parlait hier d’un stage gâché au moment où la FIFA n’offrira qu’une dernière chance à l’EN, une date pour préparer le décisif match face aux Lions de l’Atlas.
Il veut que chacun mette sa pierre à l’édifice
En lançant ce message à ses compatriotes, Benchikha aura compris qu’il est désormais devant le fait accompli. Le groupe est là, et il ne pourra désormais plus faire de nouvelles révolutions dans l’effectif, car le temps, comme il l’a d’ailleurs toujours déclaré, «est notre principal ennemi». Face à cette situation critique, Benchikha a décidé de faire appel à l’aide de tout le monde, des journalistes, tout d’abord, qu’il veut mettre de son côté pour tenter un dernier baroud d’honneur ensemble avant l’épilogue de cette énième campagne qualificative pour la CAN 2012.
Dur d’entendre le public scander le nom de son prédécesseur
Le 17 novembre dernier, le public était nombreux au stade Barthel au Luxembourg, la partie, peu convaincante des poulains de Benchikha, l’a laissé sur sa faim. Avant même la fin de la partie, tout le monde s’est levé comme un seul homme pour scander le nom de Cheikh Saâdane dont ils regrettent déjà le départ, apparemment. Une réaction à laquelle Benchikha ne s’attendait guère, croyant qu’il aura, à l’image de son prédécesseur, droit à l’erreur, oubliant que cette sortie était l’avant-dernière de son équipe avant le dernier test du 9 février 2011.
Prolonger la patience
Aider l’EN veut dire aussi aider Benchikha, selon les dires de ce dernier. Il a fait ses choix en éliminant de son effectif quelques noms importants, et il veut, à présent, que l’Algérie adhère à son régime, à sa méthode… Ce message qu’il a tenu à passer à ses compatriotes veut dire que l’opération reconstruction de l’EN enclenchée depuis sa venue doit être soutenue, car il croit que c’est tout le pays qui est en train de baisser les bras après la prestation à la limite du médiocre face aux amateurs du Luxembourg, oubliant que ses choix, notamment ceux relatifs à sa convocation à un maximum de joueurs locaux, furent salués par ce même public il y a quelque jours.
Mais la dure réalité à laquelle on a assisté au Luxembourg, avec la reconduction du même groupe pro habituel, nous a vite fait redescendre sur terre, car les locaux n’ont été utilisés qu’en tant que remplaçants, contrairement à ce que le public espérait.
Patient, comme il l’a toujours été, le public algérien acceptera volontiers de prolonger sa patience, car c’est la seule façon avec laquelle il pourra aider le sectionneur national. A lui maintenant de faire le nécessaire pour gagner son estime, quant aux critiques objectives de la presse, Saâdane en connaît, sans doute, quelque chose. La seule façon de s’en sortir, c’est de les prendre tout simplement en considération.