Benchikha défend son coup de poker

Benchikha défend son coup de poker
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> «Je suis un provocateur» > «Je veux que Belhadj et les autres revoient leur statut» > «Halliche est un cas spécial» > «Convoquer Ziani est logique» > «L’entraîneur étranger sera sous mes ordres» > «Tafer et Brahimi ont déjà dit oui»

C’est sans langue de bois et en toute franchise que le sélectionneur national, Abdelhak Benchikha, a répondu à la presse nationale hier au stade du 5-Juillet durant près d’une heure et où tous les journalistes présents ont pu poser toutes leurs questions au coach des Verts.

Il faut dire qu’avant même l’entame des débats, Benchikha a d’abord voulu revenir sur la piètre prestation de Bangui où l’équipe nationale avait perdu par le score de deux buts à zéro face à la République centrafricaine. «Comme tout le monde le sait, après cette défaite en République centrafricaine, j’ai voulu protéger mon groupe, et c’était de mon devoir en tant que sélectionneur de le faire.

Je peux vous dire que j’ai revu 13 fois ce match et, franchement, je n’ai pas trouvé d’explications. Après plusieurs analyses, je me suis rendu compte que nous avions perdu 85% des duels, et quand vous perdez autant de duels dans un match, vous avez beau être bon techniquement et tactiquement, il est impossible de gagner», a fait savoir Benchikha…

«En perdant 85% des duels à Bangui, il nous était impossible de gagner»

… Et de poursuivre : «Je peux vous confier que dans ma chambre, après la défaite, j’ai versé des larmes, car je ne pouvais pas rester insensible à ce qui s’est passé. Je pars du principe que le peuple algérien mérite un peu plus de respect que ça. On peut, certes, perdre des matchs, mais en ayant fait beaucoup d’efforts, et c’est pour cette raison que j’ai pleuré. Récemment, j’ai donné un cours dans un séminaire et on m’a posé la question suivante : qu’est ce qu’il faut à l’équipe d’Algérie pour revenir ? J’avais une photo d’Omdourman sur laquelle on pouvait voir Aboutrika taclé à la fois par Bougherra, Halliche et un autre joueur, et j’ai répondu en disant que c’est cet esprit que je veux retrouver, celui d’Omdourman. Je ne le dirai jamais assez, je suis à la recherche de cette équipe, de cette rage de vaincre et j’espère la retrouver lors de nos prochains matchs.»

Il faut savoir que dans notre édition d’hier, nous avons sélectionné 18 questions auxquelles devait répondre Benchikha et effectivement, le sélectionneur national, qui a justement eu droit à toutes ces questions, a répondu à toutes nos interrogations, y compris dans le discours qu’il avait fait avant l’entame des débats.

«Les non-convoqués pourraient revenir dès le prochain stage»

D’abord par rapport à la liste des convoqués et la mise à l’écart de certains cadres, dont Nadir Belhadj et Abdelkader Ghezzal, et même si le coach des Verts n’a pas voulu personnaliser en s’abstenant de citer des noms, il a toutefois affirmé : «Avec cette liste des convoqués, j’ai voulu frapper d’une pierre deux coups. Notre équipe nationale n’a pas gagné lors des dix derniers matchs, exception faite pour la rencontre des Emirats arabes unis…

«Je voulais que Belhadj et les autres revoient leur statut»

… Et d’ajouter : «Je voulais donc bousculer les habitudes en injectant du sang neuf. J’ai des idées et des principes, et je veux mourir avec, et seuls les résultats à l’avenir jugeront si j’ai eu tord ou raison. En écartant certains joueurs et en convoquant d’autres. Je veux créer une concurrence loyale, et mon objectif est que les internationaux revoient leur statut. Il n’y a pas de contrat en sélection et la porte reste ouverte à tout le monde. Maintenant, la non-convocation de certains éléments ne veut aucunement dire qu’ils sont définitivement écartés de la sélection, ils peuvent revenir et dès le prochain stage, ce n’est vraiment pas un problème. Mais pour ce stage-là, je n’ai pas jugé utile de les convoquer. Je veux essayer d’autres éléments et d’autres valeurs…

«80% de la composante contre la Tunisie sera la même que contre le Maroc»

… Il faut savoir que 80% de l’effectif qui sera présent contre la Tunisie le 9 février sera pratiquement la même que contre le Maroc. Donc, si je ne vais essayer de nouveaux éléments dans cette rencontre du Luxembourg, je ne vois pas quand est-ce que je pourrai le faire.

