Seuls les commerçants concernés par la permanence et qui n’ont pas répondu à leurs obligations sont passibles de sanctions. Les autres, il faudra repasser plus tard…
Alors que jusqu’à aujourd’hui, les Algériens ont des difficultés à s’approvisionner en produits alimentaires, Benbada s’est félicité de la «réussite» de l’opération de permanence des commerces pendant les deux jours de l’Aïd. «Elle a été suivie à 92%, seuls 8% des commerçants n’ont pas respecté cette permanence», a affirmé le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, lors d’une conférence qu’il a animée, hier, au siège de son ministère. Selon M.Benbada, les commerces concernés par cette permanence étaient au nombre de 13.633 répartis à travers le territoire national.
«Ils étaient répartis comme suit: 3287 boulangers, 7127 magasins d’alimentation générale et fruits et légumes, 2965 autres activités et 254 unités de production», a-t-il souligné. Le ministre du Commerce qui semble complètement déconnecté de la réalité a fait savoir que dans 22 wilayas, tous les commerces concernés par la permanence ont ouvert. «20 autres wilayas ont vu 96% d’adhérence à ce programme de permanence. Les taux les plus faibles ont été enregistrés à Chlef (46%) et Mascara (70%)», précise-t-il.
Pour ce qui est de la capitale et sa banlieue qui a vu la majorité de ses magasins baisser rideau, Benbada estime que la «permanence a été suivie à 79%! Benbada a aussi détaillé ces chiffres par secteur d’activité. Cette lecture est encore plus hilarante que la première. Les boulangers, dont le pain est depuis la fête de l’Aïd et jusqu’à présent porté disparu, ont, à 91%, assuré le programme de permanence. «Alger a, par exemple, enregistré un taux de suivi de 87%», précise-t-il à la stupéfaction des présents. Concernant l’alimentation générale, il parle d’un taux de suivi de 99,04%, alors que les vendeurs de lait et ses dérivés sont, toujours selon Benbada, 98,04% à avoir répondu à l’appel.
Pour arriver à pondre ce bilan venu d’ailleurs, le ministère du Commerce a mobilisé «847 équipes composées au minimum de deux membres», a-t-il révélé. Incroyable mais vrai! Alors que trouver un magasin ouvert pendant l’Aïd relevait du miracle, le ministre du Commerce a le culot de se présenter devant la presse nationale pour dire aux Algériens qu’ils se trompent: la permanence des commerces a été une réussite! La réalité du terrain qui jusqu’à maintenant connaît une perturbation dans les activités commerciales, laisse planer des interrogations sur ce bilan.
Benbada parle-t-il vraiment de l’Algérie avec ces chiffres? Voyant l’étonnement des journalistes sur ces chiffres qui pour le moins que l’on puisse dire, semblent rocambolesques, le ministre a essayé de nuancer les choses. «J’estime que les 13.633 commerçants mobilisés pour cette permanence est un nombre faible. C’est pour cela qu’ils n’ont pas réussi à répondre à tous les besoins. Nous essayerons d’augmenter ce nombre l’année prochaine», s’est-il justifié.
Un nombre faible! Mais des prévisions préalables n’ont-elles pas été faites? Qui a défini ce nombre?
«Nous avons fait confiance aux commissions locales mixtes composées de représentants des secteurs concernés qui, selon nous, étaient plus aptes à connaître les besoins de leurs régions respectives. Mais il semble qu’ils n’ont pas eu de bonnes prévisions», a-t-il répondu d’un air gêné…Lors de cette conférence, Benbada est tout de même revenu sur la question des sanctions des commerçants qui ont fermé boutique. Mais tenez-vous bien. «Ne seront sanctionnés que ceux concernés par la permanence et qui ne justifient pas cette fermeture. Ceux ne faisant pas partie de la liste des permanences et ceux qui ont fermé après les deux jours de l’Aïd ne sont pas concernés par ces sanctions.» «Les sanctionnés seront ceux qui font partie de la liste des permanences et qui n’ont pas répondu à cette obligation», a-t-il rétorqué. Et encore, ce n’est pas sûr qu’ils le soient! «Une commission va étudier leurs cas, ceux qui ne présentent pas de justificatifs valables seront sévèrement sanctionnés», a-t-il indiqué avant de préciser que ces sanctions «sévères» sont celles que prévoit la loi, c’est-à-dire une amende et une fermeture d’un mois.
Pour finir en beauté sa conférence, Benbada a fait une trouvaille. Il estime que les Algériens n’ont besoin que de pain pendant les deux jours de l’Aïd. «Seul le manque de pain pose problème durant l’Aïd. Les Algériens n’ont besoin que de pain durant cette période. L’année prochaine le problème sera réglé par l’ouverture prochaine de la Boulangerie industrielle de Corso qui aura une capacité de production de 400.000 baguettes/jour», a-t-il conclu avec une nouvelle prouesse et de nouvelles promesses…
Mustapha Benbada a, cette fois-ci, fait fort en voyant, contrairement au reste des Algériens, une bonne permanence des commerces pendant l’Aïd… Jusqu’à quand ce ministre va continuer de se moquer du peuple?
