Plus de trois mois et demi après l’enlèvement de cinq Français au Niger revendiqué par Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), un énième message attribué à Oussama Ben Laden justifie ce geste par les «injustices» de la France envers les musulmans, notamment en Afghanistan.
Le chef de la nébuleuse terroriste, dont on ignore toujours l’endroit où il se trouve, menace de perpétrer d’autres rapts et violences contre des civils et soldats français si Paris n’arrête pas «de se mêler des affaires des musulmans d’Afrique du Nord, en Afghanistan et de l’Ouest».
«La prise en otage de vos experts qui étaient sous la protection de vos agents est intervenue en réaction à l’injustice que vous appliquez à l’égard de notre nation islamique», affirme Ben Laden dans le bref enregistrement audio intitulé «Message au peuple français», diffusé avant-hier par la chaîne qatarie Al Jazeera. «Tout comme vous tuez, vous êtes tués. Tout comme vous prenez des prisonniers, vous êtes pris en otages. Comme vous menacez notre sécurité, nous menaçons votre sécurité, et celui qui a commencé est le plus injuste», lance l’homme le plus recherché de la planète, avant d’exhorter la France à se retirer d’Afghanistan. C’est «le seul moyen de préserver votre sécurité», met-il en garde. En effet, ce nouveau message de Ben Laden est le troisième en trois mois. Avant lui, Droudkel, l’«émir «national d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), avait diffusé trois enregistrements audiovisuels concernant les 5 otages français. Ce «flot» d’enregistrements audiovisuels des deux chefs terroristes visent tout simplement à faire pression sur Paris, mais surtout faire semblant qu’Al Qaïda est menaçante et qu’elle existe toujours. Pour le chef spirituel d’Al Qaïda, en l’occurrence Oussama Ben Laden, la prise d’otage des cinq Français au Sahel a été une belle opportunité pour réapparaître sur la scène internationale. En menaçant à nouveau la France en particulier, et le monde occidental en général, Oussama Ben Laden n’a toutefois pas pu obtenu ce qu’il attendait. Bien au contraire, l’homme le plus recherché au monde a raté ses dernières sorties, usant toujours des mêmes mots et des mêmes menaces.
Mieux, ses revendications sont les mêmes, à savoir le retrait des troupes françaises d’Afghanistan et l’abolition de la loi sur le voile intégral. Rien de nouveau, c’est toujours le même discours. Toutefois, il est très intéressant de signaler qu’Al Qaïda ne cherche plus de rançon après chaque rapt opéré par ses branches, mais elle semble avoir d’autres objectifs plus importants que l’argent.
Oussama Ben Laden veut se repositionner après une éclipse de plusieurs années. A travers ces enlèvements, Ben Laden a de fortes chances de voir de nouveau son nom cité sur la «Une» des médias lourds. Une belle opportunité pour lui. Mieux, il peut même se permettre le luxe, en critiquant la politique étrangère des pays occidentaux, de faire pression sur ces derniers en les obligeant à retirer leurs troupes de certains pays. De son côté, Droudkel, le chef d’Aqmi s’est plié à son chef suprême, Ben Laden, pour obtenir sa bénédiction. Aujourd’hui, il est clair que l’organisation terroriste d’Al Qaïda se trouve dans une impasse. Sa force de frappe n’est plus ce qu’elle était. Cette nébuleuse organisation terroriste n’a d’autres choix que de cibler les civils occidentaux. Cependant, la vie des huit otages français détenus un peu partout dans le monde, particulièrement les cinq otages détenus au Sahel et les deux journalistes-reporters détenus en Afghanistan, sont à la merci des groupes terroristes. Rappelons, qu’environ 3 750 militaires français sont stationnés actuellement en Afghanistan. D’autre part, dans le message diffusé par Al Jazeera, Ben Laden évoque également la loi sur le port du voile islamique votée récemment par les parlementaires français pour justifier les violences contre les Français.
«Si la France est en droit d’interdire aux femmes libres de porter le voile, n’est-il pas de notre droit de pousser au départ vos hommes envahisseurs en leur tranchant la tête ?», lance Oussama Ben Laden. La mobilisation des services antiterroristes, aussi bien intérieurs qu’extérieurs, n’a jamais été aussi forte en France, même si l’on n’a pas encore atteint le niveau maximal d’alerte, dit «écarlate». Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a jugé avant-hier que la menace était «réelle» et assuré que la vigilance avait été «renforcée».
Pour sa part, la ministre des Affaires étrangères, Michel Alliot-Marie, a jugé, à partir de Ghaza, que la menace est grande, notamment concernant la vie des cinq otages français détenus par le chef terroriste Abou Zeid dans le nord du Mali.
Par Sofiane Abi