En fait, en écartant certains cadres, Abdelhak Benchikha a voulu lancer un message à tous les internationaux : «J’ai une façon de faire, et avec celle-ci je veux lancer un message à tous les internationaux pour leur dire que les places en équipe nationale sont très chères. En fait, je ne comprends pas pourquoi les gens ont été aussi surpris par ma liste qui n’est pas définitive puisqu’on ne va pas jouer un Mondial, mais qu’il s’agit juste d’une rencontre amicale…

«Tout le monde voulait des changements et quand cela a été fait, tous sont choqués !»

… Quand je suis venu, tout le monde a parlé de changement, et lorsque je l’ai fait, presque tous ont été choqués. En fait, c’est moi qui suis choqué par les interventions de certains dans les différents organes de presse qui ont lourdement critiqué ma liste. J’estime que j’ai fait appel aux meilleurs locaux actuellement, ainsi que certains nouveaux éléments qui évoluent à l’étranger, en l’occurrence, Benyamina, Mehdi Mustapha et Mesloub que je suis depuis un moment déjà.

Il faut savoir aussi que j’ai supervisé ces éléments, mais je ne dis jamais à un élément avant un match que je vais le voir afin de ne pas lui mettre la pression. Donc, j’ai bien suivi ces joueur», a précisé le coach national.

«C’est ma façon de faire et j’assume complètement»

Il faut dire aussi que Benchikha nous a semblé très convaincu par ses choix et les changements qu’il a apportés dans cette liste des 23. «Comme je l’ai déjà dit, ce n’est pas une liste définitive. J’ai ma façon de faire, et en écartant temporairement des éléments, j’ai tout simplement voulu toucher le joueur dans son amour-propre. Je suis un provocateur et j’ai jugé utile de faire ça pour que ces éléments reviennent en forme. Je veux qu’ils se remettent en cause afin qu’ils reviennent encore plus forts à l’avenir.

Personnellement, je respecte les opinions de tout le monde et j’aimerais bien qu’on respecte les miennes, je le redis encore une fois, j’assume tout à fait mes choix et seuls les résultats diront si j’ai eu tort ou raison», a affirmé Benchikha.

«Laïfaoui est lui aussi écarté momentanément. Voilà pourquoi je ne l’ai pas convoqué en A’»

Interrogé sur la non-convocation de Abdelkader Laïfaoui qui ne figure ni dans la liste des A, ni celle des A’, Benchikha dira : «En toute franchise, Laïfaoui est le joueur que j’aime le plus, c’est le genre d’élément qui fait toujours ce qu’on lui demande d’accomplir sur le terrain.

Il y avait auparavant pas moins de 6 joueurs dans l’axe central pour deux postes, et à mon sens, il y avait un déséquilibre, et c’est pour cette raison que là aussi, j’ai fait le choix de ne pas faire appel à lui pour ce match. Mais je tiens à préciser que Laïfaoui est lui aussi écarté momentanément des A.

Maintenant pour ce qui est des A’, j’étais joueur et je sais très bien dans quel état moral il doit être en ce moment, et c’est pour cette raison que je n’ai pas jugé utile de lui faire appel. Maintenant, comme tous les autres, il est très probable qu’il revienne en sélection, que ce soit en A ou en A’», a expliqué Benchikha.

«Pour moi, Halliche est un pion de l’équipe, je ne pouvais pas le laisser tomber»

Aussi, et comme tout le monde le sait, Rafik Halliche n’a pas joué le moindre match depuis la Coupe du monde, mais cela n’a pas empêché Abdelhak Becnhikha de le convoquer, une convocation, à notre sens, qui est logique au vu de l’importance de cet élément au sein de la sélection. «C’est vrai que Rafik Halliche ne joue pas au sein de son équipe de Fulham, mais pour moi, le cas de Halliche est spécial. En effet, je considère cet élément comme étant un pion de l’équipe nationale.

Actuellement, il traverse une mauvaise période puisqu’il ne joue pas, et j’ai jugé utile que c’est dans ces moments difficiles qu’il fallait l’aider et le soutenir. Je voulais l’aider en lui prêtant main forte avec cette convocation qui lui mettra du baume au cœur. En fait, c’est simple, au vu de ses qualités et de son importance, je ne voulais pas le laisser tomber», a tenu à déclarer Abdelhak Benchikha.

