La politique agricole vise à protéger le pouvoir d’achat du citoyen et à préserver les revenus de l’agriculteur.
“Tous les produits sont disponibles et à des prix abordables. Tout a été décidé à temps pour une offre meilleure et suffisante. Quant au prix, il se détermine suivant trois paramètres, à savoir l’offre, la demande et le comportement du consommateur. Jusqu’à maintenant, la demande est équilibrée ; dans quelques jours, elle va peut-être augmenter. C’est l’effet du comportement du citoyen.”
Telle est l’analyse avec laquelle le ministre de l’Agriculture, Rachid Benaïssa, justifie le phénomène de la spéculation qui intervient souvent durant le mois de Ramadhan. “Pour les vieux, ça se comprend, ils ont vécu antérieurement des périodes de pénurie. Mais aujourd’hui, il n’y a plus de pénurie. Au contraire, on est en train de lutter contre le gaspillage et la perte de la production parce qu’on n’a pas su la préserver”, argue-t-il. Pour le ministre, il n’y a donc “aucune raison pour qu’on se mette à spéculer”.
Rachid Benaïssa estime que le recours à l’exportation pour certaines filières excédentaires, comme dans la pomme de terre, peut servir d’action de régulation pour peu que les moyens soient disponibles, notamment un dispositif adéquat composé d’unité de calibrage, d’emballage adapté… “Aujourd’hui, le prix de la pomme de terre en Europe, pour plusieurs raisons, est très élevé, il dépasse 1 euro. Chez nous, elle se vend chez les agriculteurs à 20 DA et le marché est bien approvisionné”, explique-t-il en citant les quelques actions d’exportations effectuées vers l’Espagne par des agriculteurs d’Aïn Defla et de Mostaganem. Ceci est valable aussi pour le marché national.
“Demain, on aura de grandes surfaces de vente, il faudra de ce fait leur donner le produit dans des emballages adaptés, bien étiquetés. Nous, consommateurs, allons devenir exigeants comme ailleurs”, souligne-t-il. Interrogé hier sur les ondes de la radio Chaîne III à propos d’une éventuelle augmentation du prix du pain et sa subvention, le ministre avoue qu’il faut d’abord que tous les acteurs dont les approvisionneurs, les minotiers, les boulangers… travaillent de manière professionnelle.
“Je suis certain, si les acteurs travaillent d’une manière professionnelle, chacun trouvera la marge qu’il faut pour réduire les pertes et que chacun gagnera dans la dynamique”, affirme-t-il. La question aujourd’hui, ajoute-il, c’est que le “prix du pain reste au même niveau”. À la question liée à la politique de subvention des produits alimentaires, l’invité de la radio préfère parler d’un équilibre à maintenir, en faisant bénéficier les consommateurs sans toutefois mettre en danger les producteurs et la production nationale. Des dispositifs sont, selon lui, d’ores et déjà mis en place et d’autres seront élargis. “Nous voulons protéger le pouvoir d’achat des consommateurs et c’est ce que nous faisons à travers des politiques nutritionnelles. Depuis l’Indépendance, nous avons voulu lutter contre la faim et la malnutrition et nous avons pris la décision de soutenir le pain, le lait et d’autres produits”, précise-t-il. L’équilibre doit être également préservé en ce qui concerne l’importation de quelques produits et ceux issus de la production nationale.
D’un côté, relève-t-il, il faut répondre à la demande forte qu’on a créée par le système de subvention et de l’autre, mettre sur le marché des produits fabriqués localement. “Il faut, d’une part, aider les bourses moyennes par des produits subventionnés et de l’autre apporter un soutien aux agriculteurs pour qu’ils produisent plus pour une meilleure disponibilité”, soutient-il. Rachid Benaïssa pense que l’Algérie dispose de terres fertiles, d’une base agricole, d’un milieu rural vivant qu’il faut maintenir et préserver ainsi que de possibilités de mettre en valeur de nouvelles terres agricoles… Autant d’atouts pour réussir sa politique agricole.
Cependant, nuance-t-il, “il faut mettre tout ce mouvement en adéquation avec les nouvelles connaissances. D’où le lancement du programme du renforcement des capacités humaines et des intervenants dans le secteur”. Car, confirme-t-il, l’avenir du pays, ça sera l’agriculture, du moins pour les dix prochaines années.
R. E