Benchikha : «1 milliard par jour si vous me réglez le problème de l’attaque»

Benchikha : «1 milliard par jour si vous me réglez le problème de l’attaque»
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L’entraîneur national, Abdelhak Benchikha, nous a accordé une interview exclusive où il a répondu à toutes nos questions, sans langue de bois. C’était la veille du match de classement face au Soudan.

Nous l’avons abordé encore une fois après la petite finale qui a vu l’Algérie s’incliner devant le pays organisateur sur le score d’un but à zéro pour faire le bilan final de ce tournoi.

«Il m’était très difficile de les motiver pour cette 3e place»

Nous avions dit, dans notre présentation de ce match de classement, que les joueurs étaient très fatigués. Qu’ils n’allaient pas jouer face au Soudan avec la même hargne qu’on leur connaissait. Abdelhak Benchikha confirma hier ce que nous avions dit en annonçant : «J’ai déjà joué au football et je sais pertinemment que motiver un joueur pour jouer une troisième place n’est pas facile, voire très difficile. La défaite face aux Tunisiens leur a fait beaucoup de mal. Les remotiver était presque impossible.»

«Cette 4e place me satisfait»

L’entraîneur national continua dans son analyse en affirmant que l’objectif a été atteint et avec succès. «Je suis très content de la prestation de mes joueurs et du parcours réalisé durant ce tournoi. L’objectif a été atteint, la mission qu’on m’a confiée a été accomplie avec succès. Les statistiques sont largement positives. Deux victoires, deux matchs nuls et une défaite pour le match de classement. Je pense que c’était inespéré vu le temps que nous avions pour nous préparer et les nombreux obstacles que nous avons su surmonter ensemble», dira le Général.

«Mes joueurs manquent de maturité»

«Je ne suis pas en train de me justifier ou de me chercher des excuses parce que, comme je vous l’ai dit, je suis satisfait du parcours. Vous avez dit que c’était le premier CHAN pour l’Algérie. Moi, je vous dirais plus, certains joueurs ont joué leur premier tournoi, ils n’ont jamais été en Afrique pendant une longue période. Gérer les efforts et tenir moralement pendant 20 jours est une chose nouvelle pour eux. C’est une bonne expérience pour ces joueurs. Cela est aussi un grand acquis. J’ajouterais que des joueurs comme Hachoud ou Soudani n’ont jamais été sélectionnés.»

«On est les seuls à avoir joué tous nos matchs à 17h»

Toujours sur les inconvénients qui ont fait que l’Algérie rate la finale, donc le titre, Abdelhak Benchikha évoqua le climat, mais surtout la programmation qui a, selon lui, beaucoup désavantagé son équipe.

«Sachez que l’Algérie est la seule équipe, je dis bien la seule, qui a joué tous ses matchs, sauf un, entre 16 et 17h. Vous êtes là et vous constatez la chaleur qu’il y a à ce moment de la journée. Cela nous a obligés à chaque fois de s’entraîner à la même heure. On a essayé, du mieux qu’on a pu, de gérer cette situation, mais quand le corps dit stop, on n’y peut rien.»

«Il manquait quelque chose en défense»

«Depuis que je suis là, je n’ai pas arrêté de travailler la récupération du ballon ; les Algériens savent tous jouer au ballon quand on l’a, mais dès qu’on le perd, on trouve du mal à le récupérer», dira Benchikha. «J’ai senti qu’il nous manquait quelque chose en défense. Je ne personnaliserai pas et je n’ai pas dit dans l’axe central, c’est de l’organisation collective des 4 défenseurs dont je parle.» «J’ai promis de revaloriser le joueur local et je l’ai fait» ajoutera-t-il pour expliquer les imperfections qu’il a remarquées dans son équipe lors de ce tournoi.

«J’ai promis de revaloriser le joueur local et je l’ai fait»

Par ailleurs, Benchikha nous a rappelé ce qu’il disait quand il avait pris les rênes des A’ et une année après les A. «Quand je suis venu, j’ai dit que mon objectif était de revaloriser le joueur local. Je l’ai fait et je suis fier de l’avoir fait. Aujourd’hui, il y a 8 joueurs parmi cette équipe, qui ont été parmi les A au Luxembourg. On ne s’arrêtera pas là. Celui qui travaille et démontre qu’il mérite une chance, je la lui donnerai.»