«Les A’ ce sont mes poussins, je serai avec eux au Soudan. S’il fallait que je revienne sur Alger pour 24 heures ou plus je le ferais»

Avant même qu’on lui pose la question de savoir s’il continuera à driver ou non l’équipe A’, avec toutes les obligations qu’il a envers les A, Benchikha a affirmé : «L’équipe des A’, ce sont mes poussins.

C’est moi qui ai créé cette équipe, qui l’ai valorisée, et je lai qualifiée pour le CHAN, et je veux aller jusqu’au bout avec cette équipe. Ne vous inquiétez pas, je ne perçois pas deux salaires, mais juste un seul pour les deux sélections.

Maintenant, pour ce qui est de mes deux missions qui risquent de se chevaucher, je pense que là aussi il n’y a pas de problèmes. Il n’y aura plus de dates FIFA jusqu’au mois de février et donc je pourrai préparer tranquillement mon équipe pour le CHAN durant cette période.

La seule période où il risquerait d’y avoir des soucis, ce sera au mois de février durant le CHAN, puisque nous jouerons un match avec les A contre la Tunisie. Là aussi, ne vous inquiétez pas, toutes les précautions seront prises. On ne connaît pas encore les dates de nos matchs au Soudan, mais si ça devait coïncider avec le 9 février, ça ne me gênerait pas de revenir à Alger pour 24 heures ou plus pour retourner ensuite au Soudan. Là- dessus, il n’y a vraiment aucun problème, mais je ne lâcherai pas mes poussins.»

«Je suis en contact avec Damiano, mais pour l’instant, il ne peut pas venir»

Il faut dire qu’au cours de ces derniers jours, beaucoup de choses ont été dites sur le probable adjoint ou conseiller de Benchikha, avec notamment le nom de Christian Damiano, comme d’ailleurs rapporté dans nos précédentes éditions. «Il est vrai que j’ai rencontré Damiano il y a quelque temps. Nous avons discuté, et Damiano m’avait fait savoir qu’il était disponible pour intégrer le staff technique de l’EN, mais les événements ont fait que les choses ont changé, récemment, avec son équipe de la Lazio de Rome.

Cette dernière est première du Calcio, mais elle a perdu en Champions League et donc il m’a fait savoir qu’il ne pouvait pas quitter le club en ce moment et laisser tomber son ami. Je ne vous cache pas que pas plus tard qu’hier, je l’ai appelé pour le féliciter après leur victoire lors du derby…»

«Mon staff ne sera pas changé, mais élargi»

«… C’est pour vous dire que nous sommes en contact, mais malheureusement, il ne peut venir en raison de ses obligations. Maintenant pour l’autre option, pour l’instant, il n’y a rien d’officiel, et dès qu’il y aura quelque chose, je vous le dirai au moment opportun.

Cela dit, je ne vous cache pas que j’ai pris attache avec des entraîneurs comme Mekidèche qui est, lui aussi pris, ou même Menad. Maintenant pour ce qui est de mon staff actuel, je ne vois pas pourquoi je le changerai. Des entraîneurs comme Chaïb ou Kaoua ont fait leurs preuves, pourquoi donc les changer. Je dirais qu’il y a nécessité d’élargir le staff, mais là aussi, il n’y a pas urgence, puisque nous avons tout le temps pour le faire, la prochaine date FIFA, ce sera février», a déclaré Benchikha.

«L’entraîneur étranger qui refusera de travailler sous ma coupe ne sera pas le bienvenu, car c’est moi seul le patron»

Toujours à propos de son staff technique, la question a été posée au coach des Verts quant au fait que rares sont les grands entraîneurs qui accepteraient de venir travailler comme adjoints ou assistants.

Là aussi et en toute assurance, l’ancien entraîneur du Club Africain dira : «En fait, c’est tout simple. Je suis le patron de cette sélection jusqu’au jour où on décidera de me retirer et jusqu’à cette date, c’est moi seul qui décide de ce qui est bon ou mauvais au niveau de l’équipe nationale pour ce qui est de la barre technique. Donc ce grand entraîneur étranger qui n’accepterait pas de venir travailler sous ma coupe, et bien, il ne sera pas le bienvenu, c’est aussi simple que ça.»

«Voilà pourquoi j’ai fait appel à Mesloub, Mehdi Mostefa et Benyamina»

Comme tout le monde le sait, trois nouveaux joueurs évoluant à l’étranger rejoindront, pour la première fois, les Verts à l’occasion de la rencontre face au Luxembourg. Il s’agit de Karim Benyamina, Mehdi Mostefa et Mesloub. Interrogé sur les critères de choix de ces trois éléments, le coach national dira : «Comme je vous l’ai déjà dit il y a un moment que je suis ces joueurs et d’autres bien sûr. Pour ce qui est de Mesloub, c’est un meneur de jeu qui marque beaucoup de buts et qui est très percutant.

