Benachenhou tacle le gouvernement

Benachenhou tacle le gouvernement

Il n’est pas allé de main morte. Abdellatif Benachenhou, invité ce matin de Care dénie aux pouvoirs publics d’avoir réalisé une quelconque valeur ajoutée. Il leur reproche la paupérisation des territoires, le déficit investissement et les universités « ghettos ». 

L’ex ministre des finances voyait noir ce matin, le développement de l’économie nationale ne peut se concevoir, selon son optique sans un « recul de l’investissement public et l’arrêt de la migration de la valeur ajoutée ».

L’ex-ministre s’est interrogé lors de sa conférence organisée ce matin par le Care (cercle d’Action et de Réflexion autour de l’Entreprise), pourquoi nos territoires sont pauvres alors que les finances publiques ne sont pas dépensées et pourquoi cette inégalité des territoires persiste en dépit de l’aisance financière des années précédentes ? Pour lui, le problème crucial de l’Algérie réside dans le décalage territorial à cause de la crise politique que vit l’Algérie qui touche tous les secteurs et bien sur la mauvaise gestion de l’aménagement due à la fragilisation des instruments d’aménagement du territoire. « Je défie tout le monde », s’et-il exclamé de confirmer « si l’autoroute Est-Ouest a crée une activité économique quelconque depuis sa réalisation alors que les responsables politiques ont promis de faire fleurir des usines sur les deux cotés comme c’est le cas en Allemagne ». Il prit en exemple le tronçon autoroutier Chlef-Maghnia où « aucune usine n’a été crée depuis » a-t-il martelé. Pareil, pour la région Est qui connait aussi un recul économique compte tenu du rétrécissement de son vieux tissu industriel. Pour Benachenou, il est « faux » de croire que les infrastructures de bases réalisées aient apporté une quelconque plus value à l’économie nationale.

Le même constat est fait pour le secteur de l’agriculture dont la croissance enregistrée dans la production n’est pas répercutée sur les paysans et agriculteurs qui, selon lui s’appauvrissent en raison de l’impact des agissements des intermédiaires spéculateurs qui s’enrichissent à travers l’informel. Selon Benachenhou, l’Etat a mis beaucoup d’argent dans l’agriculture pour accroitre la production, en oubliant la 2eme dimension aussi importante qui est la mise en valeur de la commercialisation des produits agricoles et la régulation du marché pour lui, principale raison du sous-développement du territoire. « Ce qui est valable pour l’agriculture est valable pour la construction », a-t-il fait savoir. Ajoutant que ce dernier a bénéficié de beaucoup d’argent sans tenir compte du déficit des entreprises à l’échelle locale. L’invité des matinales de Care a soulevé aussi le problème la production de l’intelligence que l’université algérienne n’arrive pas à donner de la qualité. Pour lui, nous sommes entrain de réaliser des universités « ghetto », en raison de la croissance quantitative et non qualitative. Dans ce contexte, il a expliqué qu’à l’intérieur de l’université, la majorité des diplômés qui préparent leurs thèses de doctorat, souhaitent avoir un poste d’enseignant, sans pour autant chercher ailleurs et cela veut dire que l’université ne fait que la reproduction du système sans une alternative à l’activité économique.

A ne citer que ces quelques points, l’ex-ministre fait savoir que le développement du pays n’est pas pour demain et le recours à l’endettement n’est pas à écarter tant que les mentalités « ne changent pas et n’admettent pas l’avis contraire ».