Benaïssa : “Produisez, l’État vous accompagnera”

Benaïssa : “Produisez, l’État vous accompagnera”
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Le ministre promet de racheter les produits des exploitations agricoles

“Travaillez, produisez. N’ayez aucune crainte. Nous sommes là pour vous accompagner et vous soutenir dans vos activités.” Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural (Madr), le Dr Rachid Benaïssa, encourage les agriculteurs à produire davantage et de ne pas se soucier de la commercialisation de leurs produits. “L’État se porte garant quant à l’achat de vos marchandises”, rassure-t-il les producteurs qui craignent souvent que leurs fruits et légumes ne trouvent plus preneur.

Avec l’autre appréhension de vendre à perte, ils s’abstiennent de s’“aventurer” dans leurs projets de production suivant les filières. Face à ces deux principales inquiétudes, qui, du reste, sont légitimes, l’exploitant agricole préfère temporiser et suivre de près l’évolution du marché avant de mettre en marche son exploitation.

Or, cet état de fait influe négativement sur le mécanisme de l’offre et de la demande. Si la majorité des agriculteurs adopte une telle attitude, le déséquilibre entre les besoins et la disponibilité sera accentué. Résultats des courses : la régulation devient impossible et le défi de la sécurité alimentaire dans lequel s’est lancée l’Algérie sera de plus en plus difficile à relever. C’est justement sur ce type de comportement des agriculteurs et autres éleveurs que veut agir la tutelle. Il est plus judicieux pour eux, suggère-t-il, de pratiquer des prix très abordables afin qu’ils puissent liquider des quantités plus importantes et réaliser de ce fait des bénéfices conséquents. Cette conduite demeure la “plus logique et la plus rentable à tenir dans les différentes filières”, estime le Dr Benaïssa.

Les deux partenaires, les pouvoirs publics, d’une part, et l’opérateur agricole, de l’autre, sont ainsi gagnants dans ce partenariat. Le premier voit ses stocks se reconstituer de manière plus accrue et régule le marché, et le deuxième concrétise de bonnes affaires. Le département de M. Benaïssa s’attelle d’ailleurs à atteindre un tel objectif qui demeure l’un des fondements de la politique agricole et rurale du pays. Cependant, l’Algérie ne compte pas développer son économie agricole en autarcie. Notre pays veut s’ouvrir sur le monde ou profiter, du moins, de l’expérience des autres nations qui composent la région de la Méditerranée. C’est aussi la volonté politique des autres pays situés sur les deux rives de la Méditerranée. D’où la naissance de l’organisation des 5+5 dans le cadre du dialogue euro-méditerranéen. Lors de la 8e conférence des ministres des Affaires étrangères tenue à Tunis, il a été décidé d’organiser un séminaire sur la sécurité alimentaire. Plusieurs objectifs sont assignés à cette rencontre. Les organisateurs envisagent d’analyser la genèse des crises alimentaires cycliques et leur lien avec les prix des matières premières et des denrées alimentaires sur le marché mondial. Les dix pays participants auront également à partager leurs diverses expériences sur la sécurité alimentaire et l’adaptation aux crises. Il faut dire que l’idée de programmer une telle action n’est pas fortuite, d’autant plus que la question se pose avec acuité dans la région. Des facteurs liés entre autres à l’insuffisance et le déséquilibre de la ration alimentaire, dépendance des pays de la rive sud des marchés internationaux, utilisation irrationnelle des ressources naturelles et les méfaits des changements climatiques. À cela, il y a lieu d’évoquer, en outre, la forte volatilité des cours à l’international. Ce sont autant de paramètres qui font baisser la production locale dans cet espace où vivent quelque 270 millions d’habitants, soit 7% de la population mondiale qui s’attribue plus de 22% des importations globales de la planète. Depuis 1960, les importations céréalières de l’Algérie se sont multipliées par 21 en comparaison aux deux pays voisins, le Maroc et la Tunisie. Au Maghreb, l’agriculture représente 12% du PIB et nourrit environ 85 millions d’habitants. La pérennité et le développement de ce secteur nécessitent donc l’implication des 10 pays du bassin méditerranéen à travers un partenariat actif garant d’une sécurité alimentaire pour tous.

B.K