Benyamina est lui un attaquant de pointe assez efficace, puisque encore ce week-end, il a été auteur d’un doublé avec son équipe. Et de ce fait, je pense qu’il mérite d’avoir une chance. Enfin et concernant Mehdi Mostefa, c’est un défenseur très robuste, un latéral droit. Il est vrai qu’offensivement, ce dernier a encore quelques insuffisances, mais sur le plan défensif il est bon, et Dieu sait combien on a besoin d’un latéral droit en ce moment. Donc ce sont tous ces critères qui m’ont poussé à faire appel à ces trois éléments.»

«La porte est ouverte pour Chaouchi, mais son cas doit être réglé d’abord au niveau de la FAF»

Si certains joueurs qui ont été écartés de l’équipe nationale pour raisons disciplinaires, comme Khaled Lemouchia et Lazhar Hadj Aïssa, ont été rappelés par Benchikha, ce ne fut pas le cas pour Faouzi Chaouchi qui, lui, n’a pas été convoqué. Interrogé sur la non-sélection du keeper sétifien, l’entraîneur des Verts dira : «Bien sûr que Chaouchi est concerné par l’équipe nationale et qu’il peut être convoqué. Néanmoins, ce joueur a un antécédent et un problème avec la FAF. Une fois que cette dernière aura statué sur son cas, je verrai s’il est sélectionnable ou pas, car il ne faut pas oublier qu’il y a une grande concurrence aussi pour ce poste de gardien de but.»

«Je crois savoir que la blessure de Meghni n’est pas méchante»

S’il y a un joueur qui joue de malchance depuis des mois maintenant, c’est bel et bien Mourad Meghni qui a rechuté récemment alors qu’il allait rejoindre le groupe de la Lazio de Rome pour les entraînements. Interrogé pour savoir s’il avait pris attache avec ce dernier pour avoir de ses nouvelles, le coach des Verts dira : «Je ne cesserai de le répéter.

Meghni peut être le cerveau de notre équipe nationale. Maintenant, pour ce qui est de sa blessure, je crois savoir que ce n’est pas méchant, mais il vrai que Mourad manque de chance. C’est son destin et il faut l’accepter. Quant à la question de savoir si je lui ai parlé ou non, c’est interne, c’est entre mes joueurs et moi, donc je m’abstiendrai de répondre à cette question.»

«5-Juillet ou Tchaker, tout dépendra de l’état de la pelouse»

Pour ce qui est de la domiciliation du match amical face à la Tunisie prévu le 9 février prochain, le staff technique national n’a pas encore pris sa décision, puisqu’il s’est contenté de déclarer à ce sujet : «Nous n’avons pas encore pris la décision quant au stade où se jouera cette rencontre. En fait, tout dépendra de l’état de la pelouse des deux stades, à savoir le 5-Juillet et Tchaker. Donc on prendra notre décision en fonction de l’état de la pelouse, car avec la pluie et le mauvais temps, on préfère encore patienter avant de trancher», a tenu à préciser le coach des Verts.

«Feghouli, on est en contact avec lui»

Bien évidemment et profitant de la conférence de presse, une question a été posée concernant le joueur du FC Valence, Feghouli, si des contacts ont été oui ou non entrepris avec cet élément. «Ce joueur fait bien sûr partie des mes plans et je peux vous dire qu’avec lui aussi je suis en contact et on verra bien d’ici les prochains stages», se contenta de répondre l’entraîneur national.

«La convocation de Ziani est logique»

Enfin et voulant répondre à la question de savoir comment se fait-il que certains joueurs qui jouent peu ou qui ne jouent pas du tout ont été convoqués, le coach des Verts dira : «Pourquoi voulez-vous que je ne convoque pas Ziani ? Ce joueur était un titulaire indiscutable avec son équipe.

Il s’est blessé et il revient à peine de sa blessure, donc il est tout à fait logique que je le convoque. Maintenant est-ce qu’il va jouer ou non, ça c’est une autre paire de manches. A Bangui, tout le monde a dit que Ziani et Matmour manquaient beaucoup à l’équipe, et, à présent, on me reproche de l’avoir convoqué», conclut Abdelhak Benchikha.