«C’est peut-être mon dernier match avec les A’»

Sur son avenir avec les locaux, l’entraîneur Benchikha nous avait avoué lors de l’interview qu’il nous avait accordée que 2 sélections, c’était trop pour lui. Après le match de classement, il nous dira encore : «Je ne peux pas vous dire avec certitude si c’est mon dernier match avec les locaux ou pas. Je rentrerai à Alger, je parlerai avec le président, j’étudierai le projet qu’il a pour cette équipe et on verra… Vous savez, je suis très attaché à ces garçons. Quand j‘ai pris les A, ma seule condition était de ne pas lâcher les A’. Aujourd’hui qu’on a réalisé ce que nous avons réalisé, je pense que je peux le faire et avoir la conscience tranquille.»

«Je ne gagne pas plus d’argent en prenant les A et les A’»

Certains ont beaucoup critiqué Abdelhak Benchikha quand il a refusé de lâcher ses locaux. A propos de ça, le Général dira : «Je tiens à assurer à tout le monde qu’Abdelhak ne gagne pas plus en prenant ces deux sélections. Je touche exactement le même salaire qu’avant que je ne prenne les A. Je fais ça par amour, par devoir et par nationalisme. L’argent n’a absolument rien à voir là-dedans.»

«Je suis têtu, des fois, même insupportable, les joueurs m’ont supporté, je leur dis merci»

Le sélectionneur national a avoué qu’il a un caractère un peu difficile. «Je sais comment je suis. Je suis têtu, des fois même insupportable et difficile à vivre. Par contre, je suis juste et correct avec ceux qui le méritent. Je ne suis pas mauvais ou rancunier. Et les joueurs l’ont bien compris et ils ont vite adhéré à ma méthode et m’accepter comme je suis. Je les remercie pour ça.»

«C’est face à des équipes A que nous nous sommes classés 4es»

«Pour revenir à cette équipe A’, je tiens à préciser une chose très importante, toutes les équipes qui sont ici, ou presque, ont ramené leurs joueurs de l’équipe A. La Tunisie, par exemple, a ramené 9 joueurs de la sélection A. Certains sont même restés sur le banc. Pour l’Angola et le Soudan, c’est la même chose… C’est pour vous dire que cette équipe d’Algérie composée de joueurs qui, pour la plupart, n’ont jamais été dans un tournoi ou honoré leur première sélection ont été 4es face à des équipes A. C’est pour ça que je suis content, c’est pour ça aussi que le joueur local doit être considéré…»

«Les A me manquent tellement, ça fait longtemps que je ne les ai pas vus»

Refusant catégoriquement de parler du match du Maroc, Abdelhak lâcha : «Vous voulez m’emmener vers une discussion que je veux éviter. Je n’ai pas vu mes joueurs A depuis le 17 novembre dernier, vous imaginez ? Un entraîneur qui ne voit pas ses joueurs pendant 4 mois ! Ils me manquent. L’annulation du match face à la Tunisie m’a joué un mauvais tour. On n’y peut rien, c’est comme ça. On verra ce que nous pourrions faire pendant les 48h qui précéderont le match face au Maroc…»

«La sélection ne forme pas les joueurs»

Par rapport à l’inefficacité de l’attaque des A, Abdelhak Benchikha dira avec ironie : «La sélection ne forme pas les joueurs. Moi, je les récupère 48 heures avant la rencontre. J’ai à peine le temps de les voir et mettre en œuvre la tactique et les préparer pour le match. C’est dans les clubs que le grand travail se fait. Vous voulez qu’Abdelhak entre sur le terrain pour marquer ? Je défie quiconque peut régler ce problème de l’attaque, je suis prêt à le payer un milliard par jour. Avant la Centrafrique, j’ai eu les joueurs pour 48 heures, même chose face au Luxembourg. Aujourd’hui, cela fait 4 mois que je ne les ai pas vus.»