Benbada ne finit pas d’étonner son monde.
Les dix derniers jours précédant le Ramadhan sont passés au scanner de Benbada.
Le ministère du Commerce vient de faire une découverte. Selon une information répercutée par l’Agence nationale de presse, «les ventes sans facturation ont dépassé 558 millions DA durant la période du 20 au 31 juillet». C’est ce que le département de Mustapha Benbada a annoncé pour rendre compte de ce phénomène. Cette «révélation» va-t-elle révolutionner le monde du commerce?
Pourquoi les chiffres révélés par le ministère du Commerce ne prennent-ils pas en compte que les 10 derniers jours du mois de juillet? Et les autres jours, semaines et mois de l’année? Après les bilans trimestriels, semestriels et annuels, voilà que le ministère du Commerce invente le bilan des «10 jours». Ce bilan fait également état de la saisie de marchandises d’une valeur de plus de 4,78 millions DA.
Durant cette période, les services de contrôle ont effectué «14.260 interventions. Tandis que le nombre d’infractions enregistrées est de 3274. Aussi, 3195 procès verbaux ont été établis et 328 locaux ont été fermés», à travers tout le pays, indique un communiqué de la direction générale du contrôle économique et de la répression de la fraude au ministère. Pour ce qui est du contrôle de la qualité et de la répression de la fraude, il a «été enregistré 8928 interventions qui ont permis aux agents de contrôle de constater 1717 infractions, l’établissement de 1673 procès verbaux de poursuite judiciaire et la fermeture de 117 locaux commerciaux». Ces opérations ont donné lieu également, selon le bilan du ministère, à la saisie de 12,21 tonnes de marchandises impropres à la consommation ou non-conformes à la réglementation en vigueur d’une valeur de plus de 2,6 millions DA.
Sur le nombre total des infractions relatives à la qualité des produits, 57% étaient liées à l’absence d’hygiène, soit 976 infractions, suivies par la vente de produits impropres à la consommation avec 173 infractions (10%), défaut d’étiquetage avec 129 infractions (7%), absence d’autocontrôle avec 84 infractions (5%) et produits non conformes avec 57 infractions (3%). S’agissant du contrôle des pratiques commerciales, 5332 interventions ont été enregistrées permettant le constat de 1557 infractions, l’établissement de 1522 procès verbaux de poursuites judiciaires et la fermeture de 211 locaux. Ces interventions ont permis la saisie de marchandises d’une valeur de 2,18 millions DA.
Les contraventions enregistrées sont essentiellement liées au défaut d’affichage des prix avec 609 infractions soit 39% du total des contraventions, l’exercice d’activité commerciale sans registre du commerce avec 160 infractions (10%), les ventes sans facturation avec 143 infractions soit (9%) et l’application de prix illégaux avec 38 infractions (2%). Ces chiffres donnés par le ministère renseignent sur la politique des chiffres poursuivie par ses services de contrôle à la veille du Ramadhan. Mais la question qui se pose est de savoir pourquoi ces contrôles ne sont pas effectués en d’autres périodes que le Ramadhan? Et les commerçants informels, ceux qui proposent des produits hautement sensibles, comme les yaourts et les oeufs… sur les trottoirs, les services de Benbada les ont-ils contrôlés? Sûrement pas puisqu’ils activent justement dans l’informel.
Et pour ce qui est de la vente et de l’achat sans facture pourquoi avoir laissé faire cette pratique illégale pendant des années et décider subitement de contrôler des commerçants? Ont-ils procédé à des pratiques cautionnées par l’Etat?
Des quartiers contrôlés par les barons de l’importation et réputés pour la vente sans facture tel que le Hamiz ferment boutique à chaque fois qu’il y a un contrôle. Ils échappent à l’autorité de l’Etat. Ce sont des zones de non-droit comme il y en a dans d’autres parties du pays.
En effet, dès qu’un contrôle des services du ministère est signalé, le Hamiz, qui grouille habituellement de monde, devient désert comme dans un film western. Les magasins ferment comme par miracle tous d’un seul coup, ce qui empêche les contrôles. Tous ces dysfonctionnements nous laissent, on ne peut plus perplexe, sur les motivations de cette opération coup-de-poing menée par Benbada.