Pas plus tard qu’il y a quelques jours, on réclamait à cor et à cri, dans les différents médias, des changements au sein de la sélection sous le prétexte, logique pour certains et fallacieux pour d’autres, que les joueurs habituellement utilisés sont soit devenus tout d’un coup mauvais, soit au bout du rouleau.
Abdelhak Benchikha, un peu par soumission à l’exigence de changement et beaucoup par conviction, a profité du match amical contre le Luxembourg pour remanier non seulement le groupe de joueurs convoqués, mais aussi l’équipe rentrante. Il l’avait annoncé, explicité, expliqué et revendiqué durant la conférence de presse qu’il avait animée quelques jours avant le début du stage.
Les techniciens avisés vous le diront : un match amical, de surcroît lorsqu’il survient plusieurs mois avant la prochaine confrontation officielle, sert avant tout à tester de nouveaux joueurs ou de nouvelles options tactiques. C’est la démarche que Benchikha a suivie, suivant une entreprise cohérente de reconstruction.
Dans le jeu et la volonté, il y a eu des avancées
Force est de constater que la démarche a réalisé ses objectifs : voir de nouvelles têtes et les évaluer. Que les «nouveaux» aient donné peu ou prou satisfaction ne relève pas de la responsabilité du sélectionneur, dont le rôle consistait à donner leur chance au maximum de joueurs et à mettre un système de jeu qui puisse les mettre en valeur.
Certes, il n’y avait pas une forte opposition en face, mais n’empêche qu’il y a eu du jeu, de l’animation et des combinaisons, du moins beaucoup plus que depuis la fin de la Coupe du monde. De plus, nous avons retrouvé des joueurs qui «mordent» dans le ballon et qui ne lâchent rien, comme à la belle époque. Ne serait-ce qu’en cela, il y a eu des avancées. Et puis, au moins, Benchikha a l’intelligence de tester ses nouveaux joueurs avant de les lancer dans un match officiel, ce qui ne se faisait pas il y a quelques mois seulement.
Les Verts n’ont pas encaissé, un exploit !
Reste la question du résultat : un nul 0-0. Déjà, il faut noter que c’est la première fois, sur les 5 derniers matches, que l’Algérie n’encaisse pas de but. La dernière fois remonte au match face à l’Angleterre, le 18 juin au Cap. C’est déjà un point positif. Ce n’était quand même que le Luxembourg en face, diront certains, mais sachant que les Verts ont encaissé contre la Tanzanie et la République centrafricaine, deux sélections qui ne sont même pas des abonnés à la CAN, il faut savoir apprécier cet «exploit» à sa juste valeur.
Certes, la stérilité de l’attaque persiste, mais des facteurs objectifs peuvent l’expliquer, à commencer par le manque de cohésion dans le compartiment de l’attaque, tout à fait compréhensible vu qu’il était très difficile, sinon impossible, pour Karim Benyamina de s’adapter à ses nouveaux coéquipiers après seulement 2 séances d’entraînement en commun, surtout qu’il y a également un problème de langue qui se pose puisque l’attaquant de Union Berlin, né et résidant en Allemagne, ne parle que l’allemand, l’anglais et un peu l’arabe.
Impossible de juger avec 9 absents
Autre facteur dont il faut tenir compte : les nombreuses absences au niveau de l’effectif. Ne parlons pas des éléments que Benchikha a volontairement écartés : Gaouaoui, Belhadj, Laïfaoui, Bellaïd, Abdoun, Ziaya et Ghezzal. On ne peut pas les considérer comme des «absents» puisque leur mise à l’écart est délibérée. Or, nonobstant les écartés, il y avait quand même du beau monde qui manquait.
Uniquement au rayon des blessures, ils étaient pas moins de 9 à faire défection : Halliche, Bougherra, Guedioura, Yebda, Kadir et Djebbour, en y ajoutant Matmour, seulement invité au stage car revenant tout juste d’une blessure. 9 absents, tous Mondialistes et évoluant dans des clubs de première division en Europe, ça pèse quand même. Juger le rendement d’une équipe sur le résultat d’un seul match, avec une telle cascade de défections, sachant de surcroît que la confrontation était amicale et servait à évaluer de nouveaux joueurs, relève de la pure aberration.
Capello a quand même joué avec Jagielka, Henderson et… Bothroyd !
Pour faire un parallèle avec une sélection que nous avons appris à connaître, celle de l’Angleterre, il faut savoir que les Anglais ont affronté la France avec une équipe profondément remaniée.
Le commun des Algériens connaît-il Foster, Lescott, Gibbs, Jagielka, Henderson ou encore Caroll ? C’est pourtant avec ces joueurs que Fabio Capello a débuté la confrontation contre les Français. Mieux : il a même incorporé Bothroyd, un attaquant qui évolue à Cardiff City, en… deuxième division ! La presse anglaise, déchaînée, ne s’est pas privée de le descendre en flammes en lendemain, considérant la défaite (1-2) et le choix des joueurs comme humiliants, mais Capello, impassible, a défendu son idée : un tel match amical est destiné à voir à l’œuvre de nouveaux joueurs, donnant aux journalistes rendez-vous pour les matches officiels. Pourquoi Benchikha n’aurait-il pas le droit de faire la même chose ? Pourquoi ce que fait Capello est salué, alors que lorsqu’un entraîneur algérien en fait de même, on crie au scandale ! Ah, le complexe de l’étranger !